Les chevaliers de la table ronde
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convoitise [37] . Mais Penn Annwfn refusa tout net, disant qu’il ne pouvait pas se défaire <strong>de</strong><br />
ce chaudron sans l’avis ou l’invitation d’Odgar, le roi d’Ir<strong>la</strong>n<strong>de</strong>, son ami et son allié. Sur ce<br />
refus, Bedwyr se leva et, sans dire un mot, se saisit du chaudron et le mit sur les épaules<br />
d’Hygwydd, serviteur d’Arthur, dont <strong>la</strong> fonction était <strong>de</strong> porter le chaudron du roi et d’allumer<br />
le feu <strong>de</strong>ssous pour rassasier les hôtes qui se présentaient à <strong>la</strong> cour.<br />
Ce geste provoqua une bataille impitoyable entre les gens d’Arthur et ceux <strong>de</strong> Penn<br />
Annwfn. Celui-ci fut tué, et tous ses serviteurs avec lui, mais Modron et les neuf filles qui<br />
gardaient le chaudron furent épargnées. C’est alors que débarquèrent les gens d’Ir<strong>la</strong>n<strong>de</strong>,<br />
sous <strong>la</strong> conduite <strong>de</strong> leur roi Odgar, qui était l’allié <strong>de</strong> Penn Annwfn, et qui venait le venger. Ils<br />
envahirent l’île et combattirent durement les hommes d’Arthur. Ceux-ci se trouvèrent en très<br />
mauvaise posture, car ils étaient bien inférieurs en nombre. Arthur avait beau se défendre<br />
avec Excalibur, il voyait ses compagnons succomber autour <strong>de</strong> lui. Tous avaient péri, sauf<br />
sept, et c’est Modron qui leur indiqua le moyen <strong>de</strong> s’enfuir par un passage secret, ce qui leur<br />
permit <strong>de</strong> regagner leur navire. Mais en compensation, Modron <strong>de</strong>manda à Arthur qu’il<br />
s’engageât à délivrer son fils Mabon, qui lui avait été enlevé <strong>la</strong> troisième nuit <strong>de</strong> sa<br />
naissance. Personne ne savait par qui il avait été enlevé, ni où il se trouvait. Néanmoins,<br />
Arthur fit le serment que, quoi qu’il pût arriver et quand le moment serait venu, il ferait en<br />
sorte <strong>de</strong> délivrer Mabon <strong>de</strong> sa prison.<br />
C’est ainsi qu’Arthur et les siens purent échapper au massacre. Mais alors qu’ils étaient<br />
venus très nombreux sur le navire d’Arthur, ils ne furent que sept à revenir <strong>de</strong> cette<br />
expédition lointaine, parmi lesquels Bedwyr, Kaï, Gweir et le bar<strong>de</strong> Taliesin. Ce <strong>de</strong>rnier, sur le<br />
navire qui les ramenait en Bretagne, composa une <strong>la</strong>mentation sur le sort <strong>de</strong> leurs<br />
malheureux compagnons : « Trois fois plein son navire, nous partîmes avec Arthur, en cette<br />
noble entreprise ! Sauf sept, personne ne revint <strong>de</strong> <strong>la</strong> cita<strong>de</strong>lle <strong>de</strong>s hauteurs [38] … »<br />
Comme le navire fendait rapi<strong>de</strong>ment les vagues à travers <strong>la</strong> profon<strong>de</strong> mer parcourue par<br />
<strong>de</strong>s vaisseaux trop nombreux pour être comptés, vers <strong>la</strong> minuit, Arthur tomba dans un lourd<br />
sommeil. Et, pendant ce sommeil, il vit un ours qui vo<strong>la</strong>it à travers les airs. Aux grognements<br />
<strong>de</strong> l’ours, tous les rivages tremb<strong>la</strong>ient. Arthur aperçut aussi un terrifiant dragon qui semb<strong>la</strong>it<br />
venir <strong>de</strong>s régions où le soleil se couche. Ce dragon était hi<strong>de</strong>ux, et il illuminait l’horizon par <strong>la</strong><br />
c<strong>la</strong>rté intense qui émanait <strong>de</strong> ses yeux. Le dragon al<strong>la</strong>it à <strong>la</strong> rencontre <strong>de</strong> l’ours, et quand les<br />
<strong>de</strong>ux monstres furent en présence, il y eut un combat fantastique. Le dragon attaqua l’ours<br />
plusieurs fois, le brû<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> son haleine embrasée, mais l’ours résistait avec l’énergie du<br />
désespoir. Finalement, le dragon, ayant eu raison <strong>de</strong> son adversaire, jeta son corps brûlé et<br />
écorché sur le sol. Arthur s’éveil<strong>la</strong> alors, très impressionné par le songe qu’il venait <strong>de</strong> faire. Il<br />
le décrivit à ses compagnons, regrettant que Merlin ne fût pas là pour le lui expliquer. Ils<br />
l’interprétèrent en disant que le dragon était lui-même et que l’ours était quelque géant qu’il<br />
aurait certainement à combattre dans les jours qui viendraient [39] . Mais Arthur n’en était<br />
pas plus rassuré.<br />
Le matin, ils abordèrent pour faire provision d’eau douce. Ils se trouvaient sur le rivage <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> Bretagne armorique, et l’on vint dire à Arthur, <strong>de</strong> <strong>la</strong> part du roi Hoël, qu’un géant avait<br />
enlevé <strong>la</strong> nièce <strong>de</strong> celui-ci, qui avait pour nom Élen, <strong>de</strong>s mains <strong>de</strong> ceux qui <strong>la</strong> gardaient, et<br />
qu’il l’avait emmenée avec lui au sommet <strong>de</strong> cette butte qui est maintenant le Mont-Saint-<br />
Michel. De nombreux <strong>chevaliers</strong> <strong>de</strong> cette région avaient poursuivi le géant et tenté <strong>de</strong> lui