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Les chevaliers de la table ronde

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[65] D’après le Merlin <strong>de</strong> <strong>la</strong> tradition <strong>de</strong> Gautier Map. Dans <strong>la</strong> version issue <strong>de</strong> <strong>la</strong> tradition <strong>de</strong> Robert <strong>de</strong> Boron (reprise<br />

ensuite au XV e siècle par Thomas Malory), l’attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Viviane est fondamentalement différente. D’abord, Viviane est une fille<br />

<strong>de</strong> roi qui est venue à <strong>la</strong> cour d’Arthur, et c’est là que Merlin <strong>la</strong> rencontre. La jeune fille lui p<strong>la</strong>ît tant qu’il en tombe amoureux.<br />

« Mais l’amour que lui portait Merlin <strong>la</strong> terrifiait, car elle avait peur qu’il ne <strong>la</strong> trompât par ses enchantements ou qu’il n’abusât<br />

d’elle pendant qu’elle dormait. » Et comme <strong>la</strong> jeune Viviane doit retourner chez son père en compagnie <strong>de</strong> Merlin, elle se trouve<br />

complètement bouleversée et consternée, « car elle le détestait plus qu’aucun homme au mon<strong>de</strong> ». Un peu plus avant, dans le<br />

cours <strong>de</strong> l’action, l’auteur dit : « Elle vouait à Merlin une haine mortelle parce qu’elle savait qu’il n’en vou<strong>la</strong>it qu’à son puce<strong>la</strong>ge. Si<br />

elle en avait eu l’audace, elle l’aurait tué sans hésiter, en l’empoisonnant ou autrement, mais elle n’osait <strong>de</strong> peur d’être<br />

démasquée, car elle le savait plus perspicace que quiconque. » Et, <strong>de</strong> plus, Viviane avoue que, même si elle le vou<strong>la</strong>it, elle ne<br />

pourrait aimer Merlin parce qu’elle sait qu’il est le fils d’un diable. Cette problématique est reprise intégralement dans <strong>la</strong> Mort<br />

d’Arthur <strong>de</strong> Thomas Malory, version <strong>la</strong> plus couramment répandue dans les pays anglo-saxons et qui sert <strong>de</strong> trame au film <strong>de</strong><br />

John Boorman, Excalibur. Il est bien certain qu’il existe <strong>de</strong>ux versions diamétralement opposées <strong>de</strong> <strong>la</strong> légen<strong>de</strong>, l’une,<br />

continentale, qui insiste sur l’amour partagé <strong>de</strong> Viviane et <strong>de</strong> Merlin, l’autre, purement insu<strong>la</strong>ire, qui fait <strong>de</strong> Merlin un « satyre »<br />

et <strong>de</strong> Viviane une « garce », et, en dépit <strong>de</strong> certains points communs (Viviane disciple <strong>de</strong> Merlin, thème <strong>de</strong> <strong>la</strong> Dame du Lac), il<br />

est très difficile <strong>de</strong> les concilier. J’ai choisi ici <strong>la</strong> version continentale, avec <strong>de</strong>s emprunts mineurs à <strong>la</strong> version insu<strong>la</strong>ire.<br />

[66] C’est-à-dire Carlisle, forteresse britto-romaine sur le mur d’Hadrien qui séparait <strong>la</strong> Bretagne proprement dite<br />

(l’Angleterre actuelle) <strong>de</strong> l’Écosse, pays <strong>de</strong>s Pictes et <strong>de</strong>s Bretons irréductibles. Dans les récits en <strong>la</strong>ngue française, les trois<br />

rési<strong>de</strong>nces principales d'Arthur sont Carduel, Kaerlion sur Wysg, c'est-à-dire l'antique Isca Silurum, particulièrement riche en<br />

vestiges romains, au sud-est du Pays <strong>de</strong> Galles, et Camelot (ou Kamaalot), qui est peut-être <strong>la</strong> forteresse celtique <strong>de</strong> Cadbury<br />

dans le Somerset, non loin <strong>de</strong> G<strong>la</strong>stonbury. . Dans les textes ang<strong>la</strong>is, c'est Camelot qui domine. Dans les textes gallois, Kaerlion<br />

le dispute à Kaer Lloyw (Gloucester) et à Kelliwic en Cornwall. Certaines versions anglo-norman<strong>de</strong>s citent souvent Londres, ce qui<br />

est une aberration, et Winchester, ce qui est plus intéressant : c'est là en effet qu'est conservée <strong>la</strong> fameuse Table Ron<strong>de</strong>,<br />

datant du règne d’Édouard III P<strong>la</strong>ntagenêt, au moment où celui-ci créait l’ordre dit <strong>de</strong> « <strong>la</strong> Table Ron<strong>de</strong> », <strong>de</strong>venu ensuite « <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> Jarretière ». Mais, en dépit du battage touristique actuel, qui est absolument hors <strong>de</strong> propos, Tintagel, en Cornwall, est<br />

seulement le lieu <strong>de</strong> <strong>la</strong> conception d’Arthur, et concentre en fait <strong>la</strong> légen<strong>de</strong> <strong>de</strong> Tristan et Yseult autour du château du roi Mark.<br />

[67] Je refuse absolument <strong>de</strong> donner un nombre précis aux compagnons <strong>de</strong> <strong>la</strong> Table Ron<strong>de</strong>. Ce nombre varie sans cesse<br />

d’une version à l’autre, sans qu’on puisse vraiment y ajouter une valeur symbolique. Dans <strong>la</strong> tradition <strong>de</strong> Robert <strong>de</strong> Boron, ils<br />

sont cent cinquante ; mais dans d’autres, ils sont quarante-huit, c’est-à-dire un multiple <strong>de</strong> douze, rappel évi<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s douze<br />

apôtres ou <strong>de</strong>s douze signes du zodiaque.

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