Catalogue festival Guédiguian 2012 - Ciné Meaux Club
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Biographie<br />
« Bien qu’ayant tourné la totalité de ses fi lms<br />
à Marseille et plus particulièrement dans le<br />
quartier de l’Estaque, Robert <strong>Guédiguian</strong> n’est<br />
en rien un cinéaste régionaliste ; il parle au<br />
contraire du monde d’aujourd’hui ; des rapports<br />
sociaux, de la destinée des petites gens<br />
[…] le cinéma de <strong>Guédiguian</strong> est politique » (in<br />
Claude Beylie, Une histoire du cinéma français<br />
des origines à nos jours, Larousse, 2005).<br />
Marseille plus <strong>Guédiguian</strong> égal cinéma social.<br />
Depuis le succès de Marius et Jeannette,<br />
l’équation fait fl orès. Pour aggraver<br />
son cas, la paresse journalistique et son<br />
goût du poncif ajoutent au mieux « monde<br />
ouvrier », au pire Pagnol ou « pagnolade ».<br />
Le cinéma de Robert <strong>Guédiguian</strong> et le cinéaste<br />
méritent pourtant mieux que l’exercice<br />
folliculaire. Même si chacun a entendu<br />
ou vu <strong>Guédiguian</strong> lui-même rappeler ses<br />
origines, défendre ses causes, ses fi lms et<br />
sa conception de l’art cinématographique,<br />
il convient d’inscrire toutes ces déterminations<br />
dans sa formation, entre son activité<br />
principale, le métier de producteur, que le<br />
grand public ignore généralement, et une<br />
galaxie d’infl uences intellectuelles et artistiques<br />
qui sculptent un cinéaste toujours<br />
en éveil.<br />
Le Bildungsroman d’un petit-fi ls d’Arménien<br />
1953. Alors que, heureux augures, Paul<br />
Carpita dirige sur le port les premières<br />
scènes du mythique Le Rendez-vous des<br />
quais (1955), Robert <strong>Guédiguian</strong> naît à<br />
Marseille, dans le quartier populaire de<br />
l’Estaque, au nord de la cité. Son père,<br />
Grégoire, est d’origine arménienne ; sa<br />
famille est installée dans le centre-ville<br />
de la cité phocéenne depuis le génocide.<br />
L’homme est électromécanicien sur les<br />
chantiers navals. Sa mère, Annelise, est<br />
d’origine et de langue maternelle allemandes.<br />
Ses parents s’étaient rencontrés<br />
en Allemagne, pendant la réquisition du<br />
BIOGRAPHIE<br />
10<br />
père par le Service du travail obligatoire<br />
(1943). Après guerre, l’ouvrier amoureux<br />
est revenu chercher en Westphalie la jeune<br />
femme, et ils se sont mariés à l’Estaque, où<br />
ils avaient trouvé un petit logement.<br />
Dans la famille du jeune Robert, on est plutôt<br />
proche du Parti communiste, et le père<br />
est encarté à la CGT, comme la plupart<br />
des ouvriers des chantiers navals. Mais on<br />
parle assez rarement de théorie politique à<br />
la maison : peu de journaux, peu de livres.<br />
Juste l’obligation tacite de bien travailler<br />
à l’école pour le jeune garçon et sa sœur<br />
cadette, avec en perspective l’amélioration<br />
sensible de sa condition sociale. Sa<br />
« conscience de classe », le jeune Robert<br />
se la fabrique dans le quartier-village, dominé<br />
par les deux usines Kuhlmann et Lafarge<br />
et leurs maisons de maîtres où habite<br />
le personnel d’encadrement (Rouge midi,<br />
1985). Par opposition, il se montre sensible<br />
aux sacrifi ces auxquels consentent ses<br />
parents, aux multiples accidents de travail<br />
de son père et aux ménages que fait sa<br />
mère. Son horizon, déjà vaste avec la mer<br />
et la multitude des nationalités de la villemonde,<br />
s’accroît par la fréquentation de<br />
la famille paternelle (<strong>Guédiguian</strong> évoque<br />
volontiers les souvenirs de sa grand-tante<br />
ou de ses grands-parents) ou les vacances<br />
dans le Heimat maternel : il apprend et<br />
parle couramment la langue de Goethe,<br />
dont il s’attache bientôt à la littérature<br />
classique et notamment le romantisme<br />
allemand, domaine rendu familier par la<br />
modeste culture scolaire de sa mère. Mais<br />
la littérature française (Hugo, Dumas…)<br />
n’est pas en reste : le petit garçon qui lit le<br />
soir à la lumière du réverbère public parce<br />
que l’électricité coûte cher (toujours Rouge<br />
midi), peut-être est-ce Robert <strong>Guédiguian</strong> ?<br />
Pendant ces années, celui-ci fréquente surtout<br />
le « cinéma du samedi soir » qui passe<br />
dans les nombreux cinémas de quartier<br />
où l’emmènent son père ou sa mère :<br />
Tarzan, Hercule, Les Vikings (Fleischer,<br />
1958). Il rencontre aussi quelques fi lms à<br />
la télévision, que ses parents acquièrent<br />
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