[Juge Ti NE-11] Guid..
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uptures architecturales témoignaient d’un agrandissement<br />
récent. Ils acquirent de l’encens et pénétrèrent dans la cour, où<br />
ils s’inclinèrent trois fois en direction de l’autel, que l’on<br />
apercevait par les portes ouvertes. Puis ils fichèrent les<br />
baguettes odorantes dans un vaste brûle-parfum. Deux prêtres<br />
de la religion populaire qui les guettaient depuis leur entrée<br />
attendirent qu’ils eussent fini pour venir les saluer. Les<br />
lieutenants de <strong>Ti</strong> dédaignèrent les habituelles prières et babioles<br />
que la pagode distribuait en échange d’offrandes. Ils<br />
demandèrent quel était le sanctuaire de la forêt, et furent très<br />
surpris d’apprendre qu’il n’y en avait aucun.<br />
Le récit de leur nuit d’horreur plongea les deux religieux<br />
dans la perplexité. Une seule explication s’imposait :<br />
— Vos seigneuries auront dérangé des chimei. Ce sont des<br />
créatures démoniaques à grandes canines qui vivent dans les<br />
endroits inaccessibles. Ils singent notre comportement, sont<br />
friands de chair humaine et ne reculent devant rien pour s’en<br />
procurer.<br />
— Il faut exterminer ces créatures ! s’écria Ma Jong.<br />
— Si vous y parvenez, nous aurions une requête à vous<br />
soumettre, dit l’un des prêtres.<br />
Grands connaisseurs de la magie taoïque, les chimei<br />
possédaient parfois des collections étonnantes d’ouvrages<br />
occultes, que les prêtres eussent volontiers récupérés. Les<br />
hommes de <strong>Ti</strong> promirent de leur rapporter les livres en même<br />
temps que la peau des démons. Alors qu’ils quittaient le<br />
sanctuaire, ils croisèrent deux femmes qui apportaient une<br />
caisse de vin dans le pavillon d’habitation. Ils en conçurent un<br />
doute quant à la qualité mystique des deux prêtres, qui n’étaient<br />
pas censés céder aux plaisirs de ce monde.<br />
Quand ils se furent arrachés aux mains des masseurs, <strong>Ti</strong> et<br />
Tao Gan décidèrent de faire un tour en ville. Il y régnait une<br />
ambiance douce et agréable, une ambiance de paix. À la<br />
différence de Chang-an, les portes étaient ouvertes, les<br />
marchandises attendaient au bord de la rue, comme si les<br />
habitants n’avaient pas craint les voleurs. Le mandarin n’y<br />
respira aucune odeur de crime, de peur ou de malheur, et il s’y<br />
connaissait.<br />
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