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Guide de prise en charge de l'infection à VIH chez l'enfant - Grandir ...

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cas d’étu<strong>de</strong><br />

La douleur <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>fant<br />

mieux la compr<strong>en</strong>dre<br />

pour mieux la soulager<br />

Le sida pédiatrique, maladie douloureuse<br />

Comme <strong>chez</strong> les adultes, les causes <strong>de</strong>s douleurs sont multiples <strong>chez</strong> les <strong>en</strong>fants infectés<br />

par le <strong>VIH</strong> : infections bactéri<strong>en</strong>nes (méningites, pleuro-pneumopathies, infections<br />

cutanées, buccales…), <strong>en</strong>céphalites, douleurs abdominales (pancréatite, oesophagites,<br />

diarrhées incoercibles, subocclusions : mécanismes variés et causes parfois difficiles<br />

<strong>à</strong> diagnostiquer), douleurs ostéo articulaires diffuses notamm<strong>en</strong>t dans les sida avancés<br />

avec dénutrition.<br />

Selon la précocité <strong>de</strong> la <strong>prise</strong> <strong>en</strong> <strong>charge</strong>, l’<strong>en</strong>fant peut avoir <strong>de</strong>s expéri<strong>en</strong>ces douloureuses<br />

plus ou moins nombreuses et traumatisantes.<br />

A ces douleurs liées aux complications, il faut ajouter les douleurs liées aux effets secondaires<br />

<strong>de</strong>s médicam<strong>en</strong>ts (céphalées, neuropathies, douleurs abdominales) et les douleurs<br />

liées aux soins (ponctions, pansem<strong>en</strong>ts…).<br />

Ces douleurs sont très peu décrites et étudiées, il n’existe pas <strong>de</strong> recommandations ; <strong>en</strong><br />

pratique clinique, la douleur est trop rarem<strong>en</strong>t recherchée et évaluée.<br />

Finalem<strong>en</strong>t, les douleurs <strong>chez</strong> l’<strong>en</strong>fant sont insuffisamm<strong>en</strong>t <strong>prise</strong>s <strong>en</strong> compte et traitées.<br />

Pourtant, avec quelques principes et <strong>de</strong>s antalgiques souv<strong>en</strong>t simples, il est possible <strong>de</strong><br />

diminuer les douleurs, <strong>en</strong> particulier celles qui sont liées aux soins.<br />

symptomatologie <strong>de</strong> la douleur chronique :<br />

surv<strong>en</strong>ue précoce <strong>chez</strong> l’<strong>en</strong>fant<br />

N° 19 Prise <strong>en</strong> <strong>charge</strong> médicale<br />

Mohamed, 6 ans, a été reçu <strong>en</strong> consultation il y a quelques jours pour une<br />

mycose orale flori<strong>de</strong>. On lui a prescrit un traitem<strong>en</strong>t anti mycosique. Il revi<strong>en</strong>t<br />

trois jours plus tard. Il est déshydraté, refuse le traitem<strong>en</strong>t, refuse <strong>de</strong> s’alim<strong>en</strong>ter,<br />

est totalem<strong>en</strong>t opposant et craintif lorsque vous vous appro<strong>chez</strong> <strong>de</strong> lui.<br />

Que p<strong>en</strong>sez-vous <strong>de</strong> ces symptômes et comm<strong>en</strong>t abor<strong>de</strong>z-vous la consultation ?<br />

La douleur chronique est définie <strong>chez</strong> l’adulte par une douleur qui persiste <strong>de</strong>puis plus<br />

<strong>de</strong> 3 <strong>à</strong> 6 mois. Chez le nourrisson et le jeune <strong>en</strong>fant, les manifestations bruyantes (pleurs,<br />

agitation) d’une douleur aiguë peuv<strong>en</strong>t faire place <strong>à</strong> <strong>de</strong>s signes <strong>de</strong> douleur chronique <strong>en</strong> 48<br />

heures. L’<strong>en</strong>fant prés<strong>en</strong>te alors <strong>de</strong>s signes plus discrets, qui associ<strong>en</strong>t <strong>de</strong> façon variable :<br />

atonie psychomotrice, repli <strong>en</strong> position antalgique, geignem<strong>en</strong>ts, <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s itératives <strong>de</strong><br />

changem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> position, <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>à</strong> manger mais n’arrive pas <strong>à</strong> avaler, pleurs <strong>à</strong> l’approche<br />

d’un adulte, voire perte <strong>de</strong> toute communication verbale et hypervigilance (focalisation <strong>de</strong><br />

l’<strong>en</strong>fant sur sa douleur qui majore la s<strong>en</strong>sation douloureuse).<br />

