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Les chevaliers de la table ronde

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vu et au su <strong>de</strong> tout le mon<strong>de</strong>. « Fort bien, dit-elle alors. Voici <strong>la</strong> réponse que tu <strong>de</strong>vras<br />

donner : ce que les femmes aiment par-<strong>de</strong>ssus tout, c’est <strong>la</strong> Souveraineté. Dis-le à ton<br />

ennemi et il maudira celle qui t’a si bien instruit ! »<br />

Arthur quitta <strong>la</strong> femme et se dirigea vers l’endroit où il <strong>de</strong>vait rencontrer l’homme à <strong>la</strong><br />

massue. Lorsque celui-ci se présenta, Arthur commença par lui donner les réponses qu’il avait<br />

recueillies tout au long <strong>de</strong> l’année ; mais chaque fois, l’homme secouait <strong>la</strong> tête et disait<br />

« non ». Enfin, Arthur dit : « C’est <strong>la</strong> Souveraineté. » L’homme à <strong>la</strong> massue <strong>de</strong>vint furieux et<br />

s’écria : « Malédiction ! C’est ma propre sœur qui t’a révélé ce<strong>la</strong> ! Je voudrais <strong>la</strong> voir brûler<br />

dans un feu ! » Mais comme Arthur avait donné <strong>la</strong> bonne réponse, l’homme à <strong>la</strong> massue le<br />

<strong>la</strong>issa aller et lui-même disparut dans <strong>la</strong> forêt en poussant d’horribles imprécations contre sa<br />

sœur.<br />

Comme Arthur s’en retournait vers Kaerlion, <strong>la</strong> hi<strong>de</strong>use femme le rattrapa et lui rappe<strong>la</strong> sa<br />

promesse. « C’est bien, dit Arthur en soupirant. Viens avec moi. » Et il l’emmena dans sa<br />

forteresse, ordonnant qu’on fît les préparatifs d’un grand festin et présentant <strong>la</strong> femme<br />

comme celle qui al<strong>la</strong>it partager sa vie. Quelle ne fut pas <strong>la</strong> stupeur <strong>de</strong>s compagnons d’Arthur<br />

lorsqu’ils virent que le choix du roi s’était porté sur une femme aussi <strong>la</strong>i<strong>de</strong> ! Mais ils ne dirent<br />

rien, se contentant d’assister au festin. Cependant, ils se gardèrent bien d’adresser <strong>de</strong>s<br />

félicitations à Arthur. Quant à Merlin, il se contentait <strong>de</strong> sourire tout en fuyant le roi chaque<br />

fois que celui-ci s’approchait <strong>de</strong> lui, vraisemb<strong>la</strong>blement pour lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r son ai<strong>de</strong>.<br />

Quand <strong>la</strong> nuit se fut avancée et qu’il fut l’heure d’aller se coucher, <strong>la</strong> compagnie se<br />

dispersa, et Arthur ne manifestait aucune hâte pour aller partager sa chambre avec <strong>la</strong><br />

femme. Mais comme il avait fait un serment, il ne pouvait agir autrement. Dès que tous <strong>de</strong>ux<br />

furent au lit, le roi se tourna <strong>de</strong> côté et fit semb<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> dormir. La femme lui dit : « Donnemoi<br />

au moins un baiser, par simple courtoisie. » Arthur se pencha sur elle et, surmontant son<br />

dégoût, al<strong>la</strong>it lui donner un baiser quand il s’aperçut avec stupéfaction qu’il avait près <strong>de</strong> lui<br />

<strong>la</strong> plus jolie fille qui se pût imaginer, avec <strong>de</strong> beaux cheveux noirs, un visage parfait, un teint<br />

b<strong>la</strong>nc et <strong>de</strong>s lèvres bien rouges. Et <strong>la</strong> fille souriait. Comme Arthur manifestait sa surprise, elle<br />

lui dit : « Écoute-moi bien. Tu peux choisir entre <strong>de</strong>ux choses : m’avoir belle le jour et<br />

horrible <strong>la</strong> nuit, ou belle <strong>la</strong> nuit et horrible le jour. Je m’en remets à toi. » Arthur réfléchit un<br />

moment, puis il répondit : « C’est une question trop délicate que tu me poses, et ce n’est pas<br />

à un homme d’y répondre. Seule une femme peut en juger. – Dans ces conditions, dit <strong>la</strong> fille,<br />

tu m’auras toujours belle, et le jour, et <strong>la</strong> nuit. Je me nomme Gwendolen et j’appartiens à<br />

une noble famille <strong>de</strong> ce pays. Mais j’avais une marâtre qui était jalouse <strong>de</strong> ma beauté. Par<br />

magie, elle m’a réduite en l’état où tu m’as vue lorsque nous nous sommes rencontrés, <strong>la</strong>i<strong>de</strong><br />

et hi<strong>de</strong>use. Je <strong>de</strong>vais gar<strong>de</strong>r cet aspect repoussant jusqu’au jour où le meilleur homme du<br />

mon<strong>de</strong> et le plus valeureux voudrait bien, à défaut <strong>de</strong> m’épouser, accepter <strong>de</strong> me prendre<br />

dans son lit telle que j’étais en m’accordant <strong>la</strong> souveraineté sur tout. C’est ce que tu as fait<br />

et, en plus, tu m’as <strong>la</strong>issé le choix <strong>de</strong> déci<strong>de</strong>r, reconnaissant ainsi que ce qu’aiment le plus les<br />

femmes, c’est <strong>la</strong> Souveraineté. C’est par courtoisie que tu m’as délivrée du sortilège qui<br />

pesait sur moi, et je t’en serai reconnaissante jusqu’à <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> mes jours. » Alors Arthur prit<br />

Gwendolen dans ses bras et <strong>la</strong> nuit se passa <strong>de</strong> <strong>la</strong> façon <strong>la</strong> plus agréable du mon<strong>de</strong> [44] .

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