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AV LECTEVR. t¤i$<br />

gaillards & bien naiz,faifant reluire fur leurfront ie nelçay quelle attrayante & non<br />

vulgairevertu:carfitupenfoisqueie fuffe vn ambirieux Courtifan; 'ou à gage <strong>de</strong><br />

quelque Seigneur , tu me ferois grand tort, & t'abuferois beaucoup. le dy cecy pour<br />

ce que ces nouueaux rimaffeurs m'appellent tantoft Euefque futur, tantoft Abbé;<br />

mais telles dignitez ne font <strong>de</strong> grand reuenu, venant <strong>de</strong> leur main,pour n'eftre fonj<br />

dées qu'en vn papier encore bien mal rimé. Il eft vray qu'autrefois ie me fuis fafche^<br />

voyant que la faueur nerefpondoit à mes labeurs(comme tu pourras lire en la com¬<br />

plainte que i'ay n'agueres eferite à la Royne) & pour cela i'ay hifle Francus &les<br />

Troyens agitez <strong>de</strong>stempeftes<strong>de</strong> la mer, attendant vne meilleure occafion <strong>de</strong> faire<br />

leurs nauircs pour les conduire ànoftre bord tat<strong>de</strong>firé. Car ce n'eft moy qui fève ut<br />

diftiller le cerueau à la pourfuite d'vn fi grand muure fans me voir autrement fauoj<br />

rifé: s'ils le peuuét & veulent faire,ie n'en fuis enuieux. Cependan t ie pafferay la for-<br />

' tune telle qu'il plaira àDieu m'enuoyer.Car tu p eux bië t'afîeurer n'auoir iamais veu<br />

homme fi content ny fi refolu que moy, foi t que mon naturel me ren<strong>de</strong> tel, ou foit<br />

que mon meftier le vueille ainfi,ne me donant fafcherie en l'efprit, voire quâd la ter¬<br />

re fe mefleroit <strong>de</strong>dans la mer,& la mer <strong>de</strong>dans le feu,ie fuis refolu <strong>de</strong> mefprifer toutes<br />

fortunes, Se <strong>de</strong> porter auec patience les volontez <strong>de</strong> Dieu , foit la paix , foie la guerre,<br />

foit la mort, foit la vie, foit querelles générales ou particulières*: Telsacci<strong>de</strong>ns ne<br />

m'efbranleront iamais d'icelleaffeuréerefolution, qui eft par la grâce <strong>de</strong> Dieu im¬<br />

primée <strong>de</strong> long temps en mon efprit, tellement que i'ay pris pour dçuife ces <strong>de</strong>ux<br />

vers que dit Horace <strong>de</strong> l'homme confiant & refolu.<br />

SifiroClus illobatur orbis '<br />

, Impauidum fierient ruinn.<br />

S'ils prennent plaifir à lire mes efcris,i'en fuis tres-iôyeux; fi au contraire ils s'en faf-<br />

1 chent,ie les confeille <strong>de</strong> ne les acheter pas , ou fi d'auanture ils les ont achetez,les faire<br />

feruir, auec vn<strong>de</strong>fdain, au plus vil office dont ilsfe pourront aduifer:car pour approuuer<br />

mes ou pour les calomnier, i^jge m'entrouue moins gaillard ny<br />

difpos. Et pour leur louange, ou pour leur mefdire, rien ne me vient en ma boette<br />

quand i'ay befoin d'acheter ce qui eft neceffaire pour m'en tretenir.. Ils ont bien ouy<br />

parler <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux boettes <strong>de</strong> Simoni<strong>de</strong>, & pour ce ie ne leur en feray plus 16g difcours;<br />

feulement ie me donneray bien gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> forcer ma complexion pour leur plaifir. La<br />

poëfie eft pleine <strong>de</strong> toute honefteliberté,& s'il faut dire vray,vn folaftre meftier,duquel<br />

on ne peut retirer beaucoup d'auancemét, ny <strong>de</strong> profit, si tu veux fçauoir pour¬<br />

quoy i'ay trauaillé fi allegremét,pour ce qu'vn tel paflé- téps m'eft agr eable,& fi mon<br />

efprit cn efcriuant nefe contétoit & donnoit plaif ir,ie ne ferois iamais vn vers, corne<br />

ne voulant faire profeffi on d'vn meftier qui me viédroit à contre- cur. Ils en dirot<br />

& penferont ce qu'il leur plaira; ie t'affeurc, Le<strong>de</strong>ur,que ie dy vérité. le ne fais point<br />

<strong>de</strong> doute que ie n'aye mis vn bon nombre <strong>de</strong> ces Poëtaftres, rimaffeurs, & vérifica¬<br />

teurs en ceruellejefquels fe fentent offenfezj<strong>de</strong>quoyic les ay appeliez apprentifs&<br />

difciples <strong>de</strong> mon efcolef car c'eft la feule & principalle caufe <strong>de</strong> l'enuie qu'ils ont<br />

conceuë contre moy ) les faifant <strong>de</strong>uenir furieux après ma viue & bel! e renommée,<br />

comme ces chiens qui aboyent la Lune,& ne fçaue't pourquoy,finon pour ce qu'el¬<br />

le leur femble trop belle & luyfante, & que fa clarté fereine leur <strong>de</strong>fplaift & leur offenfe<br />

le cerueau melancholique&^atharreux.Maislespauurcinfenfez le trompent<br />

;fplaifant, qu(<br />

<strong>de</strong> ma vertu que les iniures e<strong>de</strong>ntées, que ces Poëtaftres vomiflent contre moy. Et<br />

pour vne mefdifance ie leur confeille d'en dire <strong>de</strong>ux,trois,quatre,cinq,fix,dix,vingt,<br />

K ' " - TTTttt ij<br />

© Centre d'Étu<strong>de</strong>s Supérieures <strong>de</strong> la Renaissance - Tours<br />

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