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Catalogue festival Guédiguian 2012 - Ciné Meaux Club

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médiatiques, même si, après ses débuts lyonnais,<br />

elle a su profi ter du centre cinématographique<br />

et du lieu de rencontre qu’est Paris pour<br />

mieux connaître la production mondiale passée<br />

et présente. Au noyau lyonnais originel (Bernard<br />

Chardère, Jacques Demeure, Paul-Louis<br />

Thirard et quelques collaborateurs éphémères)<br />

se sont vite associés Roger Tailleur, Michel Pérez,<br />

Louis Seguin, pensionnaires du sanatorium<br />

voisin de Saint-Hilaire-du Touvet, qui avaient<br />

fondé leur propre revue, Séquences. Montés à<br />

Paris (sauf Chardère), ces jeunes gens devaient<br />

rencontrer Ado Kyrou, Robert Benayoun et<br />

Gérard Legrand, anciens rédacteurs de L’ Âge<br />

du cinéma, revue d’obédience surréaliste, qui<br />

allaient ajouter une autre dimension à Positif.<br />

Autre apport provincial : les hommes du Midi,<br />

Marcel Oms (futur animateur des « Confrontations<br />

» de Perpignan et des Cahiers de la cinémathèque),<br />

Raymond Borde, fondateur de la<br />

cinémathèque de Toulouse, et Jean-Paul Tôrôk.<br />

Gérard Gozian et Michèle Firk, communistes<br />

(déjà) oppositionnels, représentaient enfi n par<br />

leur militantisme un engagement à gauche<br />

partagé par tous les rédacteurs.<br />

Car l’originalité de Positif dans ces années<br />

cinquante si fortement dominées à gauche,<br />

en particulier dans le champ culturel, par l’infl<br />

uence du parti communiste et de ses compagnons<br />

de route, c’était bien de fusionner<br />

l’amour du cinéma sous toutes ses formes (et<br />

en particulier hollywoodiennes), loin du puritanisme<br />

stalinien, et la participation active<br />

aux luttes politiques. Qui n’a pas vécu cette<br />

époque ne peut imaginer les clivages politiques<br />

intenses provoqués par les guerres coloniales,<br />

l’ infl uence encore grande de l’Eglise et<br />

de son ordre moral, le rôle de la censure. Si on<br />

peut faire grief à la revue d’être passée à côté<br />

de cinéastes importants comme Rossellini ou<br />

Hitchcock, ses rédacteurs d’alors seraient en<br />

droit de répondre comme Sartre dans un autre<br />

contexte, mais avec de meilleures raisons que<br />

lui : « Nous avions tort, mais nous avions raison<br />

d’avoir tort. » Car la défense de Rossellini ou de<br />

Hitchcock se faisait en d’autres lieux, au nom<br />

de la «grâce» ou autres valeurs religieuses, en<br />

magnifi ant le «miracle» ou la «confession ». Il<br />

paraissait plus nécessaire alors de défendre de<br />

tout autres valeurs autour de quelques noms<br />

symboliques qui fi rent souvent les couvertures<br />

de Positif : Vigo, point de référence pour un cinéma<br />

français à renaître, libertaire, poétique,<br />

POSITIF : 60 ANS DE CRITIQUE DE CINÉMA<br />

73<br />

révolté ; Buñuel, exemple d’une fi délité totale<br />

à soi-même, décrypteur ironique de la société<br />

bourgeoise ; Kurosawa, fer de lance d’un nouveau<br />

cinéma japonais ; Wajda, premier témoignage<br />

d’un frémissement dans les régimes<br />

honnis à l’est de l’Europe ; Antonioni, créateur<br />

de modernité, cette modernité qui allait caractériser<br />

la décennie suivante ; Huston enfi n,<br />

scénariste-réalisateur, individualiste rebelle<br />

qui bousculait les conventions du cinéma<br />

américain. Car si Positif fut l’un des deux pôles<br />

(avec Les Cahiers du cinéma) de la cinéphilie<br />

hollywoodienne, elle privilégiait le cinéma qui,<br />

outre-Atlantique, s’opposait à la majorité silencieuse<br />

ou du moins n’exaltait pas les valeurs de<br />

l’ère Eisenhower. C’est du côté du rêve incarné<br />

par la comédie musicale (Minnelli, Donen), du<br />

pessimisme des fi lms noirs, de la critique radicale<br />

d’un Aldrich ou d’un Welles, du libéralisme<br />

d’un Brooks, de la nouveauté incarnée par un<br />

Tashlin, un Kubrick, que son regard se portait,<br />

sans oublier le délire anarchisant des dessins<br />

animés de Tex Avery ou de Chuck Jones.<br />

Cette vocation internationale de la revue, qui allait<br />

s’épanouir sans solution de continuité dans<br />

les années soixante avec l’explosion de par le<br />

monde de tant de nouveaux mouvements cinématographiques,<br />

s’est toujours refl étée dans<br />

l’importance qualitative et quantitative de collaborateurs<br />

étrangers qui, au sein du comité<br />

de rédaction ou en dehors, apportèrent leur<br />

sensibilité complice mais diff érente : les Iraniens<br />

Hoveyda et Gaff ary, les Italiens Fofi , Volta<br />

et Codelli, le Brésilien Paranaguá, le Tchèque<br />

Král, le Suédois Aghed, le Polonais Michalek, le<br />

Suisse Buache, les Anglais Elsaesser et Le Fanu,<br />

le Mexicain Pérez Turrent. Que certains d’entre<br />

eux aient appartenu à des groupes surréalistes<br />

dans leur pays respectif souligne, là encore,<br />

l’apport réel de ce mouvement à la revue.<br />

Car à Positif le cinéma, s’il n’a jamais été séparé<br />

de l’engagement civique, n’a jamais non plus<br />

été dissocié de la peinture, de la littérature et<br />

des autres arts. La politique des auteurs s’est<br />

ainsi toujours vue complétée par une attention<br />

portée aux collaborateurs de création,<br />

scénaristes, décorateurs, chefs opérateurs,<br />

musiciens. L’intérêt constant manifesté pour<br />

l’animation, par exemple, vient sans nul doute<br />

d’une connaissance des arts plastiques ou<br />

de la BD. Et que quatre éditeurs réputés pour<br />

leur production littéraire — les Editions de<br />

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