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Catalogue festival Guédiguian 2012 - Ciné Meaux Club

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SERGUEI MIKHAILOVITCH EISENSTEIN<br />

(23 janvier 1898 - 11 février 1948)<br />

Sergueï Mikhailovitch Eisenstein<br />

naît le 23 janvier 1898, à<br />

Riga (Lettonie). Son père, issu<br />

d’une famille juive allemande<br />

assimilée depuis deux géné-<br />

rations, est architecte et ingénieur civil pour<br />

les installations portuaires de la ville, hautfonctionnaire<br />

vaniteux et réactionnaire, imbu<br />

de lui-même. Sa mère, orthodoxe fervente à<br />

la sexualité débordante (« oversexed », selon<br />

la propre expression d’Eisenstein), vient de la<br />

bourgeoisie russophone : sa famille détient<br />

une entreprise de transport fl uvial. Le futur cinéaste<br />

a une enfance privilégiée : luxueux appartement,<br />

domestiques, datcha et vacances<br />

à Paris où il voit ses premiers Méliès (1906) et<br />

des scènes historiques du musée Grévin qu’il<br />

reprendra dans ses fi lms. Le petit prodige parle<br />

russe, allemand (on est en pays balte, ancienne<br />

colonie allemande) ; comme tout russe cultivé,<br />

il apprend le français, et l’anglais avec sa nurse,<br />

et n’est nullement perturbé en 1912 par le divorce<br />

de ses parents. Il se passionne pour tous<br />

les arts, dessine à merveille, mais on choisit<br />

pour lui la voie paternelle. En 1915, n’obéissant<br />

que trop à l’injonction du père, il entre à l’Institut<br />

des Elèves ingénieurs des travaux publics<br />

de Petrograd.<br />

Mais la Révolution de 1917 bouleverse sa vie :<br />

il prend les armes dans une milice. Entre février<br />

et octobre 1917, il touche ses premiers deniers<br />

en vendant ses caricatures politiques pour la<br />

presse. En janvier 1918 enfi n, abandonnant<br />

ses études, Sergueï Eisenstein s’engage dans<br />

l’Armée Rouge et part comme volontaire pour<br />

le front ; à l’inverse, son père s’engage dans<br />

l’Armée Blanche qui tente de renverser les Bolcheviques.<br />

Eisenstein a coupé les ponts avec sa<br />

famille.<br />

L’armée utilise ses talents artistiques à des fi ns<br />

de propagande. Démobilisé en 1920, il peut<br />

reprendre ses études aux frais de l’Etat pour<br />

service rendu à la Révolution. Il étudie donc<br />

le japonais mais un ami d’enfance, le comédien<br />

Maxime Strauch, l’attire vers le théâtre. En<br />

1921-1922, il suit les cours du grand Vséevolod<br />

Meyerhold, tout en assurant des fonctions d’enseignant,<br />

de décorateur et de metteur en scène<br />

au Proletkult (Théâtre du peuple de la Culture<br />

prolétarienne) : Le Mexicain, d’après une nouvelle<br />

de Jack London, est sa première pièce, début<br />

1922. Inspiré par le cinéma de Griffi th qu’il<br />

BIOGRAPHIE SERGUEÏ EISENSTEIN<br />

107<br />

découvre à cette époque, il réalise un court métrage,<br />

Le Journal de Gloumov, burlesque inséré<br />

dans une représentation théâtrale. Il publie la<br />

même année ses premiers écrits théoriques importants<br />

sur le « Montage des attractions dans<br />

le théâtre et le cinéma » dans la revue d’avantgarde<br />

Lef du poète Vladimir Maïakovski. Dans le<br />

même numéro, Dziga Vertov publie son fameux<br />

« Manifeste du ciné-œil ». Eisenstein préfèrera<br />

le ciné-coup-de-poing.<br />

En 1924, Eisenstein travaille au montage de<br />

la version russe du Dr Mabuse (1922) de Fritz<br />

Lang. Avec la troupe du Proletkult, il réalise son<br />

premier long métrage, La Grève, une commande<br />

qui doit s’insérer dans une suite : Vers la dictature<br />

(du prolétariat). Il met en application sa<br />

théorie du « montage des attractions » : juxtaposition<br />

de saynètes semi-autonomes, au style<br />

volontiers caricatural ou burlesque, comme les<br />

attractions du music-hall.<br />

Le gouvernement bolchevique, fi dèle à l’esprit<br />

de Lénine, pour qui « le cinéma est le plus important<br />

de tous les arts », somme Eisenstein de<br />

coordonner une immense fresque sur l’année<br />

1905 : l’immense fresque se réduit fi nalement<br />

au fi lm Le Cuirassé Potemkine, bricolé en 4<br />

mois par un génie de 27 ans. Le fi lm, qui rend<br />

célèbre immédiatement le réalisateur, passe<br />

encore aujourd’hui pour un chef-d’œuvre du cinéma<br />

mondial. « En 1925, le cinéma soviétique<br />

tient en deux fi lms et ils sont d’Eisenstein » peut<br />

affi rmer Barthélemy Amengual, malgré les œuvres<br />

de Dziga Vertov ou Lev Koulechov.<br />

Dès 1926, Eisenstein commence une nouvelle<br />

œuvre édifi ante, brechtienne avant l’heure : le<br />

cinéma est pour lui « une arme lorsqu’il s’agit<br />

du confl it avec une idéologie ennemie […], un<br />

outil pour ce qui est de son activité fondamentale<br />

– exercer une infl uence sur les gens et rééduquer<br />

» (Mémoires, 1946). La Ligne générale<br />

doit ainsi exalter la collectivisation des terres et<br />

la mécanisation contre l’idéologie réactionnaire<br />

du koulak. En 1927, il interrompt son tournage<br />

pour réaliser le fi lm anniversaire de la Révolution<br />

de 1917 : Octobre (1928). Au passage, la<br />

censure supprime toutes les allusions au « renégat<br />

Trotski » et le fi lm est amputé.<br />

C’est à cette époque qu’il devient professeur, et<br />

cela jusqu’à sa mort, au fameux Institut d’Etat<br />

du cinéma, le V.G.I.K. de Moscou. Il est connu<br />

dans le monde entier même si ses fi lms sont<br />

diffi cilement visibles. Mary Pickford, la « petite<br />

fi ancée de l’Amérique » et Douglas Fairbanks,<br />

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