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Les larmes de Marie-Antoinette

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ythme inhabituel où la hâte se mêlait à une vague<br />

inquiétu<strong>de</strong>. Que ferait Pauline en rentrant ? L’appelleraitelle<br />

pour lui donner ren<strong>de</strong>z-vous à l’un <strong>de</strong>s bars ou dans<br />

un salon ? Ou encore – ce qu’il espérait ! – le ferait-elle<br />

venir chez elle ?<br />

Des minutes qui semblaient <strong>de</strong>s heures passèrent.<br />

Interminables, occupées par la fumée <strong>de</strong>s cigarettes<br />

qu’Aldo allumait l’une après l’autre. De temps en temps, il<br />

se levait pour respirer l’air frais du soir ou le bouquet <strong>de</strong><br />

roses posé sur un guéridon. Il se retrouvait à quinze ans<br />

attendant son premier ren<strong>de</strong>z-vous d’amour mais gardait<br />

cependant assez <strong>de</strong> sang-froid pour s’irriter <strong>de</strong> cette<br />

faiblesse. Il se jugeait ridicule : le téléphone allait sonner<br />

d’un instant à l’autre et Pauline lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>rait <strong>de</strong> la<br />

rejoindre pour boire un verre ensemble, évoquer leurs<br />

souvenirs <strong>de</strong> l’été précé<strong>de</strong>nt et rien ne voulait dire qu’elle<br />

réveillerait celui <strong>de</strong> leur minute d’abandon dans la<br />

bibliothèque. Ils étaient <strong>de</strong>s amis, seulement <strong>de</strong>s amis !<br />

Ne s’y étaient-ils pas engagés solennellement ? Pourtant<br />

son moi profond rejetait cette mièvrerie, cette comédie <strong>de</strong><br />

l’amitié. Si à Newport il n’avait pas senti l’approche du<br />

désir, cette nuit il le savait là, prêt à l’embraser dès que sa<br />

main toucherait celle <strong>de</strong> Pauline… Il en fut même effrayé<br />

au point <strong>de</strong> songer à fuir en laissant un mot <strong>de</strong>rrière lui…<br />

Et puis, peu avant minuit, on frappa à sa porte, qui<br />

s’ouvrit, et Pauline entra sans rien dire. Elle le regardait<br />

seulement, <strong>de</strong>bout <strong>de</strong>vant le vantail repoussé et ce regard<br />

fascina Aldo. Il se leva lentement pour aller vers elle, vers<br />

ce visage dont la passion exaltait la beauté sensuelle.<br />

Comme au petit matin <strong>de</strong> Newport, elle tendit les bras

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