Douleur par excès <strong>de</strong> stimulus douloureux,<br />

douleur neuropathique, douleur psychogène :<br />

<strong>de</strong>s mécanismes différ<strong>en</strong>ts dont la <strong>prise</strong> <strong>en</strong> <strong>charge</strong><br />

thérapeutique n’est pas i<strong>de</strong>ntique<br />

Différ<strong>en</strong>ts mécanismes peuv<strong>en</strong>t être mis <strong>en</strong> cause dans la surv<strong>en</strong>ue d’un processus<br />

douloureux. Ils sont parfois associés. Il est important <strong>de</strong> les reconnaître car le traitem<strong>en</strong>t<br />

est différ<strong>en</strong>t.<br />

• Les douleurs par excès <strong>de</strong> stimulus douloureux (douleurs nociceptives) : l’exemple type<br />

est une fracture non déplacée. Il existe <strong>de</strong>s lésions tissulaires et une inflammation locale<br />

qui stimul<strong>en</strong>t certains nerfs et <strong>en</strong>voi<strong>en</strong>t un message <strong>de</strong> douleur au cerveau.<br />

• Dans les douleurs neuropathiques, le tissu nerveux (nerf périphérique ou système nerveux<br />

c<strong>en</strong>tral) lui-même est abîmé et un stimulus non douloureux peut <strong>en</strong>traîner une s<strong>en</strong>sation<br />

désagréable (picotem<strong>en</strong>t, dé<strong>charge</strong> électrique) ou douloureuse. On r<strong>en</strong>contre ces<br />

douleurs après un zona, une <strong>en</strong>céphalite ou dans les neuropathies liées aux ARV.<br />

• Dans les douleurs psychogènes, on ne trouve pas <strong>de</strong> cause organique et il existe souv<strong>en</strong>t<br />

un contexte psychologique traumatisant. Elles peuv<strong>en</strong>t être invalidantes et sont plus<br />

difficiles <strong>à</strong> pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> <strong>charge</strong>.<br />

Les différ<strong>en</strong>ts types d’antalgiques<br />

Pour les douleurs nociceptives, on utilise les antalgiques classiques. Le paracétamol et<br />

l’ibuprofène (pallier I <strong>de</strong> l’OMS) peuv<strong>en</strong>t être associés et donnés <strong>en</strong> alternance.<br />

En cas d’inefficacité, il faut les associer aux antalgiques du pallier II. La codéine peut être<br />

proposée <strong>à</strong> partir <strong>de</strong> 1 an. La codéine est métabolisée dans le foie et 10% <strong>de</strong> la dose est<br />

transformée <strong>en</strong> morphine. On la trouve seule (Co<strong>de</strong>nfan) ou <strong>en</strong> association avec le paracétamol<br />

(les formes associées peuv<strong>en</strong>t être utilisées <strong>à</strong> partir <strong>de</strong> 3 ans). L’alternative <strong>à</strong> la<br />

codéine est le tramadol (utilisable sous forme <strong>de</strong> gouttes <strong>à</strong> partir <strong>de</strong> 3 ans).<br />

Pour <strong>de</strong>s douleurs plus int<strong>en</strong>ses, la morphine et ses dérivés (pallier III <strong>de</strong> l’OMS) doiv<strong>en</strong>t<br />

être proposés. Il n’existe pas <strong>de</strong> risque <strong>de</strong> toxicomanie (ni <strong>à</strong> court, ni <strong>à</strong> long terme) si la<br />

morphine est prescrite <strong>à</strong> un <strong>en</strong>fant douloureux. Il existe <strong>de</strong>s formes orales (immédiates et<br />

retard), injectables et <strong>en</strong> patch.<br />

Pour les douleurs neuropathiques, d’autres classes médicam<strong>en</strong>teuses doiv<strong>en</strong>t être<br />

proposées. Les antidépresseurs tricycliques (amitryptilline, après 4 ans), les b<strong>en</strong>zodiazépines<br />

(Clonazépam) et la gabap<strong>en</strong>tine peuv<strong>en</strong>t être utilisés. Ces indications ne sont pas<br />

classiques <strong>chez</strong> l’<strong>en</strong>fant, car souv<strong>en</strong>t les laboratoires n’ont pas pris la peine <strong>de</strong> monter<br />

<strong>de</strong>s dossiers d’autorisation <strong>de</strong> mise sur le marché (AMM) pour les <strong>en</strong>fants, <strong>en</strong> raison du<br />

faible nombre d’<strong>en</strong>fants concernés. Mais <strong>de</strong> nombreuses étu<strong>de</strong>s ont montré l’efficacité <strong>de</strong><br />

ces traitem<strong>en</strong>ts, dont les effets secondaires sont proches <strong>de</strong> ceux <strong>de</strong>s adultes. Il faut les<br />

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