Catalogue festival Guédiguian 2012 - Ciné Meaux Club

ARTICLE PARU DANS POSITIF N°245-246,
JUILLET-AOÛT 1981
Dernier été, de Robert Guédiguian et Frank Le
Wita, Perpectives du cinéma français (festival
de Cannes).
Il est diffi cile de porter un jugement défi nitif et
serein sur un fi lm dont il est tellement évident
que les auteurs ont dramatiquement manqué
de moyens. La prise de son, en particulier, est
insuffi sante au point de rendre inaudible des
pans entiers du dialogue. Cette réserve faite,
Guédiguian et Le Wita ont incontestablement
une qualité de regard qui fait beaucoup espérer
de leur œuvre future… Car Dernier été est une
chronique, dont la dramatisation fi nale (la mort
d’un des protagonistes dans un casse minable)
est presque inutile. On nous donne à voir quelques
naturels des Riaux, dans cette banlieue
nord de Marseille où la crise des industries
traditionnelles est particulièrement dure. Des
hommes et des femmes (des hommes surtout,
la scène est aux rives de la Méditerranée) qui
vivent un quotidien sans grandes aspérités, qui
bricolent entre le boulot, l’ANPE et la petite délinquance
dans une chaleur méridionale où le
pastis semble devoir arrondir tous les angles.
C’est tendre, juste, gentiment ironique parfois,
avec une grande sensibilité à la lumière : le soleil,
mais aussi le voile de poussière blanche qui
électrise l’atmosphère entre les terrains vagues
et la crique où on se baigne entre deux usines.
Dernier été est le dernier jalon – après Allio –
du cinéma marseillais. Le pastis et l’accent ne le
tirent pas pour autant du côté de Pagnol. Dans
la vision qu’en donnent Guédiguian et Le Wita,
les Riaux sont plus proches de Martigues, où
Jean Renoir a tourné Toni, que du Vieux-Port de
Panisse et d’Escartefi gue…
ARTICLE DANS POSITIF
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Jean-Pierre Jeancolas
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