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Les chevaliers de la table ronde

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al<strong>la</strong> prendre ses armes et seller son cheval. Après quoi, il monta en selle, et <strong>la</strong> jeune fille<br />

également. Mais elle était cependant très pâle et très amaigrie par le sang qu’elle avait<br />

perdu. Et tous <strong>de</strong>ux quittèrent <strong>la</strong> forteresse, vouant à tous les diables ceux qui l’habitaient.<br />

Ils chevauchèrent quatre jours durant sans rencontrer d’aventure. Chaque jour, ils<br />

s’éloignaient <strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité <strong>de</strong> Camelot et <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue qu’on par<strong>la</strong>it autour d’eux<br />

<strong>de</strong>venait si différente qu’ils comprenaient peu <strong>de</strong> chose à ce qu’on leur disait. Un soir, ils<br />

furent hébergés à l’orée d’un bois par un vavasseur qui leur parut un homme <strong>de</strong> bien et qui<br />

les reçut le plus chaleureusement du mon<strong>de</strong>. Or, alors qu’on venait <strong>de</strong> s’asseoir pour le dîner,<br />

Balin perçut, venant d’une <strong>de</strong>s pièces <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>meure, <strong>la</strong> voix d’un homme qui gémissait<br />

pitoyablement. <strong>Les</strong> p<strong>la</strong>intes continuèrent tout au long du dîner. À <strong>la</strong> fin du repas, Balin<br />

<strong>de</strong>manda à son hôte qui était celui qui se p<strong>la</strong>ignait ainsi. « Je ne te cacherai rien, répondit le<br />

vavasseur. C’est un <strong>de</strong> mes fils qui souffre énormément d’une blessure qu’il vient <strong>de</strong> recevoir.<br />

Et il a été frappé <strong>de</strong> manière si subite qu’il n’a pu voir celui qui l’a blessé. Pourtant, ce<strong>la</strong> s’est<br />

passé vers midi, et il n’y avait autour <strong>de</strong> lui ni murs ni arbres, où son agresseur aurait pu se<br />

dissimuler. Je pense donc que ce<strong>la</strong> s’est produit sous le coup d’un enchantement. – Non, mon<br />

hôte, répliqua Balin. Il s’agit en fait d’un chevalier qui peut rester invisible aussi longtemps<br />

qu’il le veut tant qu’il est sur son cheval. Apprends qu’il m’a fait encore pire qu’à ton fils, car il<br />

a tué ainsi un chevalier qui était sous ma protection, ce qui me cause autant <strong>de</strong> douleur que<br />

si c’était moi qu’il avait blessé à mort. » Et Balin lui fit le récit <strong>de</strong> ses aventures et lui donna<br />

les raisons <strong>de</strong> sa quête à <strong>la</strong> recherche du meurtrier. Enfin, il lui révé<strong>la</strong> son nom, Gar<strong>la</strong>n, frère<br />

du roi Pellès.<br />

« Je suis sûr que tu as raison, lui dit le vavasseur en se signant. Je connais bien ce Gar<strong>la</strong>n.<br />

Il y a moins d’un an, il m’a tenu <strong>de</strong>s propos qui me <strong>la</strong>issent tout lieu <strong>de</strong> croire que c’est bien<br />

lui qui a blessé mon fils. Nous nous sommes trouvés en effet, mon fils et moi, à un tournoi, et<br />

je l’ai abattu à <strong>de</strong>ux reprises <strong>de</strong>vant toute l’assistance. Or, lorsque cet homme, qui est bien<br />

plus puissant que moi, s’est rendu compte qu’il ne pourrait venger l’affront qu’il avait subi, il a<br />

déc<strong>la</strong>ré qu’il m’atteindrait dans l’année même à travers ce que j’avais <strong>de</strong> plus cher. Il a bien<br />

tenu parole, me semble-t-il, puisqu’il a blessé mon fils que j’aime plus que tout au mon<strong>de</strong>. –<br />

Ah ! Dieu ! s’écria Balin. Comment faire pour retrouver ce Gar<strong>la</strong>n ?<br />

— C’est chose facile, répondit le vavasseur. Le roi Pellès tiendra dimanche une cour<br />

plénière dans le Château Périlleux, qui se trouve à quelques lieues d’ici. Et je sais que Gar<strong>la</strong>n<br />

doit servir à <strong>table</strong>, au cours <strong>de</strong> cette fête à <strong>la</strong>quelle assisteront tous les barons du royaume.<br />

Si tu veux retrouver Gar<strong>la</strong>n, sois donc certain que c’est à cette occasion que tu le pourras ! –<br />

Bien dit, mon hôte, répondit Balin, crois bien que je serai au ren<strong>de</strong>z-vous ! »<br />

La jeune fille intervint alors : « Cher hôte, <strong>de</strong>manda-t-elle, penses-tu que ton fils puisse<br />

guérir ? – Je ne peux rien dire à ce propos tant il me paraît gravement blessé. Pourtant, un<br />

homme âgé, à qui j’ai donné l’hospitalité hier, m’a dit qu’il pourrait guérir, mais pas avant<br />

que sa p<strong>la</strong>ie ne soit ointe du sang <strong>de</strong> celui qui l’a blessé. Je lui ai alors <strong>de</strong>mandé qui lui avait<br />

appris ce<strong>la</strong>, et il m’a répondu que c’était Merlin, le sage <strong>de</strong>vin, qui lui avait donné ordre <strong>de</strong><br />

me le dire, en ajoutant que mon fils ne pourrait pas guérir autrement. – Cher hôte, dit Balin,<br />

si ton fils doit guérir <strong>de</strong> cette façon, sois certain qu’il le sera, car j’entends bien verser le sang<br />

<strong>de</strong> celui qui m’a causé si grand tort ! »<br />

Balin et <strong>la</strong> jeune fille <strong>de</strong>meurèrent trois jours chez le vavasseur. Le dimanche matin, Balin<br />

se leva avec le jour et entendit <strong>la</strong> messe sur p<strong>la</strong>ce, car il y avait une petite chapelle dans <strong>la</strong>

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