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Les chevaliers de la table ronde

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étaient vertes, et <strong>de</strong> nombreux troupeaux y paissaient. <strong>Les</strong> vergers étaient fournis, les<br />

granges pleines, et les cités regorgeaient <strong>de</strong> marchandises. Là, les habitants ne faisaient pas<br />

attention à lui et personne ne le maudissait lorsqu’il traversait un vil<strong>la</strong>ge. Mais il continuait<br />

son chemin, ne sachant pas où il al<strong>la</strong>it, l’esprit agité <strong>de</strong> sombres pensées. Mais, alors qu’il<br />

suivait un sentier dans <strong>la</strong> forêt, il vit un beau cheval attaché dans une c<strong>la</strong>irière, et, à côté, un<br />

homme à genoux sur l’herbe et qui se <strong>la</strong>mentait.<br />

« Dieu te sauve ! dit Balin. Pourquoi ce chagrin ? Puis-je faire quelque chose pour toi ? »<br />

L’homme se releva et lui répondit : « Personne ne peut plus rien pour moi. Ma vie est finie, et<br />

je vais me tuer avec cette épée. – Pour l’amour <strong>de</strong> Dieu, dit Balin, ne commets pas cette<br />

action ! » Mais l’autre ne semb<strong>la</strong>it pas entendre. Il continua <strong>de</strong> se <strong>la</strong>menter : « Ah, fille<br />

traîtresse ! disait-il en sanglotant, tu seras <strong>la</strong> cause <strong>de</strong> ma mort. » Et il al<strong>la</strong>it se frapper avec<br />

son épée quand Balin lui saisit le bras et lui arracha son arme. « Laisse-moi, dit l’autre. Je<br />

veux mourir ! » Balin lui dit : « Avant que tu n’accomplisses l’irréparable, dis-moi au moins <strong>la</strong><br />

raison <strong>de</strong> ton désespoir. – Qui es-tu ? <strong>de</strong>manda l’homme. – Je me nomme Balin le Sauvage. –<br />

Le chevalier aux <strong>de</strong>ux épées ! J’ai entendu dire que tu étais le meilleur chevalier du mon<strong>de</strong> !<br />

– Hé<strong>la</strong>s ! dit Balin, je suis aussi le chevalier le plus malheureux qu’on ait vu sur cette terre !<br />

Et toi, qui es-tu ? – Mon nom est Garnish <strong>de</strong> <strong>la</strong> Montagne. Je suis le fils d’un homme pauvre,<br />

mais je suis <strong>de</strong>venu chevalier par prouesse et vail<strong>la</strong>nce et j’ai obtenu <strong>de</strong>s terres <strong>de</strong> mon<br />

seigneur. Ce seigneur a une fille dont je suis <strong>de</strong>venu follement amoureux. Elle a répondu à<br />

mon amour, mais elle n’était pas sincère, je le vois bien, car elle se rit <strong>de</strong> moi et se conduit<br />

comme une ribau<strong>de</strong> !<br />

— Et si je te réconciliais avec elle ? dit Bali – Tu ne le pourras pas, répondit Garnish. – Je<br />

veux quand même essayer. Où se trouve celle que tu aimes ? – Dans un manoir, à quelques<br />

lieues d’ici. – Viens avec moi », dit Balin.<br />

Garnish <strong>de</strong> <strong>la</strong> Montagne remonta sur son cheval et suivit Balin. Après avoir parcouru<br />

quelques lieues, ils se trouvèrent en face d’un beau manoir <strong>de</strong> pierre grise, entouré <strong>de</strong> hauts<br />

murs. « C’est ici qu’elle rési<strong>de</strong> », dit Garnish. Balin lui répondit : « Attends-moi ici. Je vais<br />

entrer dans le manoir, je <strong>la</strong> chercherai et je lui parlerai en ton nom. – Elle n’est peut-être pas<br />

là en ce moment ! » soupira Garnish. Mais Balin n’attendit plus. Il pénétra dans le manoir,<br />

<strong>de</strong>scendit <strong>de</strong> son cheval et al<strong>la</strong> <strong>de</strong> chambre en chambre. Tout était vi<strong>de</strong>. Pourtant, il y avait<br />

<strong>de</strong> beaux meubles et <strong>de</strong>s tapisseries <strong>de</strong> grand prix. Une <strong>table</strong> était dressée dans une salle,<br />

couverte <strong>de</strong> nourriture et <strong>de</strong> breuvages. Balin continua d’avancer et se trouva dans le verger.<br />

Là, il vit, sous un <strong>la</strong>urier, <strong>la</strong> fille allongée sur l’herbe verte, tendrement en<strong>la</strong>cée avec un<br />

homme. Tous <strong>de</strong>ux dormaient et ne se réveillèrent pas lorsque Balin passa auprès d’eux.<br />

Alors il revint sur ses pas et s’en al<strong>la</strong> rejoindre Garnish. « <strong>Les</strong> femmes ne valent pas <strong>la</strong> peine<br />

d’être aimées, dit-il. Je vais te donner <strong>la</strong> preuve que <strong>la</strong> femme que tu aimes est indigne <strong>de</strong><br />

toi ! » Il l’entraîna dans le manoir et lui montra l’homme et <strong>la</strong> femme en<strong>la</strong>cés sous le <strong>la</strong>urier.<br />

« Misère ! s’écria Garnish, tu n’aurais jamais dû me faire venir ici, car cette vue redouble mon<br />

tourment ! » Et, saisi <strong>de</strong> rage, Garnish se précipita sur les <strong>de</strong>ux corps, les transperça avec son<br />

épée et retourna son arme contre lui. Il s’effondra sur ceux qu’il venait <strong>de</strong> tuer.<br />

Des hurlements se firent entendre dans le manoir. « Voyez ! Ce chevalier vient <strong>de</strong> les<br />

tuer ! Emparez-vous <strong>de</strong> lui pour qu’il paie sa trahison ! » Balin se précipita au-<strong>de</strong>hors, sauta<br />

sur son cheval et se mit à galoper avec rage et fureur, le cœur étreint d’un désespoir encore<br />

plus grand. Il chevaucha pendant trois jours et trois nuits. Au bout <strong>de</strong> ce temps, il s’arrêta

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