Guide de prise en charge de l'infection à VIH chez l'enfant - Grandir ...
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La consuLtation <strong>de</strong> L’annonce du Vih :<br />
une pRÉpaRation paRticuLièRe<br />
L’annonce du <strong>VIH</strong> est un mom<strong>en</strong>t clé dans le processus d’annonce. Les trois acteurs<br />
principaux <strong>de</strong> cette consultation doiv<strong>en</strong>t être préparés :<br />
L’annonceur :<br />
Celui qui annonce doit être personnellem<strong>en</strong>t serein sur la question du <strong>VIH</strong> (sur un plan théorique<br />
et psychologique). Il doit pouvoir répondre <strong>à</strong> <strong>de</strong>s questions <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>fant, mais aussi être<br />
<strong>en</strong> mesure <strong>de</strong> gérer l’émotion liée <strong>à</strong> l’annonce. Si l’annonceur est lui-même <strong>en</strong> difficulté par<br />
rapport au sida (souv<strong>en</strong>irs douloureux, <strong>de</strong>uils réc<strong>en</strong>ts...), il vaut mieux qu’il “passe la main”.<br />
L’annonceur doit aussi bi<strong>en</strong> connaître l’<strong>en</strong>fant et sa famille. Ce doit être avant tout le<br />
mé<strong>de</strong>cin car l’annonce et le traitem<strong>en</strong>t sont intimem<strong>en</strong>t liés. Ce peut être aussi l’infirmier,<br />
le responsable du groupe <strong>de</strong> parole, ou le psychologue <strong>de</strong> l’équipe mais l’annonceur doit<br />
connaître les antécé<strong>de</strong>nts et le contexte pour choisir le mom<strong>en</strong>t et personnaliser son<br />
discours. Il est important pour l’équipe d’échanger sur le contexte pour savoir qui peut faire<br />
l’annonce et si le mom<strong>en</strong>t est opportun. La surv<strong>en</strong>ue réc<strong>en</strong>te d’un <strong>de</strong>uil, d’une épreuve<br />
psychologique traumatisante, d’une infection opportuniste <strong>en</strong> cours inviteront <strong>à</strong> temporiser ;<br />
<strong>en</strong> revanche, l’apparition d’une mauvaise observance, un <strong>en</strong>fant posant <strong>de</strong>s questions<br />
précises, ou la surv<strong>en</strong>ue <strong>de</strong> pratiques <strong>à</strong> risque <strong>chez</strong> un préadolesc<strong>en</strong>t conduiront <strong>à</strong> fixer<br />
rapi<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t une date pour la consultation d’annonce du <strong>VIH</strong>.<br />
L’adulte responsable :<br />
L’adulte responsable doit être prés<strong>en</strong>t lors <strong>de</strong> l’annonce du <strong>VIH</strong>. Il doit adhérer <strong>à</strong> la démarche<br />
(travail antérieur avec lui si besoin) et savoir comm<strong>en</strong>t accompagner l’<strong>en</strong>fant après<br />
la consultation. Il faut donc lui transmettre une information sur les réactions possibles<br />
<strong>de</strong> l’<strong>en</strong>fant après la consultation <strong>de</strong> l’annonce du <strong>VIH</strong> et les principales attitu<strong>de</strong>s <strong>à</strong> avoir.<br />
L’adulte responsable doit être prés<strong>en</strong>t et disponible dans les suites <strong>de</strong> l’annonce du <strong>VIH</strong>.<br />
L’annonceur doit, dans tous les cas, proposer <strong>de</strong> revoir l’<strong>en</strong>fant et/ou son par<strong>en</strong>t dès<br />
qu’ils le veul<strong>en</strong>t dans les jours qui suiv<strong>en</strong>t l’annonce.<br />
L’<strong>en</strong>fant :<br />
La préparation <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>fant a déj<strong>à</strong> été réalisée, <strong>de</strong>puis le post-test, <strong>en</strong> consultation médicale<br />
