Guide de prise en charge de l'infection à VIH chez l'enfant - Grandir ...
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Dans un contexte où le <strong>VIH</strong>/sida est trop souv<strong>en</strong>t considéré comme une “maladie honteuse”,<br />
ces jeunes viv<strong>en</strong>t dans la peur d’être rejetés si l’on découvre qu’ils sont contaminés. Ils ne<br />
s’autoris<strong>en</strong>t pas <strong>à</strong> <strong>en</strong> parler <strong>à</strong> la maison, <strong>en</strong>core moins <strong>à</strong> l’école ou sur le lieu d’appr<strong>en</strong>tissage.<br />
Dans le groupe <strong>de</strong> parole, ils peuv<strong>en</strong>t partager ce secret, livrer év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t leur amertume<br />
ou leur colère, se réconforter. Il s’agit d’un lieu d’écoute et il est souv<strong>en</strong>t plus facile <strong>de</strong> se<br />
confier <strong>à</strong> <strong>de</strong>s pairs qui ont le même “problème” qu’<strong>à</strong> un adulte.<br />
L’objectif est aussi <strong>de</strong> permettre <strong>à</strong> ces jeunes, qui se s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t dévalorisés, d’avoir une<br />
meilleure image d’eux-mêmes. Et <strong>de</strong> les ai<strong>de</strong>r ainsi <strong>à</strong> repr<strong>en</strong>dre confiance <strong>en</strong> eux et <strong>à</strong> se<br />
projeter dans l’av<strong>en</strong>ir. Ensemble, ils se s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t plus forts.<br />
Le fait <strong>de</strong> côtoyer, dans le groupe, <strong>de</strong>s adolesc<strong>en</strong>ts infectés comme eux, qui poursuiv<strong>en</strong>t<br />
<strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s, ont imaginé un projet <strong>de</strong> vie incluant le <strong>VIH</strong>, peut ai<strong>de</strong>r les plus jeunes ou les<br />
adolesc<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> rébellion <strong>à</strong> constater que d’autres, dans la même situation, ont trouvé <strong>de</strong>s<br />
solutions d’av<strong>en</strong>ir.<br />
meilleure adhésion au traitem<strong>en</strong>t antirétroviral grâce <strong>à</strong> une meilleure information<br />
sur la maladie :<br />
Les groupes <strong>de</strong> parole permett<strong>en</strong>t aux adolesc<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> mieux compr<strong>en</strong>dre la maladie. Ils<br />
trouv<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s réponses <strong>à</strong> leurs interrogations sur les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> contamination, les moy<strong>en</strong>s<br />
<strong>de</strong> prév<strong>en</strong>tion, le suivi du traitem<strong>en</strong>t.<br />
Ils peuv<strong>en</strong>t par exemple témoigner <strong>de</strong> leur difficulté particulière vis-<strong>à</strong>-vis <strong>de</strong> tel ou tel<br />
aspect du traitem<strong>en</strong>t et trouver avec leurs pairs <strong>de</strong>s solutions adaptées (supervisé par<br />
un animateur). Par exemple, ils peuv<strong>en</strong>t échanger <strong>en</strong>tre eux sur les moy<strong>en</strong>s pour ne pas<br />
oublier les <strong>prise</strong>s <strong>de</strong> médicam<strong>en</strong>t ; ou quelle stratégie utiliser pour pr<strong>en</strong>dre ses traitem<strong>en</strong>ts<br />
sans se dévoiler alors que l’<strong>en</strong>tourage n’est pas informé.<br />
En facilitant la gestion <strong>de</strong> la maladie au quotidi<strong>en</strong>, ces échanges facilit<strong>en</strong>t l’acceptation<br />
<strong>de</strong> la maladie.<br />
prév<strong>en</strong>tion <strong>de</strong>s risques :<br />
Outre l’observance thérapeutique, les groupes <strong>de</strong> parole sont égalem<strong>en</strong>t un lieu où il est<br />
possible <strong>de</strong> s<strong>en</strong>sibiliser les jeunes infectés par le <strong>VIH</strong> <strong>à</strong> la prév<strong>en</strong>tion <strong>de</strong>s risques. Il est<br />
nécessaire d’informer les adolesc<strong>en</strong>ts, qui découvr<strong>en</strong>t la sexualité, sur les moy<strong>en</strong>s d’éviter<br />
une surinfection et une transmission du <strong>VIH</strong> <strong>à</strong> leurs part<strong>en</strong>aires. Il faut aussi pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong><br />
compte le risque <strong>de</strong> grossesses non désirées, car les cas d’adolesc<strong>en</strong>tes infectées par le<br />
<strong>VIH</strong> et qui ont <strong>de</strong>s <strong>en</strong>fants sont fréqu<strong>en</strong>ts. Ces aspects seront développés plus loin dans un<br />
