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Les chevaliers de la table ronde

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déjà préparé sur une <strong>table</strong>, et il le servit lui-même. Quand Gauvain fut rassasié, l’homme lui<br />

apporta <strong>de</strong> l’eau et le conduisit dans une chambre où se trouvait une couche haute et <strong>la</strong>rge.<br />

« Gauvain, tu dormiras dans ce lit. Mais avant que tu ne te couches, je dois te <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r<br />

quelque chose. Tu pourras <strong>la</strong> refuser. Je te <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> prendre cette hache et <strong>de</strong> me couper<br />

<strong>la</strong> tête. Mais, attention, <strong>de</strong>main matin, je <strong>de</strong>vrai trancher <strong>la</strong> tienne lorsque je reviendrai.<br />

Choisis donc <strong>de</strong> le faire ou <strong>de</strong> ne pas le faire. – Je serais insensé si je n’acceptais pas !<br />

répondit Gauvain, à peine étonné par cette étrange proposition. – Alors, viens avec moi », dit<br />

l’homme.<br />

Il emmena Gauvain dans une gran<strong>de</strong> salle où se trouvait un billot. L’homme p<strong>la</strong>ça sa tête<br />

sur le billot. Gauvain prit <strong>la</strong> hache et, d’un seul coup, lui trancha <strong>la</strong> tête. L’homme hirsute se<br />

remit à l’instant sur ses pieds, ramassa sa tête et s’en al<strong>la</strong>. Gauvain retourna dans <strong>la</strong><br />

chambre, se coucha et s’endormit aussitôt.<br />

Au point du jour, il s’éveil<strong>la</strong>, se leva et s’équipa. C’est alors que l’homme hirsute fit son<br />

entrée. Il avait <strong>la</strong> tête sur ses épaules et ne paraissait pas le moins du mon<strong>de</strong> avoir souffert<br />

<strong>de</strong> cette décol<strong>la</strong>tion. Gauvain l’examinait avec attention, mais il ne put discerner aucune<br />

trace <strong>de</strong> blessure sur son cou. « Gauvain, dit l’homme, je viens te rappeler notre accord ! –<br />

C’est juste », dit Gauvain. Il al<strong>la</strong> dans <strong>la</strong> salle et mit son cou sur le billot. Alors l’homme<br />

hirsute fit tournoyer sa hache, mais au lieu d’en frapper le cou <strong>de</strong> Gauvain, il se contenta d’en<br />

faire glisser doucement le tranchant sur <strong>la</strong> peau. Et il dit : « Honneur à toi, Gauvain, toi le<br />

chevalier le plus courageux du mon<strong>de</strong> ! » Et il fit relever Gauvain [53] .<br />

Mais celui-ci n’en avait pas oublié pour autant le but <strong>de</strong> son expédition. « Dis-moi,<br />

<strong>de</strong>manda-t-il, comment je puis obtenir le frein ? – Comment ? s’écria l’homme hirsute. Tu es<br />

vraiment entêté ! Dans ces conditions, viens manger et boire, car il te faudra beaucoup <strong>de</strong><br />

forces pour combattre ceux que tu <strong>de</strong>vras affronter ! » Et l’homme servit à Gauvain <strong>de</strong> quoi<br />

<strong>la</strong>rgement se restaurer. Puis, à l’heure <strong>de</strong> midi, il le conduisit dans une cour, lui ordonnant <strong>de</strong><br />

s’armer et l’avertissant <strong>de</strong> s’attendre au pire. Effectivement, Gauvain se trouva en présence<br />

d’un énorme lion qui, tout en écumant, rongeait sa chaîne et creusait <strong>la</strong> terre <strong>de</strong> ses griffes.<br />

En voyant Gauvain, le lion rugit, hérissa sa crinière, ouvrit une gueule monstrueuse. Sa<br />

chaîne tomba et il se précipita sur Gauvain dont il déchira le haubert. Gauvain recu<strong>la</strong> d’abord,<br />

puis, grâce à sa bonne épée, il se mit en <strong>de</strong>voir d’attaquer l’animal. L’affrontement dura<br />

longtemps, mais Gauvain parvint à frapper le lion <strong>de</strong> telle sorte qu’il lui enfonça l’épée<br />

entière jusque dans les entrailles. Le monstre vacil<strong>la</strong> et tomba pour ne plus se relever.<br />

Gauvain espérait se reposer et reprendre sa respiration, mais un autre lion, aussi féroce<br />

que le premier, bondit sur lui et lui arracha son bouclier. Il se défendait avec l’énergie du<br />

désespoir, esquivant les coups <strong>de</strong> pattes meurtriers que lui décochait le lion. Plusieurs fois, il<br />

faillit succomber à <strong>la</strong> force terrifiante <strong>de</strong> l’animal, mais, à un moment, il réussit à frapper son<br />

adversaire au sommet <strong>de</strong> <strong>la</strong> tête : le lion s’effondra et ne bougea plus. « C’est bien, dit<br />

l’homme hirsute, qui avait été témoin <strong>de</strong> <strong>la</strong> bataille. Mais tu ne t’en sortiras pas comme ce<strong>la</strong>.<br />

Si tu m’en croyais, plutôt que <strong>de</strong> réc<strong>la</strong>mer encore le frein, tu viendrais manger et boire chez<br />

moi, et tu t’en retournerais tranquillement à <strong>la</strong> cour du roi Arthur. – Il n’en est pas question,<br />

s’écria Gauvain. Je veux qu’on me remette le frein qu’on a dérobé à <strong>la</strong> jeune fille à <strong>la</strong> mule !<br />

– Tu l’auras voulu ! dit l’homme hirsute. Alors, pénètre dans cette maison. »<br />

Gauvain al<strong>la</strong> dans <strong>la</strong> maison et, dans une chambre, il vit un chevalier qui était couché,<br />

mais qui se leva dès qu’il entra. « Sois le bienvenu, Gauvain, dit le chevalier, mais à présent

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