et dans les activités <strong>de</strong> groupe.<br />
Il sait déj<strong>à</strong> qu’il est infecté par un microbe, il a <strong>de</strong>s informations objectives sur le <strong>VIH</strong> et<br />
les ARV et souv<strong>en</strong>t se doute déj<strong>à</strong> du diagnostic (même s’il espère secrètem<strong>en</strong>t qu’il n’est<br />
pas atteint).<br />
s’adapteR <strong>à</strong> chaque <strong>en</strong>fant<br />
Dès que l’<strong>en</strong>fant a atteint le sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> la p<strong>en</strong>sée opératoire (7 ans), il est <strong>en</strong> mesure <strong>de</strong> compr<strong>en</strong>dre<br />
les messages sur l’infection chronique, les effets <strong>de</strong>s traitem<strong>en</strong>ts sur le microbe,<br />
les conséqu<strong>en</strong>ces d’un arrêt <strong>de</strong> traitem<strong>en</strong>t, etc.<br />
Cette série d’annonces peut donc être débutée dès 6-8 ans. L’annonce <strong>de</strong> l’infection par<br />
le <strong>VIH</strong> peut se faire <strong>en</strong>tre 8 et 11 ans. Le mom<strong>en</strong>t est <strong>à</strong> adapter <strong>à</strong> chaque <strong>en</strong>fant et <strong>à</strong><br />
chaque famille. Dans cette tranche d’âge, l’<strong>en</strong>fant (sauf exception) a confiance dans les<br />
adultes et ses réactions sont <strong>en</strong> général modérées.<br />
Il est déconseillé d’att<strong>en</strong>dre 12 ans ou plus pour annoncer <strong>à</strong> l’adolesc<strong>en</strong>t qu’il est<br />
infecté par le <strong>VIH</strong>. Non seulem<strong>en</strong>t il pourra reprocher plus violemm<strong>en</strong>t aux adultes leurs<br />
“m<strong>en</strong>songes” ou leurs non-dits, mais l’annonce, <strong>à</strong> cette pério<strong>de</strong> où sa personnalité est <strong>en</strong><br />
construction est particulièrem<strong>en</strong>t risquée. L’expéri<strong>en</strong>ce montre que les annonces tardives<br />
sont difficiles, génèr<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s réactions aiguës plus int<strong>en</strong>ses et sont fréquemm<strong>en</strong>t suivies <strong>de</strong><br />
difficultés dans l’observance <strong>de</strong>s traitem<strong>en</strong>ts. Ainsi, le refus <strong>de</strong>s familles ou <strong>de</strong>s équipes<br />
<strong>de</strong> révéler le diagnostic a conduit plus d’un adolesc<strong>en</strong>t <strong>à</strong> arrêter toute <strong>prise</strong> <strong>de</strong> médicam<strong>en</strong>t,<br />
avec <strong>de</strong>s conséqu<strong>en</strong>ces graves.<br />
une annonce non préparée qui aurait pu mal se terminer...<br />
Fatoumata a 13 ans. Infectée par le <strong>VIH</strong> et suivie <strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong> 5 ans, elle est sous<br />
prophylaxie au cotrimoxazole et n’est pas <strong>en</strong>core sous ARV. Elle n’a appris son statut<br />
qu’<strong>à</strong> l’âge <strong>de</strong> 12 ans. Elle raconte que p<strong>en</strong>dant longtemps elle avait le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t<br />
qu’on lui cachait <strong>de</strong>s choses : “on me disait que le médicam<strong>en</strong>t que je pr<strong>en</strong>ais tous<br />
les jours – le cotrimoxazole – était pour mes douleurs thoraciques. Mais cela faisait<br />
longtemps que je n’avais plus mal au thorax alors je ne compr<strong>en</strong>ais pas pourquoi<br />
il fallait que je continue <strong>à</strong> pr<strong>en</strong>dre ce médicam<strong>en</strong>t. C’est <strong>à</strong> force <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>à</strong> ma<br />
