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Les chevaliers de la table ronde

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5<br />

Viviane<br />

Merlin avait séjourné pendant un assez long temps auprès <strong>de</strong> sa sœur Gwendydd, dans <strong>la</strong><br />

forêt <strong>de</strong> Kelyddon, et il s’était entretenu bien <strong>de</strong>s fois avec le bar<strong>de</strong> Taliesin, ainsi qu’avec<br />

l’ermite B<strong>la</strong>ise à qui il avait dicté le récit <strong>de</strong>s événements qui s’étaient déroulés dans le<br />

royaume <strong>de</strong> Bretagne. Merlin avait également erré dans cette forêt qu’il aimait, et il avait<br />

chanté pour les oiseaux et les bêtes. Il s’était reposé à l’ombre <strong>de</strong>s pommiers, en compagnie<br />

du loup gris avec lequel il avait vécu <strong>de</strong> durs moments aux temps où <strong>la</strong> folie s’était emparée<br />

<strong>de</strong> son esprit. Puis, un jour, Merlin avait pris congé <strong>de</strong> Gwendydd, <strong>de</strong> Taliesin et <strong>de</strong> B<strong>la</strong>ise.<br />

« Je ne reviendrai plus ici, avait-il dit. Mais ne soyez pas tristes, car je serai toujours présent<br />

dans vos mémoires. Il me faut aller vers le roi Arthur, car rien n’est encore fait <strong>de</strong> ce qui doit<br />

être accompli. » Alors, sans se retourner, il s’éloigna sur le chemin et disparut dans les<br />

profon<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> <strong>la</strong> forêt.<br />

Lorsqu’il rejoignit <strong>la</strong> cour d’Arthur, qui se trouvait à Kaerlion sur Wysg, beaucoup <strong>de</strong> gens<br />

l’y accueillirent avec joie, car ils espéraient beaucoup <strong>de</strong> ses conseils et <strong>de</strong> ses<br />

connaissances. Arthur le prit à part et lui dit : « Merlin, je suis très ennuyé. J’ai couché avec<br />

<strong>de</strong> nombreuses femmes jusqu’à ce jour, mais aucune d’elles n’a vraiment fait vibrer mon<br />

cœur, et je n’ai jamais pensé en faire une reine. Or, mes barons n’arrêtent pas <strong>de</strong> me faire<br />

<strong>de</strong>s reproches chaque jour parce que je ne me marie pas. Ils disent qu’il n’y a point <strong>de</strong> bon<br />

roi sans une bonne reine. Que me conseilles-tu ? Je ne saurais en effet prendre une décision<br />

<strong>de</strong> cet ordre sans avoir ton avis, toi qui as justement marié ma mère et le roi Uther. Je m’en<br />

tiendrai à ce que tu me diras, exactement comme le faisait mon père.<br />

— Tes barons ont raison, seigneur roi, répondit Merlin, car il n’y a pas <strong>de</strong> bon roi sans une<br />

bonne reine, et tu es vraiment en âge <strong>de</strong> te marier. Mais dis-moi sans mentir : y a-t-il une<br />

femme qui pourrait te p<strong>la</strong>ire plus qu’une autre ? N’oublie pas qu’un homme <strong>de</strong> ton rang ne<br />

peut pas épouser une femme indigne d’être reine. Il faut qu’elle soit belle, avenante,<br />

intelligente et d’une famille irréprochable. » Le roi hésita un instant, puis il dit : « Oui, Merlin,<br />

j’en connais une qui est <strong>de</strong> très bonne famille, qui me p<strong>la</strong>ît beaucoup et que je sens digne<br />

d’être reine. Et je t’assure que si je ne l’obtiens pas, je ne me marierai jamais !<br />

— Par Dieu ! s’écria Merlin, faut-il que tu l’aimes pour en parler sur ce ton ! Tu me<br />

rappelles ton père, le roi Uther, lorsqu’il se mourait d’amour pour ta mère ! Dis-moi donc qui<br />

elle est, et je m’engage à aller <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>de</strong> ta part, pourvu que tu me fournisses une<br />

bonne escorte, car on ne peut <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r une jeune fille en mariage que lorsqu’on y met<br />

certaines formes !<br />

— Eh bien, reprit Arthur, puisque tu acceptes cette mission, je peux te révéler qui est<br />

cette jeune fille à <strong>la</strong>quelle je pense déjà <strong>de</strong>puis longtemps : il s’agit <strong>de</strong> Guenièvre, <strong>la</strong> fille du<br />

roi Léodagan <strong>de</strong> Carméli<strong>de</strong>, celui qui est le dépositaire <strong>de</strong> cette Table Ron<strong>de</strong> que tu as<br />

établie avec mon père, le roi Uther, et qui a accueilli à sa cour ce qui reste <strong>de</strong>s compagnons<br />

qui avaient été admis à cette Table. Guenièvre n’a pas à rougir <strong>de</strong> ses origines, bien au<br />

contraire, et c’est, je pense, à l’heure actuelle, <strong>la</strong> plus belle et <strong>la</strong> plus renommée <strong>de</strong> toutes

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