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Les larmes de Marie-Antoinette

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longer entièrement l’immense château, admirant <strong>de</strong>puis<br />

la terrasse où les bâtisseurs l’avait posé comme une<br />

offran<strong>de</strong> au soleil, la sublime perspective qu’ouvrait à<br />

partir du bassin <strong>de</strong> Latone le large ruban bleu du Grand<br />

Canal fuyant vers l’horizon. La paix ambiante ajoutait à la<br />

majesté <strong>de</strong>s lieux et la vieille fille éprouvait un plaisir<br />

accru en se rappelant que ses ancêtres, sous trois règnes,<br />

avaient hanté ce palais, ces jardins, ce parc et foulé ce sol<br />

<strong>de</strong> leurs talons rouges. Une assiduité qui les avait<br />

pratiquement ruinés, ce qu’aucun – pas même elle ! –<br />

n’avait eu le mauvais goût <strong>de</strong> regretter. Elle s’imagina un<br />

instant vêtue <strong>de</strong> satin et <strong>de</strong> <strong>de</strong>ntelles, son ample jupe<br />

traînant sur le fin gravier, un éventail à la main, coiffée « à<br />

l’oiseau royal » ou « à l’enfant », distribuant sourires et<br />

révérences aux fantômes scintillants que son imagination<br />

lui montrait… Il lui sembla apercevoir le Roi – Louis XV et<br />

pas Louis XIV qu’elle n’aimait guère ! –, splendi<strong>de</strong> dans<br />

un habit scintillant <strong>de</strong> diamants, coiffé d’un tricorne bordé<br />

<strong>de</strong> plumes blanches, une main appuyée sur une haute<br />

canne, l’autre menant une dame rieuse en robe d’azur<br />

miroitant. Incroyable ce que pouvait être évocatrice la<br />

légère brume dorée annonçant une journée chau<strong>de</strong> qui<br />

montait <strong>de</strong>s arbres et <strong>de</strong>s eaux !…<br />

Désertes à cette heure, les Gran<strong>de</strong>s Marches glissant<br />

le long <strong>de</strong> l’Orangerie lui firent courir dans le dos un<br />

frisson <strong>de</strong> plaisir. Que <strong>de</strong> pieds illustres les avaient-ils<br />

<strong>de</strong>scendues ! Elle croyait entendre encore leur<br />

martèlement, les froissements <strong>de</strong>s robes <strong>de</strong> cour. En face<br />

c’était le ciel immense, en bas, la pièce d’eau <strong>de</strong>s Suisses<br />

où l’on patinait l’hiver…

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