mère qu’elle a fini par m’expliquer que j’avais le <strong>VIH</strong>, et qu’elle aussi. Seul mon<br />
frère ne l’a pas. Mon père est mort. Maint<strong>en</strong>ant nous partageons ce secret <strong>à</strong> trois et<br />
personne d’autre ne le sait”.<br />
P<strong>en</strong>dant les 6 mois qui ont suivi l’annonce, Fatoumata a refusé <strong>de</strong> pr<strong>en</strong>dre son<br />
cotrimoxazole car elle était <strong>en</strong> colère contre sa mère et les mé<strong>de</strong>cins. Mais elle est<br />
aujourd’hui dans un groupe <strong>de</strong> parole d’adolesc<strong>en</strong>ts. Elle dit être cont<strong>en</strong>te <strong>de</strong> pouvoir<br />
discuter avec les autres <strong>de</strong> ses préoccupations. Elle écoute avec att<strong>en</strong>tion aussi ce<br />
que les autres dis<strong>en</strong>t sur les traitem<strong>en</strong>ts ARV. Elle est active dans ce groupe.<br />
Le fait <strong>de</strong> mettre “un nom” au problème <strong>de</strong> santé <strong>de</strong> Fatoumata lui a permis <strong>de</strong> se<br />
pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> <strong>charge</strong> et <strong>de</strong> participer <strong>à</strong> un groupe <strong>de</strong> parole où elle “se retrouve”. Bi<strong>en</strong><br />
que l’annonce se soit finalem<strong>en</strong>t “bi<strong>en</strong> passée”, il aurait été préférable d’accompagner<br />
Fatoumata plus tôt, alors qu’elle posait <strong>de</strong>s questions répétées sur le pourquoi<br />
<strong>de</strong> son traitem<strong>en</strong>t et initialem<strong>en</strong>t, ne pas lui m<strong>en</strong>tir sur la raison <strong>de</strong> la <strong>prise</strong> <strong>de</strong><br />
cotrimoxazole…<br />
RepR<strong>en</strong>dRe Les annonces<br />
Le fait d’avoir dit <strong>à</strong> un <strong>en</strong>fant qu’il était infecté par un microbe, ou par le <strong>VIH</strong>, ne disp<strong>en</strong>se<br />
pas <strong>de</strong> poursuivre le dialogue avec lui. Il faut continuer <strong>à</strong> l’écouter sur ce qu’il compr<strong>en</strong>d<br />
<strong>de</strong> sa maladie, sur ce qu’il p<strong>en</strong>se <strong>de</strong> ses traitem<strong>en</strong>ts, partager avec lui les résultats <strong>de</strong> ses<br />
exam<strong>en</strong>s biologiques.<br />
Lorsque l’<strong>en</strong>fant <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t adolesc<strong>en</strong>t, les annonces doiv<strong>en</strong>t être re<strong>prise</strong>s car l’adolesc<strong>en</strong>t<br />
va progressivem<strong>en</strong>t pr<strong>en</strong>dre consci<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>s conséqu<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> l’infection par le <strong>VIH</strong> dans<br />
ses possibilités et projets d’av<strong>en</strong>ir et sur les implications par rapport <strong>à</strong> sa sexualité. Les<br />
argum<strong>en</strong>ts et explications données <strong>à</strong> l’<strong>en</strong>fant doiv<strong>en</strong>t être répétés, avec un discours adapté<br />
<strong>à</strong> ses nouvelles possibilités <strong>de</strong> compréh<strong>en</strong>sion et d’analyse. Il faudra lui proposer d’intégrer<br />
un groupe <strong>de</strong> pairs, pour lui permettre d’échanger avec d’autres adolesc<strong>en</strong>ts infectés.<br />
D’autres thématiques <strong>de</strong>vront progressivem<strong>en</strong>t être abordées : projet d’av<strong>en</strong>ir, gestion<br />
autonome <strong>de</strong> sa maladie, relations amoureuses et sexuelles, risques <strong>de</strong> surinfection et<br />
<strong>de</strong> transmission.<br />
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