03.07.2013 Views

Catalogue festival Guédiguian 2012 - Ciné Meaux Club

Catalogue festival Guédiguian 2012 - Ciné Meaux Club

Catalogue festival Guédiguian 2012 - Ciné Meaux Club

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

donne lieu à un jaillissement d’autant plus heureux<br />

ou plus neuf, apparaît ici, comme dans<br />

Arsenic et vieilles dentelles (Arsenic and Old<br />

Lace, 1941) où se succèdent les ouvertures et<br />

les entrebâillements, comme un élément essentiel<br />

de la vision propre à Capra : fente d’une<br />

robe de chambre, d’une surface glacée ou dansante,<br />

précipice, toute vacuité ouvre fi nalement<br />

sur un plein, sauvetage, fête, amour ou salut. Il<br />

n’y a que cette maison délabrée dont le vide,<br />

cette fois, signifi e le néant. Ne lui jetait-on pas<br />

pourtant des pierres, brisant les vitres pour faire<br />

des vœux ? Lors de la nuit de noces de George<br />

et de Mary, n’avait-elle pas été transformée en<br />

hôtel de luxe par deux pittoresques importuns<br />

? Mieux encore : l’ingénieuse rôtissoire<br />

musicale n’était-elle pas l’exploitation la plus<br />

adroite de ses ruines désertes ?<br />

Roland Barthes prétendait que les amoureux se<br />

disent toujours des bêtises. C’est avoir une idée<br />

bien pauvre de l’intelligence ou du sentiment,<br />

et la comédie américaine s’est consacrée à inventer<br />

des dialogues d’idylles particulièrement<br />

plaisants où les amants ne sont pas toujours<br />

les dupes d’un ridicule dont ils s’accommodent<br />

avec un humour d’autant plus léger qu’il participe<br />

lui-même de l’érotisme, en manifestant<br />

le triomphe de la fantaisie passionnée sur les<br />

règles sociales. Dans la scène lunaire comme<br />

dans la demande en mariage, La Vie est belle<br />

utilise ce procédé, car les amoureux savent bien<br />

la pièce qu’ils se jouent, et n’ignorent pas que<br />

le tiers, imaginaire ou présent, voisin ou mère,<br />

fi ancé à l’autre bout d’une ligne téléphonique<br />

ou auditoire d’un théâtre chimérique, n’est que<br />

le fâcheux nécessaire aux dépens duquel le<br />

plaisir s’affi che et devient sensible. De même<br />

que la faille sert les desseins de l’être, le surcroît<br />

a son rôle dans la perfection.<br />

La mise en scène de Capra, par son animation,<br />

son ouverture perpétuelle à l’incident, dont le<br />

petit drame de la pharmacie donne un modèle<br />

parfait, ne se contente pas de répondre aux<br />

voeux d’une esthétique populiste, elle incarne<br />

avec justesse une métaphysique de la plénitude.<br />

Mais voilà ! les critiques de cinéma n’aiment pas<br />

les familles nombreuses.<br />

BIOGRAPHIE FRANK CAPRA<br />

83<br />

FRANK CAPRA<br />

(18 mai 1897 - 3 septembre 1991)<br />

Traversant l’histoire du cinéma,<br />

du muet au <strong>Ciné</strong>mascope en couleur,<br />

la vie de Capra fait fi gure de<br />

Hollywood Story typique : parti<br />

de rien, le petit rital devient l’un des maîtres de<br />

l’industrie cinématographique avec « son nom<br />

au-dessus du titre », comme plus tard Alfred<br />

Hitchcock, Howard Hawks, John Ford ou Ernst<br />

Lubitsch, et dont il deviendra le fer de lance du<br />

patriotisme américain. Pas seulement et peutêtre<br />

surtout pas un maître de la comédie américaine,<br />

même si ses plus gros succès relèvent<br />

du genre, Frank Capra est fi nalement un auteur<br />

plus complet et complexe.<br />

Frank Capra naît Francesco Rosario Capra en Sicile<br />

en 1897, non loin de Palerme. Ses parents,<br />

Salvatore et Seridda, paysans déshérités et illettrés,<br />

ont une nombreuse progéniture dont un<br />

aîné parti en Amérique. En 1903, ils se résolvent<br />

à leur tour au départ et après la traditionnelle et<br />

spartiate traversée en bateau, poussent jusqu’à<br />

Los Angeles. Là, ils s’intègrent rapidement. Le<br />

petit Cicco décide qu’il ne sera plus jamais pauvre<br />

et ignorant ; il embrasse l’idéologie américaine<br />

de la poursuite du bonheur, de la réussite<br />

sociale et matérielle. Dans son autobiographie<br />

(Hollywood Story, 1971), Frank Capra élabore sa<br />

légende : tandis qu’il va à l’école, redoublant<br />

d’eff ort pour grimper sur l’échelle sociale, il occupe<br />

quantité de petits boulots pour subvenir<br />

en partie aux besoins de sa famille. Il intègre<br />

bientôt l’université technologique de Pasadena,<br />

avec une bourse, tandis que ses parents ont<br />

acquis une petite ferme de citronniers. Il écrit<br />

quelque nouvelles pour le journal universitaire<br />

et s’intéresse déjà au cinéma, même s’il affi rme<br />

le contraire dans ses mémoires. Diplômé ingénieur<br />

chimiste en 1918 mais ne trouvant pas de<br />

travail, il préfère s’engager dans l’armée dont<br />

il est bientôt démobilisé après avoir enseigné<br />

la balistique. Il obtient donc sa naturalisation,<br />

sous le nom de Frank Russell Capra (1920), et se<br />

fait engager au culot comme réalisateur par un<br />

petit studio. Il tourne un premier fi lm d’après<br />

un poème de Kipling et décide de se perfectionner.<br />

Il est embauché comme accessoiriste,<br />

monteur, puis assistant. Finalement, il signe un<br />

contrat de gagman au sein des célèbres productions<br />

Hal Roach. Tout ce qu’il écrit passe par<br />

les fourches caudines de Mack Sennett (1924)<br />

<strong>Catalogue</strong> <strong>festival</strong>.indd 83 18/01/<strong>2012</strong> 02:06:52

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!