Catalogue festival Guédiguian 2012 - Ciné Meaux Club
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PIER PAOLO PASOLINI<br />
(5 mars 1922- 2 novembre 1975)<br />
Pasolini est né à Bologne<br />
en 1922. Son père est offi<br />
cier, sa mère institutrice.<br />
Avec le frère cadet Guido,<br />
la famille au complet<br />
déménage de ville en ville, toujours en garnison<br />
dans le Nord du pays. Très tôt, le petit Pier<br />
Paolo montre son goût pour la poésie. Il obtient<br />
son baccalauréat, fait de la peinture et pendant<br />
la guerre, enseigne aux jeunes gens de bonne<br />
famille, notamment à Casarsa où sa mère est<br />
institutrice. Là, il noue des liens avec la culture<br />
maternelle : la langue frioulane. C’est aussi à<br />
cette époque qu’il publie ses premiers livres et<br />
fonde avec quelques amis des revues littéraires<br />
pendant que son père est fait prisonnier au<br />
Kenya. Guido est tué début 1945 au cours d’un<br />
aff rontement entre partisans italiens et yougoslaves.<br />
Pasolini vit très douloureusement cet<br />
événement. Professeur, il adhère au Parti communiste<br />
et exalte les classes laborieuses dans<br />
sa littérature. Il est exclu deux ans plus tard à<br />
la suite d’une accusation de détournement de<br />
mineur. Ce procès, premier d’une longue série,<br />
le convainc de quitter le Frioul fi n 49, et de s’installer<br />
à Rome avec sa mère adorée.<br />
A Rome, les Pasolini vivent dans un quartier<br />
populaire. Pier Paolo cumule les petits boulots<br />
d’enseignant, de rédacteur, de journaliste<br />
et de critique, tout en écrivant beaucoup. Ses<br />
recueils et son anthologie de la poésie dialectale<br />
italienne rencontrent bientôt le succès. Il<br />
fréquente Carlo Emilio Gadda et travaille avec<br />
Elsa Morante et Alberto Moravia. Surtout, il<br />
observe le petit peuple sous-prolétarien et en<br />
tire deux romans qui assoient sa renommée :<br />
Les Ragazzi (1955) et Une vie violente (1959).<br />
Dès 1954, il travaille également pour le cinéma.<br />
Il écrit un fi lm pour Mario Soldati, puis un<br />
scénario avec le grand Giorgio Bassani, enfi n<br />
plusieurs fi lms importants pour Mauro Bolognini<br />
(Le Bel Antonio, 1960) avant de réaliser<br />
lui-même son premier fi lm : Accatone (1961).<br />
Comme dans Mamma Roma (1962), il s’attache<br />
à décrire le monde des mauvais garçons et<br />
des prostituées, dans une veine qui dépasse le<br />
néoréalisme par sa poésie et son usage d’une<br />
langue populaire. Par ailleurs, il truff e son cinéma<br />
de provocations religieuses ou d’allusions<br />
sexuelles qui lui attirent les foudres des<br />
bien-pensants et de l’Eglise catholique. On lui<br />
pardonne mal d’affi cher son homosexualité.<br />
BIOGRAPHIE PIER PAOLO PASOLINI<br />
88<br />
Son Matthieu (1964) divise les croyants mais<br />
Théorème (1968) et sa vision de la visitation<br />
trouvent peu d’admirateurs dans le camp catholique.<br />
Les saisies de copie alternent avec les<br />
procès pour pornographie.<br />
Laissant tomber la fi gure christique, c’est ensuite<br />
à travers le mythe et l’adaptation d’œuvres<br />
littéraires que Pasolini continue de construire<br />
un univers où sont intimement mêlés sacré et<br />
profane, érotisme et dépouillement, marxisme<br />
et mysticisme : Œdipe Roi (1967), Médée (1970)<br />
avec une Callas aphone, la Trilogie de la vie où il<br />
fait l’acteur plus qu’à l’accoutumée (Le Décaméron,<br />
1971 ; Les Contes de Canterbury, 1972 ; Les<br />
Mille et Une Nuits, 1974). Cette période d’intense<br />
création est diversement appréciée. On lui reproche<br />
son comédien fétiche Ninetto Davoli,<br />
présent sur tous ces fi lms. On lui oppose le négligé<br />
de son cinéma. Et la gauche italienne ne<br />
digère pas ses positions contre 68. C’est à cette<br />
époque que la noirceur de Pasolini devient la<br />
plus intense. Affl igé par la société de consommation,<br />
la télévision et la politique italienne,<br />
il entame en 1973 dans le Corriere della serra<br />
une série retentissante d’articles sur son pays.<br />
Il synthétise son pessimisme dans le très sombre<br />
Salo ou les 120 journées de Sodome (1975)<br />
qu’il a à peine le temps d’achever. Pasolini est<br />
en eff et assassiné sur une plage d’Ostie dans<br />
des circonstances si troubles qu’aujourd’hui<br />
encore, malgré la condamnation d’un jeune<br />
prostitué qui s’accusa du meurtre, le dossier judiciaire<br />
n’est pas clos.<br />
Des six cinéastes italiens majeurs de l’Aprèsguerre<br />
que l’histoire retient généralement Antonioni,<br />
Fellini, Rossellini, Visconti, Rosi et Pier Paolo<br />
Pasolini, le dernier est bien le plus atypique.<br />
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