Les chevaliers de la table ronde
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épondit Merlin, je ne peux rien te dire <strong>de</strong> plus. »<br />
Arthur commanda qu’on préparât ses armes. Il vou<strong>la</strong>it aller rejoindre Balin le Sauvage et<br />
voir comment celui-ci se comportait. Il partit <strong>de</strong> Kaerlion, avec quelques compagnons et <strong>de</strong>s<br />
serviteurs, et Merlin fit <strong>la</strong> route avec lui. Ils traversèrent les forêts et les vallées sans<br />
rencontrer âme qui vive. Et, un jour, vers midi, alors que <strong>la</strong> chaleur était forte, le roi fit<br />
dresser sa tente dans une c<strong>la</strong>irière près du chemin et abritée par un bosquet d’aulnes.<br />
Comme il se sentait un peu fatigué, il al<strong>la</strong> s’y coucher, après avoir ordonné à ses gens <strong>de</strong> se<br />
retirer.<br />
Mais, une fois couché, Arthur se mit à réfléchir à quelque chose qui lui dép<strong>la</strong>isait si fort et<br />
le tourmentait à un point tel qu’il ne put trouver le sommeil. Comme il était ainsi plongé dans<br />
ses pensées, il entendit résonner sur le chemin les sabots d’un cheval qui galopait à vive<br />
allure en faisant grand bruit et en hennissant. Le roi bondit aussitôt <strong>de</strong> son lit pour voir ce qui<br />
se passait et, sortant <strong>de</strong> sa tente, il s’aperçut que tous ses valets dormaient. Il vit alors venir<br />
un cavalier qui manifestait une gran<strong>de</strong> douleur et hur<strong>la</strong>it à tous les vents : « Malheur sur<br />
moi ! Comment pourrais-je réparer ma faute ? Je n’ai pourtant jamais eu l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> me<br />
conduire d’une façon aussi perfi<strong>de</strong> ! »<br />
Quand l’homme passa près <strong>de</strong> lui, le roi Arthur lui cria : « Pourquoi te <strong>la</strong>mentes-tu ainsi ? »<br />
Mais le cavalier ne lui répondit rien et poursuivit son chemin. Arthur le vit se diriger tout droit<br />
vers une montagne. « Ah ! Dieu ! murmura Arthur, que ne donnerais-je pas pour savoir <strong>de</strong><br />
quoi se <strong>la</strong>mentait ainsi ce chevalier ! » Il avait à peine prononcé ces paroles qu’il vit<br />
apparaître sur le chemin le chevalier aux <strong>de</strong>ux épées, celui qui avait nom Balin le Sauvage.<br />
Celui-ci reconnut le roi et, lorsqu’il fut parvenu près <strong>de</strong> lui, il lui dit : « Seigneur roi, me voici<br />
prêt à agir selon ton comman<strong>de</strong>ment ! Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour te donner<br />
satisfaction ! – Tu m’en as donné <strong>la</strong> preuve, répondit le roi. Je te <strong>de</strong>man<strong>de</strong> maintenant <strong>de</strong><br />
faire quelque chose qui te paraîtra peut-être futile, mais qui me tient très à cœur : il s’agit <strong>de</strong><br />
ce cavalier qui vient <strong>de</strong> passer et qui se <strong>la</strong>mentait pour une faute qu’il aurait commise. Je te<br />
prie, pour l’amour <strong>de</strong> moi, <strong>de</strong> le rejoindre et <strong>de</strong> le persua<strong>de</strong>r <strong>de</strong> revenir. Ce n’est pas que je<br />
lui veuille du mal, bien au contraire, mais je voudrais qu’il me dise pour quelle raison il<br />
manifeste tant <strong>de</strong> tristesse et tant <strong>de</strong> douleur ! – Je le ferai, seigneur », dit Balin. Et, sans<br />
plus attendre, il piqua <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux et s’engagea sur le chemin qu’avait suivi le chevalier<br />
inconnu.<br />
Il l’aperçut peu après. Son armure, comme son cheval, était recouverte d’une housse<br />
b<strong>la</strong>nche. Balin chevaucha <strong>de</strong>rrière lui à si vive allure qu’il le rejoignit bientôt au pied <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
montagne. Mais il s’aperçut qu’il n’était pas seul : une jeune fille <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> beauté et d’allure<br />
très noble se trouvait à ses côtés. Et <strong>la</strong> jeune fille lui disait : « Pourquoi te <strong>la</strong>mentes-tu ainsi ?<br />
Si tu ne l’avais pas fait, un autre l’aurait fait à ta p<strong>la</strong>ce ! » Et le chevalier répondait : « Je<br />
préférerais être mort <strong>de</strong>puis dix ans et ne pas avoir à poursuivre cette aventure ! » Et il se<br />
mit à se <strong>la</strong>menter <strong>de</strong> plus belle.<br />
Balin ne mit pas longtemps à les rejoindre. Il s’adressa ainsi au chevalier : « Seigneur, je<br />
t’en prie, je viens te <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r, au nom du roi Arthur qui m’envoie, <strong>de</strong> bien vouloir lui dire<br />
pour quelle raison tu te <strong>la</strong>mentes ainsi ! – Seigneur, répondit l’autre, je ne peux répondre à<br />
cette question et, en aucun cas, je ne reviendrai sur mes pas ! – Seigneur, dit Balin, si tu<br />
refuses ma proposition, tu <strong>de</strong>vras te battre avec moi, car jamais personne n’a osé me<br />
contredire. – Je te crois, mais je ne peux revenir en arrière, car il m’arriverait grand malheur,