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Les chevaliers de la table ronde

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contre les Saxons à Mont-Badon, et je t’ai fidèlement servi. Mais au lieu <strong>de</strong> me récompenser,<br />

tu as disposé du domaine dont j’avais hérité pour le donner à d’autres qui avaient ta faveur.<br />

– Je ne m’en souviens pas, dit Arthur. – C’est bien ce que je te reproche. Aussi, aujourd’hui,<br />

puisque tu es à ma merci, je vais accomplir ma vengeance, et mon honneur sera sauf. » Et<br />

l’homme leva sa massue au bout <strong>de</strong> son bras noueux. Arthur se leva précipitamment, mais il<br />

n’avait pas son épée Excalibur, n’ayant apporté que <strong>de</strong>s javelots pour <strong>la</strong> chasse.<br />

« Attends ! s’écria le roi. Je peux t’accor<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s compensations ! – Ah oui, reprit l’homme<br />

à <strong>la</strong> massue avec ironie, et tu dépouilleras un autre pour me donner ses terres ! Apprends<br />

que je n’ai nul besoin qu’on me donne <strong>de</strong>s terres, car je les possè<strong>de</strong> toutes. Ne suis-je pas<br />

libre en effet dans cette forêt ? Ne suis-je pas chez moi partout ? N’ai-je pas <strong>la</strong> possession <strong>de</strong><br />

tous les animaux qui <strong>la</strong> peuplent ? Mais puisque tu es disposé à m’offrir <strong>de</strong>s compensations,<br />

je vais te faire une honnête proposition : je te <strong>la</strong>isse <strong>la</strong> vie si tu réponds à <strong>la</strong> question que je<br />

te poserai. Et je te <strong>la</strong>isserai même <strong>de</strong>s dé<strong>la</strong>is pour y répondre. – Quelle question ? <strong>de</strong>manda<br />

le roi. – Voici : qu’est-ce que les femmes aiment par-<strong>de</strong>ssus tout ? Je veux ta réponse ici<br />

même dans un an jour pour jour, et tu vas jurer sur ton honneur d’y revenir au jour dit. »<br />

Arthur comprenait qu’il n’avait pas le choix pour se sortir <strong>de</strong> cette situation. L’homme à <strong>la</strong><br />

massue était redou<strong>table</strong>, et lui-même était désarmé. Il fit donc le serment <strong>de</strong> revenir au<br />

même endroit dans un an jour pour jour. Alors l’homme à <strong>la</strong> massue le <strong>la</strong>issa et disparut dans<br />

<strong>la</strong> forêt.<br />

La première chose que fit Arthur, dès qu’il fut <strong>de</strong> retour à Kaerlion, ce fut <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à<br />

Merlin quelle était <strong>la</strong> bonne réponse à cette question. Mais Merlin se mit à rire et dit : « Ce<br />

n’est pas à moi qu’on a posé <strong>la</strong> question, mais à toi. Ne compte donc pas sur moi pour te<br />

donner <strong>la</strong> réponse, si tant est d’ailleurs qu’il y en ait une seule et unique. » Arthur n’insista<br />

pas mais, tout au long <strong>de</strong> l’année, il interrogea les uns et les autres. Or, chaque fois, les<br />

réponses étaient différentes. Et, au fur et à mesure que les jours passaient, le roi était <strong>de</strong><br />

plus en plus angoissé, se <strong>de</strong>mandant quelle était <strong>la</strong> réponse qui satisferait l’homme à <strong>la</strong><br />

massue.<br />

Au jour dit, au bout <strong>de</strong> l’année, le roi Arthur reprit le chemin <strong>de</strong> <strong>la</strong> forêt et se dirigea vers<br />

<strong>la</strong> vallée où il avait ren<strong>de</strong>z-vous. Il était triste et pensif. C’est alors que surgit <strong>de</strong>s fourrés une<br />

femme d’une <strong>la</strong>i<strong>de</strong>ur monstrueuse : ses membres étaient tordus, ses cheveux étaient crépus,<br />

son visage disgracieux, couvert <strong>de</strong> pustules, ses vêtements sales et dépenaillés. La femme<br />

vint vers lui : « Arrête-toi, dit-elle. Je connais ton problème, je sais que tu dois donner une<br />

réponse à une question et que <strong>de</strong> cette réponse dépend ta vie. Mais je sais aussi que toutes<br />

les réponses que tu as recueillies pendant cette année sont mauvaises. Il n’y a que moi à<br />

connaître <strong>la</strong> vraie réponse, celle qui pourra épargner ta vie. – C’est bien, dit Arthur. Dis-<strong>la</strong>moi<br />

et tu peux être sûre que je te récompenserai <strong>la</strong>rgement. – J’y compte bien, dit <strong>la</strong> femme.<br />

Je te dévoilerai <strong>la</strong> réponse si tu jures <strong>de</strong> m’emmener avec toi à Kaerlion et <strong>de</strong> faire <strong>de</strong> moi ta<br />

concubine au vu et au su <strong>de</strong> tout le mon<strong>de</strong>. » Arthur <strong>de</strong>meura pétrifié. Il regardait <strong>la</strong> femme :<br />

elle était si horrible qu’il se <strong>de</strong>mandait s’il fal<strong>la</strong>it accepter une telle proposition. Certes, si tout<br />

<strong>de</strong>vait se passer sans témoins, Arthur se sentait prêt à tenter l’épreuve ; mais il lui semb<strong>la</strong>it<br />

impossible <strong>de</strong> présenter à ses barons et à ses familiers un tel monstre. Que dirait-on <strong>de</strong> lui et<br />

quels commentaires n’irait-on point faire ? Mais, d’un autre côté, il fal<strong>la</strong>it bien qu’il prît une<br />

décision pour se débarrasser <strong>de</strong> l’homme à <strong>la</strong> massue. Il finit par accepter. « Jure-le », dit <strong>la</strong><br />

femme. Et Arthur fit le serment d’emmener <strong>la</strong> femme à Kaerlion et d’en faire sa concubine au

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