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Les chevaliers de la table ronde

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un brin d’herbe ne pliait sous lui, si léger était le trot du coursier qui l’emportait ainsi à <strong>la</strong><br />

cour d’Arthur.<br />

Kilourh, après avoir chevauché trois jours et trois nuits, parvint <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> forteresse <strong>de</strong><br />

Carduel, où le roi Arthur avait retenu près <strong>de</strong> lui quelques-uns <strong>de</strong> ses plus fidèles<br />

compagnons afin <strong>de</strong> discuter <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s affaires du royaume. Il y avait là Kaï, son frère <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong>it, dont il avait fait son sénéchal, il y avait là Bedwyr, qui ne supportait pas qu’on pût dire <strong>la</strong><br />

moindre parole désagréable à l’encontre d’Arthur, il y avait là Gauvain, le neveu d’Arthur qu’il<br />

avait désigné pour être son successeur, le fils <strong>de</strong> sa sœur Anna et du roi Loth d’Orcanie, et<br />

puis encore Yvain, le fils du roi Uryen, Y<strong>de</strong>r et Gwynn, fils du roi Nudd, Girflet, fils <strong>de</strong> Dôn,<br />

Bedwin, le chape<strong>la</strong>in d’Arthur, Merlin, son sage conseiller, ainsi que quelques autres qui<br />

avaient à donner leur avis sur tous les sujets qu’il p<strong>la</strong>irait à Arthur d’abor<strong>de</strong>r.<br />

Kilourh entra dans <strong>la</strong> forteresse, se fit montrer le logis d’Arthur et s’y présenta. Mais le<br />

portier l’arrêta : « Où veux-tu donc aller, jeune présomptueux ? lui <strong>de</strong>manda-t-il. –<br />

Présomptueux toi-même ! répliqua Kilourh. Qui es-tu donc pour me parler sur ce ton ? – Je<br />

suis le portier d’Arthur, et l’on me nomme Glewlwyt à <strong>la</strong> Forte Étreinte. Sache bien que nul ne<br />

peut entrer dans ce logis sans ma permission. – Alors, dit le jeune homme, je te <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

cette permission. » Le portier se mit à rire et dit : « Cette permission, je ne l’accor<strong>de</strong> qu’à<br />

ceux qui sont dignes d’entrer. Le roi Arthur tient conseil et n’a besoin <strong>de</strong> personne. Sache,<br />

jeune présomptueux, que l’on ne <strong>la</strong>isse entrer ici que les fils <strong>de</strong> roi d’un royaume reconnu ou<br />

l’artiste qui apporte son art. Ce<strong>la</strong> dit, tu seras le bienvenu dans <strong>la</strong> forteresse du roi Arthur. On<br />

donnera à manger à tes chiens et à ton cheval. À toi, on offrira <strong>de</strong>s tranches <strong>de</strong> vian<strong>de</strong>s<br />

cuites et poivrées, du vin en gran<strong>de</strong> quantité afin <strong>de</strong> satisfaire ta soif, et une musique<br />

agréable pour charmer tes oreilles pendant ton séjour. On t’apportera <strong>la</strong> nourriture <strong>de</strong> trente<br />

hommes au logis <strong>de</strong>s hôtes, là où se restaurent les gens <strong>de</strong>s pays lointains et ceux qui<br />

n’auront pas réussi à se faire admettre parmi les familiers d’Arthur. Mais tu ne seras pas plus<br />

mal là qu’avec Arthur lui-même, je te le garantis. On t’offrira une femme pour coucher avec<br />

toi. Et <strong>de</strong>main, dans <strong>la</strong> matinée, lorsque <strong>la</strong> porte s’ouvrira <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> compagnie qui est venue<br />

ici aujourd’hui, c’est <strong>de</strong>vant toi le premier qu’elle s’ouvrira, afin <strong>de</strong> t’honorer, et tu pourras<br />

choisir <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce que tu voudras à <strong>la</strong> cour d’Arthur, du haut en bas comme il te p<strong>la</strong>ira [95] .<br />

— Je n’en ferai rien ! répliqua le jeune homme. Si tu ouvres <strong>la</strong> porte, ce sera bien. Mais si<br />

tu ne l’ouvres pas, je ferai honte à ton maître, je jetterai le discrédit sur toi et je pousserai<br />

trois cris tels qu’il n’y en aura jamais eu <strong>de</strong> plus mortels <strong>de</strong> Tintagel au Château <strong>de</strong>s<br />

Pucelles [96] . Tout ce qu’il y a <strong>de</strong> femmes enceintes dans cette île avortera. Quant aux<br />

autres, elles seront accablées d’un tel ma<strong>la</strong>ise que leur sein se retournera et qu’elles ne<br />

concevront jamais plus [97] ! » Glewlwyt à <strong>la</strong> Forte Étreinte lui répondit : « Tu auras beau<br />

crier contre les coutumes <strong>de</strong> <strong>la</strong> cour d’Arthur, on ne te <strong>la</strong>issera pas entrer avant que je ne<br />

sois d’abord allé en parler avec Arthur lui-même ! »<br />

Glewlwyt se rendit dans <strong>la</strong> salle où se trouvait Arthur. « Qu’y a-t-il <strong>de</strong> nouveau à <strong>la</strong><br />

porte ? » lui <strong>de</strong>manda Arthur. Le portier répondit : « J’ai passé les <strong>de</strong>ux tiers <strong>de</strong> ma vie avec<br />

les rois <strong>de</strong> ce pays. J’ai connu ton père Uther Pendragon, que j’ai servi fidèlement, et je te<br />

sers aussi fidèlement ! J’ai été le témoin privilégié <strong>de</strong> tous les événements qui se sont<br />

produits dans ce royaume ! J’ai participé aux plus gran<strong>de</strong>s assemblées <strong>de</strong> nobles et <strong>de</strong><br />

guerriers qui se soient tenues dans cette île ! Je t’ai accompagné dans toutes tes

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