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t*44 LAV1EDEP.DE RONSARD.<br />

il vint fi bien à chef , que les plus do<strong>de</strong>s ingèrent que la Lyre Grecque-Latine<br />

eftoit <strong>de</strong>uenuë Françoife.Ce que Iean Dorât, qui alors dcfnouoit les plus enuelopez<br />

paffages <strong>de</strong> l'obfcur Lycophron, & qui le premier par ceft Autheur apprit<br />

à nos François la façon <strong>de</strong>s Anagrammes , tefmoigna par les premiers qui fu¬<br />

rent faids du nom dc Ronfard , dont l'vn eftoit , R O S E DE P1NDA-<br />

RE , & l'autre, SUS O TEPI1ANAPO 2,les lettres furabondantes,dont<br />

les pareilles ont efté vne fois employées, fe rcuniffans enfemble par vne licence<br />

permife ou excufable. La première O<strong>de</strong> qu'il fit , fut la Complainte <strong>de</strong> Glauque<br />

àScylle, & celle qu'il addreffe à Iacques Pelletier fur l'argument <strong>de</strong>s beau fez qu'il<br />

voudroit en fon amie .-auffi ne font- elles point mefurces ny propres à la Lyre,<br />

ainfi que l'O<strong>de</strong> le requiert,non plus que quelques autres qu'il fit en ce mefme temps.<br />

11 commença donc alors à pourpcnfer <strong>de</strong> grands <strong>de</strong>ffeins pour mettre noftre lan¬<br />

gue hors d'enfance , ayant fait prouifion <strong>de</strong> toutes matières neceffaircs:car d'vn<br />

coflé il auoit Ieu les Autheurs Grecs Se Latins auec tel mefnage qu'il ne fc pouuoitprefentcr<br />

fubjet dont il n'euft remarqué quelque excellent traid <strong>de</strong>s anciens:<br />

d'ailleurs il auoit couru fuffifammcntlaPhilofophieen toutes fes parties, Se pour<br />

l'elegance <strong>de</strong>s paroles, il n'y auoit mot propre en noftre langue qu'il n'euft curieu¬<br />

sement recherché, ne dcfdaignant d'aller aux boutiques <strong>de</strong>s artifans, Se pratiquer<br />

toutes fortes <strong>de</strong> meftiers pour apprendre leurs termes , prenant gar<strong>de</strong> aux moindres<br />

chofes , tant naturelles que celles où l'artifice <strong>de</strong>s hommes fe rend admirable, faifant<br />

fon profit <strong>de</strong> toutes.<br />

Enuiron ce temps, qui eftoit l'an mil cinq cens quarante neuf, ainfi qu'il retour-1<br />

noit d'vn voyage <strong>de</strong> Poidiers à Paris, <strong>de</strong> fortune il fe rencontra envnemefme ho-'r<br />

ftellerie auec loachim duBellay, ieune Gentil- homme Angeuin,&iffu <strong>de</strong> cefte<br />

illuflre Se do<strong>de</strong> maifon <strong>de</strong> Du-Bellay3 lequel en retournant auffi <strong>de</strong> Poidiers <strong>de</strong><br />

l'eftu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s Loix , où il auoit efté dédié , comme ordinairement les bons efprits<br />

ne fe peuuent celer non plus que la lumière <strong>de</strong> Phcebus Apollon leur gui<strong>de</strong>, ils<br />

fe firent cognoiflre l'vn à l'autre, pour eftre non feulement alliez <strong>de</strong> parentage,<br />

mais <strong>de</strong> mefme inclination aux Mufes : qui fut caufe qu'ils acheuerent le voyage,<br />

enfemble ; Se <strong>de</strong>puis l'attiraRonfard à <strong>de</strong>meurer auec luy & Baïf, pour en ceft heu¬<br />

reux Trium-virât, & à la femonce les vns <strong>de</strong>s autres, donner effed à l'ar<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>¬<br />

fir qu'ils auoient <strong>de</strong> refueiller la Poëfie Françoife, auant eux foible&languiffante:<br />

parlahantife <strong>de</strong>fquels, luy quis'eftoit plus addonné à la Poëfie Latine qu'à la Fran¬<br />

çoife, changea beaucoup fon ftyle qui fentoit encore quelque chofe <strong>de</strong> rance Se<br />

du vieux temps. C'eftoit à qui mieux mieux feroit , tantofl fur le fubjed d'A¬<br />

mour, qui <strong>de</strong>llors quitta l'Italie pour voler en France; tantoft fur quelque autre<br />

fubjed, que le temps leur prefentoit : Comme Ronfard , qui ne pouuoit plus fe<br />

tenir en les bornes , fit premièrement voir le iour à l'Epithalamc fur le mariage<br />

<strong>de</strong> Monfieur <strong>de</strong> Vendofme, qui efpoufa Madame Ieanncd'A Ibret Royne <strong>de</strong> Nauarre<br />

, puis vn Poëme fur l'entrée du Roy à Paris qu'il a fupprimé, qui fut fuiuy<br />

dc l'Hymne <strong>de</strong> la Paix. Baïf auffi en mefme temps mit en lumière le Poè¬<br />

me <strong>de</strong> la Paix, & le rauiffement d'Europe." Depuis Ronfard s'eftant en-amouré<br />

d'vne belle fille Blefienne qui auoit nom Caffandre , le 21. iour d*A uril en vn voya¬<br />

ge qu'il fit à Bîois,où eftoit laCour,ayantlors atteint l'aage<strong>de</strong> 20.ans,refolut<strong>de</strong><br />

la chanter, tant pour la beauté du fujet que du nom, dont il fut efpris auffi- tofl qu'il<br />

l'eut veuë, ainfi que par vninftind diuinement infpiré : ce qu'il femble affez vou¬<br />

loir donner à cognoiflre par cefte Deuife qu'il print alors, a S IAON, H2 E M A-<br />

NHN. Auffi par cefte Caffandre Troyenne, on dit qu'il représenta myftiquement<br />

© Centre d'Étu<strong>de</strong>s Supérieures <strong>de</strong> la Renaissance - Tours

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