paragraphe réservé aux particularités <strong>de</strong> l’adolesc<strong>en</strong>ce.<br />
dépistage <strong>de</strong>s troubles psychologiques nécessitant un suivi individuel :<br />
Le groupe <strong>de</strong> parole est un mom<strong>en</strong>t privilégié p<strong>en</strong>dant lequel l’animateur peut observer<br />
les adolesc<strong>en</strong>ts, <strong>en</strong> <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> la prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>s par<strong>en</strong>ts ou tuteurs. Les séances peuv<strong>en</strong>t<br />
être l’occasion d’étudier le comportem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> certains (comm<strong>en</strong>t se comporte, parmi ses<br />
pairs, tel adolesc<strong>en</strong>t <strong>à</strong> l’observance insuffisante, par exemple), ou d’avoir l’att<strong>en</strong>tion attirée<br />
par l’attitu<strong>de</strong> d’un autre. Les séances <strong>de</strong> groupe peuv<strong>en</strong>t donc être complém<strong>en</strong>taires <strong>de</strong> la<br />
consultation médicale. Une coordination <strong>en</strong>tre l’animateur du groupe et les soignants peut<br />
faciliter le suivi d’adolesc<strong>en</strong>ts difficiles et ai<strong>de</strong>r <strong>à</strong> dépister les adolesc<strong>en</strong>ts ayant besoin d’un<br />
suivi individuel. Bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du, la discrétion et le secret professionnel partagé doiv<strong>en</strong>t être<br />
appliqués dans les échanges d’information <strong>en</strong> équipe.<br />
comm<strong>en</strong>t mettRe <strong>en</strong> pLace un gRoupe <strong>de</strong> paRoLe ?<br />
un groupe homogène et limité :<br />
• Il est fortem<strong>en</strong>t recommandé <strong>de</strong> s’assurer que la révélation du diagnostic a bi<strong>en</strong> eu lieu<br />
et qu’un adolesc<strong>en</strong>t qui r<strong>en</strong>tre dans un groupe <strong>de</strong> parole a le “même statut” que les<br />
autres. Il ne paraît pas adéquat que ce soi<strong>en</strong>t les pairs qui fass<strong>en</strong>t découvrir <strong>à</strong> l’adolesc<strong>en</strong>t<br />
qu’il est infecté par le <strong>VIH</strong>.<br />
• Limiter le nombre <strong>de</strong> participants : Le groupe doit être suffisamm<strong>en</strong>t grand pour créer<br />
une dynamique (<strong>en</strong> comptant que tous les jeunes ne sont pas toujours prés<strong>en</strong>ts <strong>à</strong> chaque<br />
r<strong>en</strong>contre) mais ne doit sans doute pas dépasser 20 inscrits. Un nombre trop grand<br />
risque <strong>de</strong> limiter le temps <strong>de</strong> parole <strong>de</strong> chacun, <strong>de</strong> faire tomber les membres du groupe<br />
dans l’anonymat ou d’empêcher les plus timi<strong>de</strong>s <strong>de</strong> s’exprimer.<br />
ahmed 12 ans, vi<strong>en</strong>t <strong>de</strong>ux fois par mois au groupe <strong>de</strong> parole <strong>de</strong>puis un an.<br />
Orphelin <strong>de</strong> père et <strong>de</strong> mère, il vit <strong>chez</strong> un oncle. Il témoigne : “j’ai compris que j’étais<br />
infecté par le <strong>VIH</strong> <strong>à</strong> force <strong>de</strong> v<strong>en</strong>ir au groupe. Je ne le savais pas avant. Mais on parlait<br />
toujours du <strong>VIH</strong> et tous mes copains ici ont le <strong>VIH</strong>, alors je me suis dit que moi aussi,<br />
sans doute...”. Il semble timi<strong>de</strong> et parle peu. Il connait <strong>à</strong> peine son traitem<strong>en</strong>t ARV.<br />
Ahmed est suivi <strong>de</strong>puis plusieurs années dans ce c<strong>en</strong>tre associatif et fait partie <strong>de</strong> la<br />
“famille”. Compte t<strong>en</strong>u <strong>de</strong> son âge il a été inscrit “d’office” au groupe <strong>de</strong> parole pour<br />
adolesc<strong>en</strong>ts. Personne n’a évalué formellem<strong>en</strong>t sa connaissance <strong>de</strong> la maladie et sa<br />
perception <strong>de</strong> la situation. Il n’a jamais eu l’accompagnem<strong>en</strong>t individuel qu’il aurait du<br />
avoir. Il ne sait pas <strong>en</strong> réalité <strong>à</strong> qui se confier et les adultes qui le connaiss<strong>en</strong>t parl<strong>en</strong>t<br />
pour lui. Si cet accompagnem<strong>en</strong>t individuel n’est pas mis <strong>en</strong> place, il est <strong>à</strong> craindre<br />
que <strong>de</strong>s troubles du comportem<strong>en</strong>t survi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>chez</strong> cet adolesc<strong>en</strong>t.<br />
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