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Les chevaliers de la table ronde

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Bohort et Léodagan, ainsi que bien d’autres seigneurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> Bretagne armorique. Et, bientôt,<br />

on vit même arriver les troupes <strong>de</strong>s onze rois rebelles, ceux qui ne vou<strong>la</strong>ient pas reconnaître<br />

qu’Arthur était leur souverain légitime. Ils avaient tous pour enseigne <strong>la</strong> bannière b<strong>la</strong>nche à<br />

croix rouge, mais sur celle d’Arthur, que portait Kaï, on voyait un dragon au-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

croix. C’est ainsi que cette gran<strong>de</strong> armée se mit en marche vers <strong>la</strong> cité <strong>de</strong> C<strong>la</strong>rence<br />

qu’assiégeaient les Saxons, plus nombreux que les flots <strong>de</strong> <strong>la</strong> mer. Hérissée <strong>de</strong> ses <strong>la</strong>nces,<br />

l’armée bretonne en marche était semb<strong>la</strong>ble à une forêt dont les frênes auraient eu pour<br />

fleurs <strong>de</strong>s pointes d’acier.<br />

Elle chevaucha toute <strong>la</strong> nuit et, au matin, elle se trouva en vue du camp <strong>de</strong>s Saxons. Il y<br />

avait une brume épaisse, et bientôt une pluie fine mais insinuante se mit à tomber. <strong>Les</strong><br />

Saxons, qui étaient plongés dans un lourd sommeil, furent brusquement réveillés par <strong>la</strong> ruée<br />

<strong>de</strong>s Bretons qui chargeaient à travers le camp, rompant les cor<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s tentes, abattant les<br />

mâts, renversant les pavillons et faisant un tel massacre qu’en peu <strong>de</strong> temps les chevaux<br />

pataugèrent dans le sang. <strong>Les</strong> enseignes étaient si trempées par <strong>la</strong> pluie que les <strong>de</strong>ux partis<br />

ne se reconnaissaient plus qu’à leurs cris <strong>de</strong> guerre. Mais les Saxons se rallièrent au son <strong>de</strong><br />

leurs cornes et <strong>de</strong> leurs buccins, et, constatant que toute résistance était inutile, préférèrent<br />

s’enfuir au galop, abandonnant sur le terrain tout ce qu’ils avaient d’armes et <strong>de</strong> bagages.<br />

<strong>Les</strong> Bretons s’occupèrent alors <strong>de</strong> relever leurs morts et <strong>de</strong> soigner les blessés qui gisaient<br />

sur le champ <strong>de</strong> bataille comme <strong>de</strong>s brebis égorgées. Puis, après quelques heures <strong>de</strong> repos,<br />

on se remit en route vers <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> C<strong>la</strong>rence.<br />

À <strong>la</strong> nuit tombante, on se trouva aux abords <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville en un lieu appelé Mont-Badon : on<br />

pouvait encore voir, dans <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ine, <strong>la</strong> masse imposante <strong>de</strong> l’armée <strong>de</strong>s Saxons qui attendait<br />

le moment propice pour se <strong>la</strong>ncer à l’assaut. <strong>Les</strong> Bretons dressèrent leur camp sur les<br />

collines, tout en surveil<strong>la</strong>nt ce qui se passait au-<strong>de</strong>ssous d’eux, attentifs au moindre<br />

mouvement suspect. L’impatience qu’ils avaient <strong>de</strong> se <strong>la</strong>ncer contre l’ennemi était cependant<br />

tempérée par l’obscurité, et il fut décidé qu’on attaquerait le len<strong>de</strong>main à l’aube. Chacun se<br />

retira alors dans sa tente. Quant aux onze rois rebelles, ils s’étaient établis à l’écart <strong>de</strong>s<br />

autres, pour bien montrer leur différence, et ils tenaient conseil pour savoir quelle était <strong>la</strong><br />

conduite à tenir.<br />

C’est alors que Merlin se présenta à eux. Il avait gardé son aspect habituel et tous le<br />

reconnurent, manifestant une gran<strong>de</strong> joie et lui faisant le meilleur accueil. « Merlin, lui direntils,<br />

ton absence nous a fait cruellement défaut, car nous avions besoin <strong>de</strong> tes conseils. Tu<br />

nous vois aujourd’hui dans le plus grand embarras. Et puisque tu es le plus sage <strong>de</strong>s<br />

hommes, révèle-nous ce qu’il adviendra du royaume <strong>de</strong> Bretagne ! – Certes, répondit Merlin,<br />

mon absence vous a beaucoup nui, mais je vou<strong>la</strong>is savoir ce que vous étiez capables <strong>de</strong> faire<br />

par vous-mêmes. Vous êtes tous <strong>de</strong>s hommes courageux et intrépi<strong>de</strong>s. Vous êtes tous <strong>de</strong><br />

bonne naissance et votre puissance ne peut être mise en doute. De plus, vous avez été <strong>de</strong><br />

bons et loyaux serviteurs pour votre roi Uther Pendragon, et vous l’avez aidé à débarrasser<br />

ce pays <strong>de</strong>s Saxons. Mais les temps ont changé. Aujourd’hui, vous refusez <strong>de</strong> reconnaître<br />

pour votre roi celui que Dieu a désigné, et le malheur s’est abattu sur le royaume. Il faut<br />

vous en prendre à vous-mêmes, seigneurs. Moi, je ne peux rien contre votre mauvaise<br />

volonté. »<br />

Le roi Loth se fit l’interprète <strong>de</strong>s onze. « Que faut-il donc que nous fassions ? » <strong>de</strong>manda-til.<br />

Merlin prit <strong>la</strong> parole et dit : « Seigneurs, le moment est venu <strong>de</strong> tout perdre ou <strong>de</strong> tout

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