27.06.2013 Views

Les chevaliers de la table ronde

Les chevaliers de la table ronde

Les chevaliers de la table ronde

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

nouveau. Arthur se mit en gar<strong>de</strong>, éperonna son cheval <strong>de</strong> toutes ses forces et frappa son<br />

adversaire. Mais celui-ci le frappa également, et le choc fut si violent que les <strong>la</strong>nces plièrent<br />

sans se rompre et que les <strong>de</strong>ux hommes se trouvèrent déséquilibrés et quittèrent leurs<br />

étriers. Leurs yeux étince<strong>la</strong>ient, et le roi sentait qu’il perdait du sang par <strong>la</strong> bouche et par le<br />

nez. Ils s’écartèrent l’un <strong>de</strong> l’autre pour reprendre haleine. Le roi regardait avec étonnement<br />

<strong>la</strong> <strong>la</strong>nce qui brû<strong>la</strong>it et se <strong>de</strong>mandait comment elle n’avait pas été brisée par <strong>la</strong> violence du<br />

coup. Il n’était pas loin <strong>de</strong> penser qu’il avait affaire à un démon tout droit surgi <strong>de</strong> l’enfer.<br />

Mais le chevalier noir ne semb<strong>la</strong>it pas avoir l’intention <strong>de</strong> s’en tenir là : il se précipita sur le<br />

roi <strong>de</strong> tout son é<strong>la</strong>n. Le voyant venir, Arthur se protégea <strong>de</strong> son bouclier, craignant l’ar<strong>de</strong>ur<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>nce, et reçut son adversaire sur le fer <strong>de</strong> sa propre <strong>la</strong>nce, le frappant en pleine<br />

poitrine si violemment qu’il le renversa sur <strong>la</strong> croupe <strong>de</strong> son cheval. Le chevalier, qui était un<br />

ru<strong>de</strong> combattant, se rétablit sur ses arçons et frappa le roi juste sur <strong>la</strong> bosse <strong>de</strong> son bouclier.<br />

Le fer brû<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>nce traversa le bois, puis le haubert, et pénétra dans le bras du roi.<br />

Sous <strong>la</strong> douleur <strong>de</strong> <strong>la</strong> blessure et <strong>de</strong> <strong>la</strong> brûlure, Arthur fut saisi d’une gran<strong>de</strong> rage. Mais alors,<br />

le chevalier noir retira <strong>la</strong> <strong>la</strong>nce et manifesta une gran<strong>de</strong> joie quand il s’aperçut qu’il avait<br />

blessé le roi. Celui-ci, quand il regarda <strong>la</strong> <strong>la</strong>nce du chevalier noir, fut extrêmement surpris <strong>de</strong><br />

voir qu’elle ne brû<strong>la</strong>it plus.<br />

« Seigneur, dit le chevalier noir, je te <strong>de</strong>man<strong>de</strong> grâce ! Jamais ma <strong>la</strong>nce n’aurait cessé <strong>de</strong><br />

brûler si elle n’avait pas été plongée dans ton sang ! – Que Dieu me damne ! s’écria le roi. Il<br />

n’est pas question que je te fasse grâce, puisque je peux être vainqueur ! » Et, sans plus<br />

attendre, le roi piqua <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux et frappa son adversaire en pleine poitrine. Puis il retira sa<br />

<strong>la</strong>nce, contemp<strong>la</strong> le chevalier noir qui gisait sur le sol, mort, et, l’abandonnant au milieu <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

c<strong>la</strong>irière, il se dirigea vers <strong>la</strong> barrière.<br />

À ce moment, il entendit un grand vacarme. Une troupe <strong>de</strong> cavaliers – ils étaient peut-être<br />

une vingtaine – débouchèrent <strong>de</strong> <strong>la</strong> forêt et se rassemblèrent autour du chevalier qui était<br />

étendu. Le roi atteignit <strong>la</strong> barrière, et il al<strong>la</strong>it <strong>la</strong> franchir lorsque <strong>la</strong> jeune fille courut <strong>de</strong>rrière<br />

lui en criant : « Seigneur ! pour l’amour <strong>de</strong> Dieu, retourne sur tes pas et apporte-moi <strong>la</strong> tête<br />

du chevalier qui gît là-bas ! » Arthur se retourna et mesura le péril qui l’attendait s’il se<br />

retrouvait au milieu <strong>de</strong>s <strong>chevaliers</strong>. « Ma parole, dit-il, tu veux ma mort, jeune fille ? – Non,<br />

seigneur, répondit-elle. Mais il me serait très utile d’avoir <strong>la</strong> tête du chevalier que tu as tué.<br />

Jusqu’à présent, aucun homme ne m’a refusé ce que je lui <strong>de</strong>mandais. P<strong>la</strong>ise à Dieu que tu<br />

ne sois pas le premier, car tu le regretterais ! – Mais, reprit le roi, j’ai une très grave blessure<br />

au bras qui me sert à porter mon bouclier ! – Je le sais bien, dit <strong>la</strong> jeune fille, mais c’est<br />

justement à cause <strong>de</strong> ta blessure que je te <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>la</strong> tête du chevalier, car sans elle, tu ne<br />

pourrais jamais être guéri ! – C’est bien, dit Arthur, je vais y aller. »<br />

Il regarda vers <strong>la</strong> c<strong>la</strong>irière et vit que les nouveaux arrivants avaient complètement dépecé<br />

le corps du chevalier noir. C’était à qui emporterait un pied, qui un bras, qui une cuisse, qui<br />

un poing, avant <strong>de</strong> partir et <strong>de</strong> se disperser dans <strong>la</strong> forêt. Apercevant le <strong>de</strong>rnier qui tenait <strong>la</strong><br />

tête au bout <strong>de</strong> sa <strong>la</strong>nce, il se <strong>la</strong>nça à sa poursuite. « Seigneur, dit-il, sur ce que tu as <strong>de</strong> plus<br />

cher, je te <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> bien vouloir me donner <strong>la</strong> tête que tu emportes au bout <strong>de</strong> ta<br />

<strong>la</strong>nce ! » L’autre s’arrêta et lui répondit : « Je te <strong>la</strong> donnerai bien volontiers, mais à une<br />

condition. – Laquelle ? <strong>de</strong>manda le roi. – Il faut que tu me dises qui a tué le chevalier dont<br />

j’emporte <strong>la</strong> tête. – Si tu le désires, voici : c’est le roi Arthur qui l’a tué ! – Où est donc ce roi<br />

Arthur ? – Cherche-le jusqu’à ce que tu le trouves. Je t’ai dit <strong>la</strong> vérité, maintenant donne-moi<br />

<strong>la</strong> tête. » L’autre donna <strong>la</strong> tête à Arthur et, sans plus attendre, celui-ci se dirigea vers <strong>la</strong>

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!