Catalogue festival Guédiguian 2012 - Ciné Meaux Club

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RÉALISATEUR Frank Capra SCÉNARIO Frances Goodrich Albert Hackett Frank Capra Jo Swerling Michael Wilson (non crédité) d’après The Greatest Gift de Philip Van Doren Stern PHOTOGRAPHIE Joseph Walker MONTAGE William Hornbeck DÉCORS Emile Kuri COSTUMES Edward Stevenson MUSIQUE Dimitri Tiomkin PRODUCTION Liberty Films RKO Radio Pictures Inc. DISTRIBUTION Swashbuckler Films LA VIE EST BELLE IT’S A WONDERFUL LIFE 1946 ▪ Etats-Unis ▪ Noir et blanc ▪ 130 minutes ▪ 1.37 ▪ Mono Le décès du père de George Bailey l’oblige a reprendre l’entreprise familiale de prêts à la construction, qui permet aux plus déshérités de se loger. Il entre en confl it avec Potter, l’homme le plus riche de la ville, qui tente de ruiner ses eff orts. Au moment où George approche de la victoire, il egare les 8.000 dollars qu’il devait déposer à la banque. George est désespéré et songe au suicide. C’est alors qu’apparaît son ange gardien. .. CARTE BLANCHE 80 INTERPRÉTATION James Stewart (George Bailey) Donna Reed (Mary Hatch Bailey) Lionel Barrymore (Mr. Potter) Thomas Mitchell (oncle Billy) Henry Travers (Clarence) Beulah Bondi (Ma Bailey) Frank Faylen (Ernie Bishop) Catalogue festival.indd 80 18/01/2012 02:06:52
Extrait de l’article d’Alain Masson paru dans Positif 317-318, juillet-août 1987 Une démonstration sur La Vie est belle et L’Homme de la rue Le vieux Scrooge dans Les Contes de Noël de Dickens, Théodore dans La Théodicée de Leibniz : comme le premier, George Bailey, un soir de Noël, se voit entraîné à la découverte d’une destinée menaçante, mais irréelle, et comprend son devoir ; comme le second, il est admis à la contemplation des mondes possibles, ou plutôt de l’un d’entre eux, caractérisé par le fait qu’il ne serait pas né, et il reconnaît que ce monde serait moins bon que le monde actuel. Peut-on concevoir un argument plus rationnel ? Nombre de critiques semblent convaincus du contraire. A droite et à gauche, ils blâment le sentimentalisme de Capra : André Bazin parlait même de son « écœurement ». Ces jugements s’accompagnent généralement de considérations politiques d’un réalisme bismarckien (Mais à quoi bon proclamer des préceptes comme « la force prime le droit » ? L’essentiel n’est-il pas de casser la fi gure à son prochain pour le lui prouver ?). L’aversion révolutionnaire qu’il éprouve pour la sensiblerie pousse même un observateur à dénoncer le reaganisme du cinéaste. C’est là plutôt un contresens qu’un anachronisme : La Vie est belle consacre l’essentiel de sa propagande à une défense du crédit, et même du « crédit social », pour reprendre la formule qui sert de dénomination à un parti politique canadien depuis un demi-siècle environ. George Bailey a pour principe qu’on peut avancer à une famille les fonds nécessaires à son confort, sans autre garantie que la bonne volonté des bénéfi ciaires. Cette idée est évidemment incompatible avec des taux d’intérêt excessifs. Candidement sans doute, Capra pense que le crédit se fonde sur la confi ance mutuelle et la confi ance en l’avenir : ses mémoires indiquent qu’il était fort conscient de s’adresser à un public découragé par la guerre et ce n’est de sa part nullement faire preuve de sentimentalité que de rappeler un principe qui permet aux honnêtes gens de s’entraider et aux hypocrites d’exploiter les naïfs, ce qui le rend doublement indispensable au fonctionnement harmonieux de toute société policée. Si un personnage de La Vie est belle ressemble à Reagan c’est bien l’infâme Potter, persuadé ARTICLE DANS POSITIF 81 que les pauvres doivent tirer toute leur subsistance de leurs biens actuels, sans que leur production à venir puisse servir de gage ; pour lui, le crédit se fonde sur un calcul de rendement, non sur un pari d’effi cacité. A chacun sa rationalité ! Est-il vraiment absurde d’affi rmer dans une fable les fi nalités humaines de la société ? Est-il parfaitement déraisonnable de supposer que toute vie possède son mérite, quand même elle ne se serait pas haussée jusqu’à cet idéal héroïque dont rêve la jeunesse ? L’optimisme est-il nécessairement plus sentimental que le pessimisme ? Pour traiter sans condescendance le fi lm de Capra, il faut assurément répondre par la négative à toutes ces questions. Mais l’ouvrage justifi e fort bien ces réponses. En un sens aucune oeuvre de fi ction n’a jamais besoin de plaider pour l’existence de son protagoniste : tous les personnages imaginaires possèdent par nature assez de mérite pour justifi er l’intérêt qu’on leur porte. Faute de quoi, ils meurent de l’inattention du public. L’originalité de l’entreprise de Capra consiste à représenter explicitement la « raison suffi sante » de George Bailey, et à travers les yeux du héros lui-même. Comme il n’y a personne qui puisse être convaincu plus diffi cilement que lui de sa propre nécessité, tous les autres voyant son rôle, son consentement a sa propre existence peut bien servir de preuve. Or la démonstration de Capra n’est ni savante ni sotte. L’ange Clarence n’a rien d’un Pangloss. Il est établi sans doute que si George n’était pas né, il n’aurait pas sauvé la vie à son frère, ni évité une désespérante confusion au pharmacien, mais ces arguments ne suffi sent pas à convaincre le héros du bien-fondé de son existence. L’épisode décisif de sa conversion comporte deux moments : la vieille demeure abandonnée dont il a fait sa maison lui apparaît, dans le monde possible engendré par son inexistence, comme plus délabrée que jamais, sombre, proche du néant, parce qu’il y découvre sa propre absence, matérialisée dans les lieux eux-mêmes, et c’est le début de sa conviction ; le second moment est sa rencontre avec sa femme, dont il ne supporte pas qu’elle ne le reconnaisse pas, qu’elle nie une identité dont il a pourtant admis par hypothèse qu’elle n’avait aucune valeur. Cette péripétie comporte un paradoxe : c’est Catalogue festival.indd 81 18/01/2012 02:06:52
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