27.06.2013 Views

Les chevaliers de la table ronde

Les chevaliers de la table ronde

Les chevaliers de la table ronde

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

que tu es là, il faut que tu me combattes ! – Quand tu voudras », répondit Gauvain. Et, tout<br />

en s’armant, l’autre lui raconta qu’il combattait tous ceux qui venaient réc<strong>la</strong>mer le frein <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

jeune fille. Mais tous ceux qui s’étaient présentés avaient été vaincus par lui, et leurs têtes<br />

avaient été fichées sur les pieux qui entouraient <strong>la</strong> forteresse. « Il ne reste qu’un seul pieu<br />

libre, dit le chevalier, et sois bien sûr que j’y mettrai ta tête ! »<br />

Ils se rencontrèrent sur un grand espace qui s’étendait au milieu <strong>de</strong>s <strong>de</strong>meures <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

forteresse [54] . L’homme hirsute leur avait préparé <strong>de</strong>ux grosses <strong>la</strong>nces, et il avait sellé <strong>de</strong>ux<br />

chevaux <strong>de</strong> combat. Avec force, ils échangèrent <strong>de</strong> tels coups que peu s’en fallut qu’ils<br />

fussent désarçonnés. Ils brisèrent leurs <strong>la</strong>nces, les arçons se disloquèrent sous eux et leurs<br />

étriers se rompirent. Le chevalier se montrait un redou<strong>table</strong> adversaire, toujours sur ses<br />

gar<strong>de</strong>s et particulièrement agressif. L’homme hirsute leur donna <strong>de</strong>ux autres <strong>la</strong>nces, et ils se<br />

précipitèrent l’un sur l’autre avec encore plus <strong>de</strong> rage que <strong>la</strong> première fois. Leurs <strong>la</strong>nces, en<br />

se heurtant, <strong>la</strong>nçaient <strong>de</strong>s éc<strong>la</strong>irs, et leurs boucliers furent brisés et volèrent en éc<strong>la</strong>ts. Mais,<br />

soudain, Gauvain attaqua son adversaire avec une telle vigueur que celui-ci vida les étriers et<br />

se retrouva à terre. Gauvain sauta <strong>de</strong> son cheval et lui mit <strong>la</strong> pointe <strong>de</strong> son épée sur <strong>la</strong><br />

gorge. « Grâce ! s’écria le vaincu. Je te reconnaîtrai désormais comme mon seigneur ! – Qu’il<br />

en soit ainsi », dit Gauvain. Et, sans plus s’occuper <strong>de</strong> son adversaire, il revint vers <strong>la</strong> maison<br />

<strong>de</strong> l’homme hirsute. Celui-ci l’aida à se désarmer et à essuyer <strong>la</strong> sueur qui cou<strong>la</strong>it sur son<br />

corps. « Maintenant, dit Gauvain, rien ne s’oppose à ce que tu me dises où se trouve le frein<br />

que je dois reprendre. – Tu es décidément d’un entêtement incroyable, répondit l’homme. Si<br />

tu veux obtenir le frein, il te faudra combattre <strong>de</strong>ux serpents fourbes et farouches qui<br />

projettent du feu, et parfois du sang, par leurs gueules. Si tu m’en croyais, tu renoncerais à<br />

ton projet. Je te ferais un bon souper et veillerais ensuite sur ton sommeil et, <strong>de</strong>main, tu<br />

retournerais à <strong>la</strong> cour du roi Arthur. – Il n’en est pas question ! s’écria Gauvain. Je suis venu<br />

ici pour reprendre le frein qu’on a dérobé à <strong>la</strong> jeune fille à <strong>la</strong> mule ! Mène-moi donc à<br />

l’endroit où se trouvent les serpents dont tu me parles ! – Tu l’auras voulu, dit l’homme<br />

hirsute, mais je peux t’affirmer que tu le regretteras. – Peu importe ce que tu penses, dit<br />

Gauvain, conduis-moi où je dois aller. – Ce n’est pas le moment, répondit l’homme.<br />

Auparavant, tu te reposeras et je t’apporterai ce qu’il faut pour te nourrir et t’abreuver. Après<br />

quoi, tu dormiras, car tu auras besoin <strong>de</strong> toutes tes forces pour affronter ces serpents. »<br />

Ainsi fut fait et, le len<strong>de</strong>main matin, l’homme hirsute équipa Gauvain et l’emmena dans<br />

une cour. Bientôt, <strong>de</strong>ux serpents rampèrent jusqu’à Gauvain : ils étaient d’une taille et d’une<br />

férocité extrêmes. De leurs gueules, ils projetaient <strong>de</strong>s f<strong>la</strong>mmes puantes qui brûlèrent son<br />

bouclier et l’obligèrent à reculer. Mais il ne perdit pas courage et, allongeant son bras le plus<br />

qu’il le pouvait, il attaqua vigoureusement les serpents l’un après l’autre. Il porta un tel coup<br />

au premier qu’il lui coupa <strong>la</strong> tête. Quant au second, qui bondissait sur lui avec rage, il mania<br />

son épée avec une telle rapidité qu’il le tail<strong>la</strong> en multiples morceaux. Il s’arrêta alors, le<br />

visage souillé <strong>de</strong> sang et d’ordure. Sans un mot, l’homme hirsute le désarma et lui apporta <strong>de</strong><br />

l’eau pour qu’il pût se <strong>la</strong>ver, et il s’éloigna.<br />

Demeuré seul, Gauvain se <strong>de</strong>mandait ce qui al<strong>la</strong>it lui arriver, quand il vit surgir le nain qui<br />

lui avait souhaité <strong>la</strong> bienvenue, mais qui n’avait pas répondu à ses questions. Le nain<br />

s’inclina <strong>de</strong>vant lui et dit : « Gauvain, ma dame te fait savoir, par ma bouche, qu’elle<br />

partagerait volontiers son repas avec toi si tu acceptais d’aller <strong>la</strong> rejoindre. Elle t’attend et<br />

m’a chargé <strong>de</strong> te conduire jusqu’à elle. » Gauvain suivit le nain qui l’emmena dans une

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!