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Les chevaliers de la table ronde

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observer son comportement. Elle entendit Gauvain se <strong>la</strong>menter sur son sort et sur<br />

l’impossibilité où il était <strong>de</strong> poursuivre sa mission. « Hé<strong>la</strong>s ! disait-il, je perdrai donc mon<br />

honneur, et le roi Arthur apprendra vite que je ne suis pas digne d’être son neveu ! Suis-je<br />

donc maudit pour avoir ainsi lâché cette épée grâce à <strong>la</strong>quelle je pouvais vaincre ce<br />

diabolique enchanteur ! Et ce<strong>la</strong> au moment même où je rencontre <strong>la</strong> plus belle et <strong>la</strong> plus<br />

gracieuse fille du mon<strong>de</strong>, cette Isabelle dont on m’a tant vanté les mérites et dont je ne peux<br />

chasser l’image <strong>de</strong> mon esprit ! » Ces <strong>de</strong>rnières paroles remplirent <strong>de</strong> joie <strong>la</strong> jeune fille, car<br />

elle savait maintenant que son amour pouvait être payé <strong>de</strong> retour. La nuit suivante, alors<br />

que tout le mon<strong>de</strong> dormait dans <strong>la</strong> forteresse, Isabelle vint délivrer Gauvain et le conduisit<br />

dans sa propre chambre. Là, ils n’eurent pas à parler bien longtemps pour comprendre qu’ils<br />

étaient amoureux l’un <strong>de</strong> l’autre, et ils purent en toute impunité donner libre cours à leur<br />

passion.<br />

Cependant, l’un <strong>de</strong>s serviteurs avait été témoin <strong>de</strong> <strong>la</strong> délivrance <strong>de</strong> Gauvain. Il al<strong>la</strong><br />

prévenir le roi Assentin, et, au matin, celui-ci, accompagné <strong>de</strong> quelques fidèles, se précipita<br />

dans <strong>la</strong> chambre <strong>de</strong> sa fille, animé <strong>de</strong> <strong>la</strong> plus violente colère. Il fit saisir les <strong>de</strong>ux jeunes gens<br />

et les fit enfermer dans un cachot humi<strong>de</strong> où ils furent enchaînés au mur, l’un en face <strong>de</strong><br />

l’autre, pour qu’ils pussent se voir dans leur misère.<br />

Mais alors que tous <strong>de</strong>ux se <strong>de</strong>mandaient avec angoisse quel sort leur réservait le<br />

magicien, ils entendirent un léger bruit <strong>de</strong>rrière le soupirail qui constituait <strong>la</strong> seule ouverture<br />

<strong>de</strong> ce réduit. Gauvain aperçut avec stupeur un grand oiseau rouge qui s’acharnait à coups <strong>de</strong><br />

bec et d’ongles sur les barreaux. Bientôt, ceux-ci cédèrent et l’oiseau entra dans le cachot. Il<br />

se posa près <strong>de</strong> Gauvain et, toujours avec son bec et ses ongles, il le débarrassa <strong>de</strong> ses<br />

chaînes. « Qui es-tu donc ? <strong>de</strong>manda Gauvain. – Ne dis rien, répondit l’oiseau. Je suis l’âme<br />

<strong>de</strong> celui que tu as fait enterrer et pour qui tu as fait célébrer une messe. Je viens payer ma<br />

<strong>de</strong>tte envers toi. » Alors l’oiseau délivra <strong>de</strong> <strong>la</strong> même façon <strong>la</strong> jeune Isabelle, puis il s’attaqua<br />

à <strong>la</strong> serrure <strong>de</strong> <strong>la</strong> porte. Ils furent bientôt dans les couloirs <strong>de</strong> <strong>la</strong> forteresse, l’oiseau voletant<br />

<strong>de</strong>vant eux. Il les mena dans une pièce où se trouvaient l’armure <strong>de</strong> Gauvain ainsi que l’épée<br />

aux <strong>de</strong>ux renges. Gauvain s’en saisit avec joie et, accompagné d’Isabelle, il sortit <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

forteresse, guidé par l’oiseau. Et celui-ci les abandonna à l’entrée du souterrain avant <strong>de</strong><br />

disparaître dans le ciel dans un grand tourbillon <strong>de</strong> lumière.<br />

Gauvain et Isabelle se retrouvèrent dans l’enclos du renard. Celui-ci les attendait.<br />

« Maintenant, dit le renard à Gauvain, tu peux me toucher du p<strong>la</strong>t <strong>de</strong> cette épée. » Gauvain<br />

posa l’épée sur le dos du renard : aussitôt celui-ci disparut dans une brume dorée et, quand<br />

<strong>la</strong> brume fut dissipée, ils virent un beau jeune homme blond qui les saluait. « Merci à toi,<br />

Gauvain, toi le meilleur <strong>de</strong>s <strong>chevaliers</strong> ! s’écria-t-il. Grâce à ton courage et à ta ténacité, tu as<br />

permis que fût levé le sortilège qui m’accab<strong>la</strong>it. Je vais pouvoir maintenant retourner dans<br />

mon pays et <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r justice contre celle qui m’avait plongé dans cet état. Quant à vous,<br />

ajouta-t-il, je ne peux que vous souhaiter le plus grand bonheur du mon<strong>de</strong> ! » Et il les quitta<br />

pour s’enfoncer dans les bois. Gauvain retrouva le Gringalet dans l’enclos. Il y fit monter<br />

Isabelle, et tous <strong>de</strong>ux prirent le chemin <strong>de</strong>s domaines du roi Amoran.<br />

Or, quand ils parvinrent à <strong>la</strong> forteresse, on leur apprit que le roi Amoran venait <strong>de</strong> mourir.<br />

Gauvain se trouvait <strong>de</strong> ce fait délié <strong>de</strong> <strong>la</strong> mission dont le défunt l’avait chargé sous serment :<br />

non seulement il pouvait gar<strong>de</strong>r l’épée aux <strong>de</strong>ux renges, mais personne ne pouvait s’opposer<br />

à ce que <strong>la</strong> jeune et belle Isabelle restât avec lui. Ils partirent immédiatement pour le

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