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Les chevaliers de la table ronde

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le bar<strong>de</strong> n’était autre que Merlin, et il al<strong>la</strong>it lui répondre qu’il lui octroyait sa <strong>de</strong>man<strong>de</strong> quand<br />

il s’aperçut que le beau harpiste avait disparu : à sa p<strong>la</strong>ce, on voyait un petit enfant <strong>de</strong> huit<br />

ans, les cheveux tout ébouriffés et les jambes nues, portant une petite massue sur l’épaule,<br />

qui disait au roi qu’il vou<strong>la</strong>it porter son enseigne à <strong>la</strong> guerre contre le roi Rion <strong>de</strong>s Îles. Tous<br />

les assistants se mirent alors à rire, car ils avaient reconnu Merlin. Celui-ci reprit alors <strong>la</strong><br />

forme qu’il revêtait ordinairement <strong>de</strong>vant eux [76] .<br />

« Merlin, dit encore Arthur, dis-nous ce que tu sais à propos <strong>de</strong> ce Rion <strong>de</strong>s Îles. – C’est<br />

une longue histoire, répondit Merlin, mais je vais en dire l’essentiel. Il y a un certain temps,<br />

Nynniaw était roi d’Erchyng, et Pebyaw roi <strong>de</strong> G<strong>la</strong>morgan. C’étaient <strong>de</strong>ux bons amis, mais ils<br />

avaient le défaut d’être très orgueilleux. Un soir qu’ils se promenaient ensemble, alors que <strong>la</strong><br />

nuit était très c<strong>la</strong>ire et que d’innombrables étoiles bril<strong>la</strong>ient dans le ciel, Nynniaw dit à<br />

Pebyaw : « Quelle belle campagne est <strong>la</strong> mienne ! » Pebyaw, qui ne comprenait pas ce dont<br />

son ami vou<strong>la</strong>it parler, lui <strong>de</strong>manda <strong>de</strong> quelle campagne il s’agissait. « C’est le ciel tout<br />

entier », répondit Nynniaw. Pebyaw fut très mortifié <strong>de</strong> cette réponse et, au bout <strong>de</strong><br />

quelques instants, il dit à Nynniaw : « Regar<strong>de</strong> tout ce que j’ai <strong>de</strong> brebis et <strong>de</strong> bétail à<br />

brouter dans mes champs ! – Où sont-ils donc ? <strong>de</strong>manda Nynniaw, fort surpris. – C’est très<br />

simple, répondit Pebyaw, ce sont les étoiles dans le ciel, avec <strong>la</strong> lune qui est leur berger et<br />

qui les rassemble autour d’elle, lorsque vient le matin, pour les rentrer dans les bergeries ! »<br />

Nynniaw fut tout aussi furieux <strong>de</strong> cette réponse que Pebyaw l’avait été <strong>de</strong> <strong>la</strong> sienne et, à<br />

partir <strong>de</strong> ce jour, les <strong>de</strong>ux rois se firent une guerre acharnée, chacun prétendant être plus<br />

riche et plus puissant que l’autre [77] . C’est alors que Rion <strong>de</strong>s Îles, qui s’était donné pour<br />

mission <strong>de</strong> poursuivre l’oppression et l’injustice <strong>de</strong>s rois déréglés [78] , vint mettre <strong>la</strong> paix<br />

entre eux. Il les vainquit l’un et l’autre et les fit prisonniers. Puis il leur arracha <strong>la</strong> barbe avec<br />

le cuir et déc<strong>la</strong>ra : « Voilà les animaux qui ont brouté mes pâturages : je les en ai chassés et<br />

ils n’y paraîtront plus désormais [79] » Mais, après ce<strong>la</strong>, Rion <strong>de</strong>s Îles <strong>de</strong>vint si orgueilleux<br />

qu’il se mit à pourchasser tous les rois, et chaque fois qu’il triomphait d’un, il lui arrachait <strong>la</strong><br />

barbe. Il eut ainsi tant <strong>de</strong> barbes <strong>de</strong> rois vaincus qu’il décida, pour montrer sa puissance, <strong>de</strong><br />

s’en faire confectionner un grand manteau. Voilà pourquoi, roi Arthur, il a envoyé ce<br />

messager vers toi, car il ne lui manque plus que ta barbe pour finir son manteau et prouver<br />

ainsi qu’il est le plus puissant <strong>de</strong> tous les rois <strong>de</strong> <strong>la</strong> terre [80] ! »<br />

<strong>Les</strong> assistants se réjouirent gran<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> cette histoire. Kaï et Bedwyr <strong>de</strong>mandèrent à<br />

Arthur <strong>de</strong> leur permettre d’aller combattre Rion <strong>de</strong>s Îles et <strong>de</strong> lui ravir le manteau dont il<br />

s’enorgueillissait avec tant d’audace. Mais le roi leur répondit que c’était à lui d’aller se<br />

mesurer avec Rion, au moment et au lieu qu’il choisirait lui-même. Et quand le repas fut<br />

terminé, chacun s’éparpil<strong>la</strong> dans les cours, <strong>de</strong>visant <strong>de</strong> choses et d’autres, écoutant les<br />

musiciens qui jouaient <strong>de</strong>s airs anciens, ou regardant les montreurs d’ours qui faisaient<br />

danser les animaux au son <strong>de</strong> leurs tambourins.<br />

Autour <strong>de</strong> <strong>la</strong> reine Guenièvre s’étaient groupés plusieurs compagnons. Il y avait là Kaï,<br />

Bedwyr et Gauvain, ainsi qu’Y<strong>de</strong>r, fils du roi Nudd, l’un <strong>de</strong> ceux que Merlin venait <strong>de</strong> choisir<br />

pour prendre p<strong>la</strong>ce à <strong>la</strong> Table Ron<strong>de</strong>. Y<strong>de</strong>r avait un frère, qu’on nommait Gwynn, et qui était<br />

un redou<strong>table</strong> guerrier, mais lui-même était doué d’une force peu commune [81] . Au cours

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