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«<br />

f¤6t LA VIE DE P. DE RONSARD. ^<br />

<strong>de</strong>s plus belles. Et tout ainfi qu'au cours dc noftre vie , il y a beaucoup <strong>de</strong> chofes qui<br />

fcprefentent,<strong>de</strong>fquelles peu nous plaifent &moins encore nous engendrent ce<br />

parfait contentement qui nous rauit en l'admiration : Aufïi plufieurs confi<strong>de</strong>rations<br />

s'offrent en la conception Se fantafie du Poète dont il doit refufer la plus grand<br />

part, & receuoir celles qui plus raifonnablcment& auec gran<strong>de</strong> contention d efprit<br />

luy viennent à gré. De tousles Poètes qui ont efté iufques à prefent ', les vns ont<br />

remporté l'honneur pour le Poëmc Epique , Se les autres pour le Lyrique , Se ainfi<br />

<strong>de</strong>s autres : mais faifant comparaifon auec chacun Poète particulier, il eft au lieu dc<br />

tous Se entre tous vnique. Prenez gar<strong>de</strong> à fon éloquence diuerfifiéc <strong>de</strong> toutes varie¬<br />

rez , Se qui entièrement imite la nature , mère <strong>de</strong> toutes chofes , qui n'a efté eftimée(<br />

belle par les anciens , que pour eftre inconftante Se variable en fes perfections,<br />

comme vne Mufique parfaite en fon harmonie <strong>de</strong> plufieurs Se diuers tons, Se ac¬<br />

cords. Pouuant appeller le corps <strong>de</strong> fes ruures vn petit mon<strong>de</strong> accomply <strong>de</strong> toutes<br />

parties belles en leur diuerfité , wnt il imite ie mon<strong>de</strong> naturel : Car comme ceftuycy<br />

d'vn cqftéfe monftre fertile Se luxuriant cn riches moiffons, efgayé dc belles Se<br />

ver-floriffantes prairies , que mille ruiffeaux Se fontaines refioiiiffent <strong>de</strong> leurs courfes<br />

argentines, puis enuironne <strong>de</strong> cefle gran<strong>de</strong> mer bruyante qui rehauffe Se releue<br />

fon embelliffement : d'autre coflé vous la voyez hifpi<strong>de</strong> Se cheueluë <strong>de</strong> tant dc bo¬<br />

cages Se hautes forefts, flerile en lan<strong>de</strong>s Se bruieres, feichc entant <strong>de</strong> pr.ys fablonneux,&<strong>de</strong>ferteentant<strong>de</strong><br />

rochers &pierrcufes montaignes ; ce qui rend ce Tout<br />

^parfait en fa variété. Ainfi <strong>de</strong>uons-nous admirer le diuin Génie <strong>de</strong> fa Poëfie,la gran¬<br />

1 ces<br />

i d'inuentions<br />

<strong>de</strong>ur Se vénérable majeflé <strong>de</strong> fes conceptions , la variété <strong>de</strong> fes entrelacemens Poéti¬<br />

ques dont il enrichit comme <strong>de</strong> franges Se paffemens fes diuins ouurages, la facilité<br />

inimitable <strong>de</strong> fes vers ; comme là il eft flori<strong>de</strong> Se copieux, par fois ari<strong>de</strong> Se raboteux,<br />

icy rond , referré , Se preffe quand il veut, d'vn vers nombreux Se fauoureux, élégant<br />

Se poly , d'vn flile hautain non errené ny trainant à terre , ou efféminé : agréable en<br />

comparaifonsinduftrieufes& naïues,elabouré en viues <strong>de</strong>fetiptions, Se en toutes<br />

chofes autant toufiours égal à fon fubjet, & à foy-mefme, comme en vaîieté<br />

&d'argumens, il eft toufiours diffemblable & différent, reprefentant<br />

toutes les Mufes enfemble qui ont toutes diuerfe Se différente face, en laquelle<br />

neantmoins on recognoift qu'elles font f filles dc Iupiter & Mnemofync.<br />

Ainfi que l'ingenieufe abeille , il s'eft ferui fi <strong>de</strong>xtrement <strong>de</strong>s fleurs <strong>de</strong>s meilleurs efcriuains<br />

qu'il en a rendu le miel tout fien.<br />

<strong>Les</strong> Satyres qu'il auoit faites, & qu'il euft publiées fi noftre fiecle euft efté plus<br />

paifibie, ne taxoient perfonne qui ne l'euft mérité. Et c'eftoit bienvne.<strong>de</strong> fes cnuics<br />

<strong>de</strong> peindre au vifles vices <strong>de</strong> noftre temps, pour corriger les vns Se efpouuanter les<br />

autres <strong>de</strong> mal faire. Il m'en a monftre quelques-vnes méfiées à l'Horatienne , mais<br />

ie croy qu'elles font fort efgarées, d'autant que m'ayant recommandé Se laiffe fes<br />

^ uures corrigées <strong>de</strong> fa <strong>de</strong>rnière main pour y tenir l'ordre en l'impreffion fuiuant les<br />

mémoires &aduis, <strong>de</strong>fquels il s'eft fié à moy, il me dit, quant aux Satyres, que l'on<br />

n'enverroit iamais que ce qu'on auoit veu, noftre fiecle n'eftant ny digne , ny capa¬<br />

ble <strong>de</strong> corredion.<br />

| U auoit enuie, fi la fanté Se la Parque l'euffent permis, d'eferire plufieurs uures<br />

Chreftienncs, Se traitter ingenieufement Se dignement la naiffance du mon<strong>de</strong>,mais<br />

. il nous en a laiffe feulement le <strong>de</strong>fir : bien auoit-il commencé vn Poëme <strong>de</strong> la loy di-<br />

uine non acheué qu'il voiioit à Henry IV. à prefent Roy <strong>de</strong> France Se <strong>de</strong>Nauarre,<br />

auec prefage <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> promeffe, qui n'eft encore manifefte qu'au Ciel : Se com¬<br />

bien que les Poëtes ayent efté appeliez <strong>de</strong>s anciens Vates Se diuins , en voicy l'ef-<br />

chantillon.<br />

© Centre d'Étu<strong>de</strong>s Supérieures <strong>de</strong> la Renaissance - Tours

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