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Catalogue festival Guédiguian 2012 - Ciné Meaux Club

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gagent dans le combat contre l’occupant<br />

allemand derrière le poète d’origine arménienne<br />

Missak Manouchian. Le message<br />

envoyé par <strong>Guédiguian</strong> est clair : absurdité<br />

du repli communautaire et religieux,<br />

la France est un projet du vivre ensemble.<br />

Cette reconstitution minutieuse, comme<br />

une chronique de la vie sous l’Occupation<br />

est l’inverse de L’Armée des ombres (Melville,<br />

1969), évocation inspirée du destin<br />

du grand résistant Jean Cavaillès. Ce que<br />

<strong>Guédiguian</strong> aurait dû faire, selon lui, dans<br />

Rouge midi, c’est-à-dire le recours à la stylisation<br />

et aux métaphores, il l’évite soigneusement<br />

dans L’Armée du crime. Le fi lm<br />

divise les « spécialistes ». Des historiens<br />

(notamment Stéphane Courtois) ou des<br />

proches des héros lui reprochent des anachronismes,<br />

des libertés avec la vérité historique,<br />

des invraisemblances et un parti<br />

pris idéologique (l’apparition de la Milice,<br />

le stalinisme de ces jeunes communistes,<br />

le personnage historique de Lucienne Goldfarb...).<br />

Robert <strong>Guédiguian</strong>, incollable sur<br />

l’histoire des faits qu’il a parfaitement étudiés<br />

avant de s’impliquer dans l’écriture<br />

du scénario, défend son fi lm pied à pied,<br />

justifi e ses choix et ses raccourcis dans la<br />

presse ou ailleurs. Le fi lm partage aussi sur<br />

la forme, jugée par certains trop classique<br />

ou didactique. Il y retrouve, 25 ans après Ki<br />

lo sa ?, le désormais célèbre compositeur<br />

Alexandre Desplat. Le fi lm, qui compte<br />

également d’ardents défenseurs, réunit<br />

400 000 spectateurs, et remporte le Prix<br />

lycéen du cinéma.<br />

Le réalisateur choisit toutefois pour son<br />

fi lm suivant un « retour aux fondamentaux<br />

». Un tournage plus léger, la bande<br />

habituelle augmentée de quelques jeunes<br />

comédiens rencontrés sur L’Armée<br />

du crime. La classe ouvrière, Marseille<br />

(L’Estaque mais aussi d’autres quartiers),<br />

l’amitié, le chômage, la solidarité, la trahison...<br />

Il procède ainsi à ce qu’il appelle une<br />

réévaluation du monde à travers le prisme<br />

de L’Estaque. Les Neiges du Kilimandjaro<br />

(2011) reprend, en quelque sorte, les per-<br />

BIOGRAPHIE<br />

20<br />

sonnages de Dernier été ou de Marius et<br />

Jeannette et les confronte, vieillissants à la<br />

jeunesse d’une Marseille mondialisée, future<br />

capitale culturelle européenne (2013)<br />

mais toujours en proie à ses démons : violence,<br />

exclusion, chômage... D’abord leurs<br />

propres enfants, qui sont devenus parents<br />

eux-mêmes et habitent des pavillons sécurisés<br />

et doivent parfois aller loin pour<br />

travailler, puis leurs petits-enfants mais<br />

aussi les autres, jeunes travailleurs pauvres<br />

qui peinent à exister en temps de crise ou<br />

tombent dans la délinquance. Ni conte, ni<br />

tragédie, l’histoire de ce couple, qui voit<br />

son bonheur s’eff ondrer suite à une agression,<br />

est plutôt une invitation stoïcienne à<br />

réfl échir les valeurs qui attestent une vie<br />

heureuse mais également le constat de<br />

l’oubli des valeurs de solidarité ainsi que<br />

de l’ignorance des luttes. Les jeunes du<br />

fi lm revendiquent le repli sur soi et la préservation<br />

du petit confort matériel symbolisé<br />

par ce voyage absurde au pied du Kilimandjaro.<br />

L’œuvre, dont la fi n est inspirée<br />

par le poème de Victor Hugo, Les Pauvres<br />

Gens, conjoint les deux polarités que représentent<br />

le pessimisme de l’intelligence<br />

et l’optimisme de la volonté (Gramsci et<br />

Romain Rolland).<br />

Ce dernier fi lm n’est qu’un jalon provisoire<br />

dans la cohérence d’une œuvre sous infl<br />

uence et d’une qualité esthétique et thématique<br />

constante.<br />

Infl uences, esthétique et thématique<br />

d’un cinéaste<br />

L’auteur <strong>Guédiguian</strong> ne fait pas mystère de<br />

ces cinéastes qui l’intéressent, il les cite à<br />

longueur d’interview, exercice dont il n’est<br />

pas avare.<br />

Dans le domaine du cinéma français, nous<br />

en avons déjà évoqué quelques-uns… Robert<br />

<strong>Guédiguian</strong> admire les grands auteurs<br />

populaires et classiques (une apposition<br />

qui semble impossible aujourd’hui) des<br />

années trente à cinquante. Le Renoir<br />

d’avant-guerre, celui des groupes : Toni, Le<br />

Crime de M. Lange (1935), La Vie est à nous<br />

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