Catalogue festival Guédiguian 2012 - Ciné Meaux Club
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jeune marseillais qui monte à Paris à la fi n<br />
du fi lm : (presque) tous les moments importants<br />
de l’histoire ouvrière de l’Estaque<br />
et de Marseille (l’immigration italienne, le<br />
Front populaire, le STO et le maquis ou les<br />
grèves des docks) sont présents en toile de<br />
fond, mais le fi lm manque cruellement des<br />
moyens de son ambition. L’accueil du fi lm<br />
à Cannes (1984) dans la section Perspectives<br />
du cinéma français est décevant, et la<br />
presse n’est pas tendre. Le fi lm se heurte<br />
à l’indiff érence du public, et le cinéaste<br />
s’interdit dorénavant de tourner un fi lm en<br />
costumes sans en avoir les moyens.<br />
Volontariste, il transforme son amertume,<br />
accrue par l’impossibilité de monter son<br />
projet Notre-Dame-de-la-Garde, en nouveau<br />
fi lm. Il écrit en quinze jours, seul, pour<br />
la première et la dernière fois, l’énigmatique<br />
Ki lo sa ?. On réunit la bande habituelle<br />
à l’Estaque pendant l’été 1985 dans la villa<br />
prêtée qui servait déjà de décor à la scène<br />
fi nale de Dernier été : Ascaride, Banderet,<br />
Alain Lenglet (pour un petit rôle), Meylan,<br />
et pour la première fois Jean-Pierre Darroussin,<br />
ami du Conservatoire. En quatre<br />
semaines, est achevé le moins cher des<br />
fi lms de Robert <strong>Guédiguian</strong>. Bernard Sasia<br />
passe monteur et ne quittera plus ce poste<br />
sur les fi lms de son ami, tandis qu’Azevedo<br />
règle la lumière pour la dernière fois et<br />
qu’un débutant prometteur compose sa<br />
première bande originale. <strong>Guédiguian</strong> retrouvera<br />
professionnellement Alexandre<br />
Desplat vingt-cinq ans plus tard. Le fi lm,<br />
intimiste, très noir, insiste sur la fi n des<br />
idéaux pour une bande de copains désabusés<br />
qui fi nit par un suicide collectif. Le<br />
fi lm ne trouve pas de distributeur.<br />
Suivent plusieurs années de doute absolu,<br />
pendant lesquelles <strong>Guédiguian</strong> cherche<br />
à obtenir une totale indépendance pour<br />
produire le cinéma qui l’intéresse, à défaut<br />
de le tourner lui-même : doute persistant<br />
sur ses propres capacités à intéresser un<br />
public, doute sur la possibilité de fi nancer<br />
des fi lms autres. Mais il demeure fi dèle<br />
à l’aspect collectif, et il « tient » grâce au<br />
BIOGRAPHIE<br />
13<br />
collectif : l’esprit de bande qui préside à sa<br />
vie en général comme à son cinéma. « Je<br />
n’ai jamais rien fait seul ! » proclame-t-il volontiers.<br />
Avec plusieurs amis, le réalisateur<br />
Alain Guesnier, les producteurs Gilles Sandoz<br />
et Yvon Davis, ils rejoignent et refondent<br />
Agat fi lms & Cie – nous y reviendrons.<br />
Pour son fi lm suivant, il devient donc son<br />
propre producteur avec cette société, l’appui<br />
du CDN de Bernard Sobel, et il s’adjoint<br />
les services d’une romancière, Sophie Képès,<br />
pour l’écriture. Les deux scénaristes<br />
reprennent le schéma de Ki lo sa ?, les retrouvailles<br />
de quatre amis d’enfance après<br />
que l’un d’entre eux, écrivain parisien à<br />
succès pour une chaîne de télévision, a<br />
tout plaqué pour revenir à ses racines. Dieu<br />
vomit les tièdes (1991) comporte quelques<br />
scènes cocasses, mais le propos reste généralement<br />
pessimiste.<br />
Le fi lm se termine sur un duel à mort entre<br />
deux amis et un hurlement. Quelques<br />
scènes volées aux célébrations du bicentenaire<br />
de la Révolution accentuent l’idée<br />
de la fi n des utopies, de la faillite des rêves<br />
d’égalité et de fraternité et de la trahison<br />
des idéaux. Derrière le quintet Ascaride-<br />
Banderet-Boudet-Darroussin-Meylan se<br />
tapit un nouveau membre de la troupe,<br />
Jacques Pieiller en employé municipal<br />
raciste et frontiste, et Patrick Bonnel et<br />
Christine Brücher, qui font leur première<br />
apparition. Première fois également qu’on<br />
ne tourne pas à Marseille mais aux Martigues,<br />
qui ont off ert des facilités : suite<br />
royale à la Sonacotra et grand restaurant<br />
à la cantine municipale. L’action se situe<br />
au pied du pont tournant de Caronte sur<br />
le canal qui relie l’étang de Berre à la mer,<br />
le décor de Toni. À la lumière, Bernard<br />
Cavalié entame une longue collaboration<br />
avec <strong>Guédiguian</strong>. Sasia assure toujours<br />
le montage. Michel Vandestien ne<br />
quittera pratiquement plus le poste de<br />
chef-décorateur, ni Laurent Lafran celui<br />
d’ingénieur du son. La troupe <strong>Guédiguian</strong><br />
accueille toujours volontiers des « vedettes<br />
» extérieures comme l’égérie du Tou-<br />
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