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Les chevaliers de la table ronde

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toi <strong>de</strong> tes vêtements et donne-les-moi. » L’autre obéit. Alors Eff<strong>la</strong>m déchira les habits en<br />

mille morceaux. Puis il cria <strong>de</strong>vant l’entrée du trou : « Ohé, serpent ! si vraiment tu es<br />

sorcier, fais-moi un vêtement neuf avec ces haillons ! » Ce défi piqua au vif le dragon. Il mit<br />

immédiatement le nez <strong>de</strong>hors, souff<strong>la</strong> sur les morceaux d’étoffe et en fit un habit tout neuf.<br />

Mais, pendant ce temps, Eff<strong>la</strong>m avait tracé une immense croix dans l’air au-<strong>de</strong>ssus du<br />

dragon. « Maintenant, dit-il au monstre, par le Dieu tout-puissant, tu m’appartiens. – C’est<br />

vrai, répondit le dragon. Je me suis <strong>la</strong>issé prendre au piège, mais tu n’en as pas encore fini<br />

avec moi. » Il fallut en effet qu’Eff<strong>la</strong>m, Arthur et tous ses compagnons se missent ensemble<br />

pour traîner le monstre <strong>de</strong>puis Roc’h Serf jusqu’à Roc’h Du. Un bourrelet <strong>de</strong> sable qui relie<br />

encore ces <strong>de</strong>ux points marque le trajet qu’on lui fit suivre. Arthur et ses hommes, les bras<br />

rompus, <strong>la</strong> gorge en feu, déc<strong>la</strong>rèrent qu’ils étaient à bout <strong>de</strong> forces et que, s’ils ne trouvaient<br />

pas immédiatement <strong>de</strong> quoi se désaltérer, ils al<strong>la</strong>ient périr <strong>de</strong> soif.<br />

C’est alors qu’Eff<strong>la</strong>m fit jaillir <strong>de</strong> <strong>la</strong> grève, au bas <strong>de</strong> son oratoire, une source c<strong>la</strong>ire et<br />

abondante. Arthur et les siens burent <strong>de</strong> cette eau avec délices, et une vigueur nouvelle<br />

anima leurs membres. Ils se remirent à <strong>la</strong> tâche et tirèrent sans effort le monstre jusqu’à <strong>la</strong><br />

Roche Noire. Là, Eff<strong>la</strong>m mit son étole au cou du dragon et prononça les paroles qui<br />

convenaient pour chasser les esprits démoniaques qui étaient en lui. Enfin, pour plus <strong>de</strong><br />

sûreté, on enchaîna <strong>la</strong> bête et on l’ensevelit sous le sable. Et Arthur, après avoir rendu grâce<br />

à Dieu et remercié son cousin, le pieux Eff<strong>la</strong>m, remonta sur son navire avec ses compagnons.<br />

Ils levèrent l’ancre et se dirigèrent vers leur pays [43] .<br />

De retour dans sa forteresse <strong>de</strong> Kaerlion sur Wysg, Arthur <strong>de</strong>manda un jour à Merlin :<br />

« Que dois-je faire à propos <strong>de</strong> cette Table Ron<strong>de</strong> que mon père, le roi Uther, a instituée sur<br />

tes conseils ? La plupart <strong>de</strong> ceux qui y avaient été admis ont maintenant disparu, et ce qu’il<br />

en reste est à <strong>la</strong> cour du roi Léodagan. Il me semble que pour honorer <strong>la</strong> mémoire <strong>de</strong> mon<br />

père, et pour donner au royaume un grand éc<strong>la</strong>t, il serait bon <strong>de</strong> reconstituer cette Table<br />

Ron<strong>de</strong> et <strong>de</strong> réunir ici tous ceux qui sont dignes d’y prendre p<strong>la</strong>ce. – Il n’en est pas encore<br />

temps, répondit Merlin. <strong>Les</strong> barons <strong>de</strong> ce royaume sont encore trop préoccupés par leurs<br />

intérêts pour <strong>de</strong>venir <strong>de</strong> bons compagnons. Laisse faire les choses, roi Arthur : ce sont les<br />

événements qui détermineront le moment où tu pourras <strong>de</strong> nouveau les réunir. »<br />

Arthur fut attristé <strong>de</strong> <strong>la</strong> réponse <strong>de</strong> Merlin. Il pensait en effet que sa renommée était<br />

suffisante pour qu’il pût grouper autour <strong>de</strong> lui les meilleurs <strong>chevaliers</strong> du mon<strong>de</strong>. Et pour fuir<br />

sa mé<strong>la</strong>ncolie, il s’en al<strong>la</strong> chasser tout seul dans les forêts qui avoisinaient Kaerlion. Il y avait<br />

beaucoup <strong>de</strong> gibier dans ces forêts, et Arthur s’était <strong>la</strong>ncé à <strong>la</strong> poursuite d’un grand cerf qui<br />

semb<strong>la</strong>it le narguer et qui disparaissait sans cesse dans les fourrés chaque fois qu’il était sur<br />

le point <strong>de</strong> le rejoindre. Il erra ainsi pendant <strong>de</strong> longues heures et se retrouva dans un<br />

endroit qu’il ne connaissait pas, près d’une rivière qui serpentait au creux d’une vallée. Et<br />

comme il se sentait fatigué, il s’arrêta, <strong>de</strong>scendit <strong>de</strong> son cheval et s’assit au pied d’un arbre.<br />

Il commençait à somnoler doucement lorsqu’un bruit lui fit relever <strong>la</strong> tête. Il vit alors un<br />

homme étrange, <strong>de</strong> forte corpulence, vêtu d’une tunique grossière faite en peaux <strong>de</strong> bêtes,<br />

avec <strong>de</strong>s cheveux hirsutes et une barbe abondante, et qui portait une massue. L’homme vint<br />

vers lui, l’air menaçant, et dit : « Roi Arthur, me reconnais-tu ? – Non, répondit Arthur. – C’est<br />

dommage, reprit l’autre, car ce<strong>la</strong> me prouve l’ingratitu<strong>de</strong> et le peu <strong>de</strong> mémoire <strong>de</strong>s rois. –<br />

Comment ce<strong>la</strong> ? <strong>de</strong>manda Arthur. – J’ai combattu à tes côtés lorsque tu es allé porter secours<br />

au roi Léodagan contre C<strong>la</strong>udas <strong>de</strong> <strong>la</strong> Terre Déserte. J’ai été parmi ceux que tu conduisais

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