corrélation au nombre d’entrées) taraude <strong>Guédiguian</strong> pour qui la question de la fi - délité à sa classe d’origine, l’idée de la représenter à l’écran avec justesse, est fondamentale. Et être fi dèle à sa classe, à ses origines, c’est aussi faire un cinéma fi dèle à soi-même. Ainsi, les fi lms de <strong>Guédiguian</strong> sont-ils faits de lui-même. Il est dans tous les personnages qu’il agite sur l’écran, les bons qui sont les plus nombreux, mais aussi les mauvais. Il est dans tous les gestes, tous les petits riens qui font eff et de réalité. Tous ses personnages « ont des raisons », comme dans La Règle du jeu (1939). C’est à ce titre que s’est instauré à son insu ce principe de la bande, de la troupe, de la tribu qui revient de fi lm en fi lm et qui vieillit avec son créateur. Et avec les mêmes thèmes, les mêmes fi gures, on retrouve les mêmes scènes : la fusillade, la fête, le bal ou la danse sur de la musique populaire, la scène de beuverie entre hommes, la scène de café, la scène d’avant repas ou d’après-repas, la scène de supermarché, l’arrivée en auto à l’Estaque, le bateau qui passe, Notre-Dame qui fait face aux grues, l’après-midi à la plage, le pique-nique, les ouvriers au travail ou sur leur lieu de travail… reviennent de fi lm en fi lm. Mais ces personnages ne se baignent pas dans le même fl euve. Et eux aussi changent… Ainsi les fi lms de <strong>Guédiguian</strong> s’emboîtent-ils les uns dans les autres, et certains masques d’un fi lm sont-ils comme la continuation d’un masque d’un fi lm précédent. L’utilisation de la musique dans ses fi lms relève aussi de cette préoccupation. Peu de musique originale, à l’exception notable de celle d’Alexandre Desplat, signalée plus haut. L’utilisation de « tubes » de variété (Les Neiges du Kilimandjaro de Pascal Danel, le dernier en date) ou de musique classique (Bach, Mendelssohn, Mozart, Pergolèse, Vivaldi…) lui permet d’impliquer davantage l’émotion du spectateur, de provoquer un unanimisme, d’autant plus que la musique est souvent utilisée en contrepoint : il BIOGRAPHIE 22 s’agit de produire une légère discordance entre la musique et l’image, une distance qui rend conscient tout en ménageant l’émotion, qui donne le « cœur conscient » (Pasolini). Afi n d’obtenir une ritournelle qui convienne au fi lm, <strong>Guédiguian</strong> est capable de payer des droits très onéreux, chargeant un collaborateur, crédité au générique, de les négocier. Pour le metteur en scène d’À l’attaque !, il est évident que la forme est généralement moins importante que le fond, ou plutôt qu’elle en découle. Il aime à penser qu’une mise en scène doit rester invisible. Mais celle-ci travaille incessamment la forme du fi lm, et d’abord dans le choix du théâtre – Marseille presque à chaque fois : l’Estaque est la « langue » de <strong>Guédiguian</strong> qui se défi nit comme un cinéaste de quartier, un quartier porteur de tous les rêves du monde, puisque « c’est en étant très particulier qu’on devient universel ». Cette réutilisation récurrente des mêmes décors (l’habitat populaire, enchevêtré, les usines, le viaduc ou l’autoroute) l’oblige à une invention permanente. Ensuite, pour Robert <strong>Guédiguian</strong>, la mise en scène s’incarne dans le choix des comédiens dont il est un grand admirateur : le réalisateur estime qu’une fois le comédien engagé, le jeu de l’acteur ne dépend plus que de l’acteur. Enfi n, la mise en scène s’achève dans la salle de montage, où <strong>Guédiguian</strong> détricote parfois le scénario patiemment édifi é avec Jean-Louis Milesi. Le cinéma de Robert <strong>Guédiguian</strong> est fi nalement bien un cinéma populaire, malgré son inexplicable absence dans le Dictionnaire du cinéma populaire français des origines à nos jours (Nouveau Monde, 2004). Mais au sens de « cinéma populaire » non compris comme un cinéma qui a vocation à rassembler des foules par la présence d’une star de cinéma, jadis, ou d’un guignol télévisuel, de nos jours, devant une sotie presque toujours inepte et aussitôt périmée. <strong>Guédiguian</strong> vise un cinéma populai- <strong>Catalogue</strong> <strong>festival</strong>.indd 22 18/01/<strong>2012</strong> 02:06:33
e qui relèverait plutôt du désir de montrer le peuple qui avance, se bat ou est battu dans une forme simple et militante. Bref : un cinéma politique ! BIBLIOGRAPHIE : Conversation avec Robert <strong>Guédiguian</strong> : « Je n’ai jamais rien fait seul ! » / Isabelle Danel. – Les Carnets de l’info, 2008. Les Promeneurs : Mitterrand & Bouquet, Le Promeneur du Champs-de-Mars, un fi lm de Robert <strong>Guédiguian</strong> : entretiens et photographies.- Editions de l’œil, 2007. <strong>Ciné</strong>aste et producteur : un duo infernal ?. - Klincksieck, 2010. BIOGRAPHIE FILMOGRAPHIE 23 Filmographie Robert <strong>Guédiguian</strong> <strong>Catalogue</strong> <strong>festival</strong>.indd 23 18/01/<strong>2012</strong> 02:06:33
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