03.07.2013 Views

Catalogue festival Guédiguian 2012 - Ciné Meaux Club

Catalogue festival Guédiguian 2012 - Ciné Meaux Club

Catalogue festival Guédiguian 2012 - Ciné Meaux Club

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

corrélation au nombre d’entrées) taraude<br />

<strong>Guédiguian</strong> pour qui la question de la fi -<br />

délité à sa classe d’origine, l’idée de la représenter<br />

à l’écran avec justesse, est fondamentale.<br />

Et être fi dèle à sa classe, à ses<br />

origines, c’est aussi faire un cinéma fi dèle<br />

à soi-même.<br />

Ainsi, les fi lms de <strong>Guédiguian</strong> sont-ils faits<br />

de lui-même. Il est dans tous les personnages<br />

qu’il agite sur l’écran, les bons qui sont<br />

les plus nombreux, mais aussi les mauvais.<br />

Il est dans tous les gestes, tous les petits<br />

riens qui font eff et de réalité. Tous ses personnages<br />

« ont des raisons », comme dans<br />

La Règle du jeu (1939). C’est à ce titre que<br />

s’est instauré à son insu ce principe de la<br />

bande, de la troupe, de la tribu qui revient<br />

de fi lm en fi lm et qui vieillit avec son créateur.<br />

Et avec les mêmes thèmes, les mêmes<br />

fi gures, on retrouve les mêmes scènes : la<br />

fusillade, la fête, le bal ou la danse sur de<br />

la musique populaire, la scène de beuverie<br />

entre hommes, la scène de café, la scène<br />

d’avant repas ou d’après-repas, la scène de<br />

supermarché, l’arrivée en auto à l’Estaque,<br />

le bateau qui passe, Notre-Dame qui fait<br />

face aux grues, l’après-midi à la plage, le<br />

pique-nique, les ouvriers au travail ou sur<br />

leur lieu de travail… reviennent de fi lm en<br />

fi lm. Mais ces personnages ne se baignent<br />

pas dans le même fl euve. Et eux aussi<br />

changent… Ainsi les fi lms de <strong>Guédiguian</strong><br />

s’emboîtent-ils les uns dans les autres, et<br />

certains masques d’un fi lm sont-ils comme<br />

la continuation d’un masque d’un fi lm<br />

précédent.<br />

L’utilisation de la musique dans ses fi lms<br />

relève aussi de cette préoccupation. Peu<br />

de musique originale, à l’exception notable<br />

de celle d’Alexandre Desplat, signalée plus<br />

haut. L’utilisation de « tubes » de variété (Les<br />

Neiges du Kilimandjaro de Pascal Danel, le<br />

dernier en date) ou de musique classique<br />

(Bach, Mendelssohn, Mozart, Pergolèse,<br />

Vivaldi…) lui permet d’impliquer davantage<br />

l’émotion du spectateur, de provoquer<br />

un unanimisme, d’autant plus que la musique<br />

est souvent utilisée en contrepoint : il<br />

BIOGRAPHIE<br />

22<br />

s’agit de produire une légère discordance<br />

entre la musique et l’image, une distance<br />

qui rend conscient tout en ménageant<br />

l’émotion, qui donne le « cœur conscient »<br />

(Pasolini). Afi n d’obtenir une ritournelle qui<br />

convienne au fi lm, <strong>Guédiguian</strong> est capable<br />

de payer des droits très onéreux, chargeant<br />

un collaborateur, crédité au générique, de<br />

les négocier.<br />

Pour le metteur en scène d’À l’attaque !, il<br />

est évident que la forme est généralement<br />

moins importante que le fond, ou plutôt<br />

qu’elle en découle. Il aime à penser qu’une<br />

mise en scène doit rester invisible. Mais<br />

celle-ci travaille incessamment la forme<br />

du fi lm, et d’abord dans le choix du théâtre<br />

– Marseille presque à chaque fois : l’Estaque<br />

est la « langue » de <strong>Guédiguian</strong> qui<br />

se défi nit comme un cinéaste de quartier,<br />

un quartier porteur de tous les rêves du<br />

monde, puisque « c’est en étant très particulier<br />

qu’on devient universel ». Cette<br />

réutilisation récurrente des mêmes décors<br />

(l’habitat populaire, enchevêtré, les usines,<br />

le viaduc ou l’autoroute) l’oblige à une invention<br />

permanente.<br />

Ensuite, pour Robert <strong>Guédiguian</strong>, la mise<br />

en scène s’incarne dans le choix des comédiens<br />

dont il est un grand admirateur :<br />

le réalisateur estime qu’une fois le comédien<br />

engagé, le jeu de l’acteur ne dépend<br />

plus que de l’acteur. Enfi n, la mise en scène<br />

s’achève dans la salle de montage, où <strong>Guédiguian</strong><br />

détricote parfois le scénario patiemment<br />

édifi é avec Jean-Louis Milesi.<br />

Le cinéma de Robert <strong>Guédiguian</strong> est fi nalement<br />

bien un cinéma populaire, malgré<br />

son inexplicable absence dans le Dictionnaire<br />

du cinéma populaire français des origines<br />

à nos jours (Nouveau Monde, 2004).<br />

Mais au sens de « cinéma populaire » non<br />

compris comme un cinéma qui a vocation<br />

à rassembler des foules par la présence<br />

d’une star de cinéma, jadis, ou d’un guignol<br />

télévisuel, de nos jours, devant une sotie<br />

presque toujours inepte et aussitôt périmée.<br />

<strong>Guédiguian</strong> vise un cinéma populai-<br />

<strong>Catalogue</strong> <strong>festival</strong>.indd 22 18/01/<strong>2012</strong> 02:06:33

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!