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Téléchargement complet de l'ouvrage - Les Bibliothèques Virtuelles ...

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«to, ORAISON FVNEBRE.<br />

ôe qu'il <strong>de</strong>firoit qu'ils fuffent fpedateurs du <strong>de</strong>rnier a<strong>de</strong> <strong>de</strong> fa vie : aufquels quand<br />

ils furent affemblez il commença à faire cefte déclaration; Qu'il recognojffoit<br />

qu'il auoit efté pécheur comme les autres hommes, voire beaucoup plus grand<br />

pécheur que la plus part <strong>de</strong>s autres hommes : Qu'il s'eftoit laiffe <strong>de</strong>ceuoir aux<br />

charmes <strong>de</strong> fes fens, &ne les auoit pas réprimez & chaftiez comme ii<strong>de</strong>uoit:Ce<br />

pendant, qu'il auoit toufiours tenu la foy & la religion que fes ayeulx luy auoient<br />

laiffec; qu'il auoit toufiours embraffé la créance &Pvnion <strong>de</strong> l'Eglife Catholi¬<br />

que; qu'il auoit mis vn bon fon<strong>de</strong>ment, mais qu'il auoit bafty <strong>de</strong>ffus, du foin, du<br />

bois & <strong>de</strong> la paille. Pour le regard du fon<strong>de</strong>ment qu'il auoit eftably , il efloit<br />

tres-affeuré qu'il <strong>de</strong>meureroit : Quant à ce qu'il auoit édifié <strong>de</strong>ffus, il efpcroit en<br />

la mifericor<strong>de</strong> du Seigneur qu'il feroit confommé par le feu <strong>de</strong> fa charité Se <strong>de</strong><br />

fon amour. Pourtant les prioit-il qu'ils creuffent comme il auoit creu, mais ne<br />

vefeuffent pas comme il auoit vefeu -.neantmoins qu'il n auoit iamais entreprisny<br />

fur la vie, ny fur les biens, ny fur l'honneur <strong>de</strong> perfonne, mais que ce n'eftoit pas<br />

<strong>de</strong>quoy fe glorifier <strong>de</strong>uant Dieu. Puis fapperceuant qu'ils auoient le vifage tout<br />

trempé, adjoufta qu'ils neplcuraffent point <strong>de</strong> le voir en l'extrémité où il efloit,<br />

mais pluflofl <strong>de</strong>ploraffent leur condition <strong>de</strong> ce qu'ils auoient encore à languir fi<br />

long-temps apresluy. Que le Mon<strong>de</strong> eftoit vne perpétuelle agitation, vne per¬<br />

pétuelle tourmente, vn perpétuel naufrage ; que c'eftoit vne mer & vne confufion<br />

<strong>de</strong> pochez, <strong>de</strong> larmes & <strong>de</strong> douleurs, Se que le feul port <strong>de</strong> toutes ces infortu¬<br />

nés Se miferes c'eftoit la Mort. Pour luy, qu'il n'emportoit aucun <strong>de</strong>fir ny aucun<br />

regret <strong>de</strong> la vie, qu'il en auoit effayé toutes les fauffes Se prétendues félicitez, quil<br />

n'y auoit rien oublié qui luy euft peu apporter la moindre ombre <strong>de</strong> contentement,<br />

mais qu'à la fin il auoit trouué par tout l'Oracle du Sage, Vanité <strong>de</strong>s vanitez. Que<br />

<strong>de</strong> la plus belle Se plus louable <strong>de</strong> toutes ces vanitez, qui eftoit la gloire Se la renom¬<br />

mée , il ailoit eu autant <strong>de</strong> fujet d'en eflre raffafîé que perfonne <strong>de</strong> fon fiecle, qu'il<br />

en auoit joiiy Se triomphé par le paffé, maintenant qu'il la laiffoit Se refignoit à<br />

fa patrie, pour la recueillir Se poffe<strong>de</strong>r après fa mort, & s'en ailoit d'icy bas auffi con¬<br />

tent Se affouuy <strong>de</strong> la gloire du Mon<strong>de</strong> , comme <strong>de</strong>fireux Se affamé <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> Dieu.<br />

Apres auoir prononcé ces chofes Se plufieurs autres, auec la mefme confiance<br />

que fil euft efté en vn corps emprunté, il commanda fur les trois ou quatre heures<br />

qu'on luy apportai! les Sacrcmens requis en telles extremitez, lefquels ayant fain-<br />

dcment&<strong>de</strong>uotement receus, Se ayant dit les <strong>de</strong>rnières paroles, il fc tourna vers<br />

laparoy pour repofer. Cependant toute l'affiftance eftoit en pleurs & en larmes,<br />

qui regrettoit le malheur commun, Se feplaignoit <strong>de</strong> cefte feparation comme<br />

d'vne tyrannie <strong>de</strong> la <strong>de</strong>ftinée, s efforçant <strong>de</strong> retenir &coniurer ce diuin efprit, ny<br />

plus ny moins que s'ils l'euffcnt peu arrefter auec leurs mains & leurs prières. <strong>Les</strong><br />

Anges d'autre coflé afliftoient inuifiblement à fon <strong>de</strong>rnier combat , Se attendoient<br />

le partement <strong>de</strong> celle belle ame, pour l'accompagner en fon voyage, veillans à l'en¬<br />

tour d'elle tandis qu'elle repofoit. Enuiron donc vne heure apres,il fortit <strong>de</strong> ce<br />

fommeil, ou pluflofl <strong>de</strong> ceft affoupiffement : mais comme il fe fentit efucillé , il re-<br />

cognut que fon difcours commençoit à fe troubler, Se appréhenda que les affiftans<br />

n'y remarquaient <strong>de</strong> l'altération, Se qu'il luy arriuaft <strong>de</strong> leur dire quelque chofe<br />

mal à propos. Pour à quoy remédier il appcllafa gar<strong>de</strong>, & luy commanda qu'elle<br />

prift gar<strong>de</strong> à luy, Se que quand il commenceroit à refver elle le pouffaft , Se l'en adwertift<br />

: ayant encore ce beau foin au <strong>de</strong>rnier a<strong>de</strong> <strong>de</strong> fa vie , <strong>de</strong> ne vouloir pas qu'il<br />

luy efchappaft aucune parole indigne <strong>de</strong> l'efprit Se <strong>de</strong> la bouche du grand Ronfard.<br />

Et cela fait inclina <strong>de</strong> rechefla telle furie cheuct <strong>de</strong> fon lidpour repofer, comme il<br />

auoit fait yn peu auparauant.<br />

© Centre d'Étu<strong>de</strong>s Supérieures <strong>de</strong> la Renaissance - Tours

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