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,*4t LA VIE DE P. DE RONSARD.<br />

Virgile difoit <strong>de</strong> celles d'Ennie , les nettayeures dont il tiroit comme par vne<br />

induftricufe laueurc <strong>de</strong> riches limures d'or. Fuft donc par la lednre <strong>de</strong> ces li¬<br />

ures , fuft par la hantife <strong>de</strong> ce do<strong>de</strong> Gentil homme , qui luy donna entière¬<br />

ment le gouft <strong>de</strong> la Poëfie , Se le premier jetta en fon efprit la femenec^ <strong>de</strong> tant<br />

<strong>de</strong> beaux'fruids qu'il a <strong>de</strong>puis produits à l'honneur <strong>de</strong> noflre France -, l'an 1543.<br />

il fit trouuer bon à fon père le <strong>de</strong>fir <strong>de</strong> fe remettre aux lettres , mais non en in¬<br />

tention qu'il s'addonnaft à la Poëfie , luy défendant expreffément <strong>de</strong> tenir au¬<br />

cun liure François, l'a)»nt cogneu prefque clés le berceau enclin au meftier <strong>de</strong>s<br />

Mufes. Mais quoy? vn tel efprit, qui dés fa naiffance auoit receu cefte infufion<br />

Se fatale impreflion pour la Poëfie , qu'on ne peut <strong>de</strong>ftourner , ne fe pouuoiç<br />

lier d'autres loix que <strong>de</strong>s fiennes: joind que fon père mourut bien toft après,<br />

à fçauoir le fixiefme iour <strong>de</strong> Iuin 1544- en la vilie <strong>de</strong> paîls bruant fon quartier<br />

chez le Roy. Ronfard donc voulant recompenfer le temps perdu, ayant le plus<br />

fouuent pour compagnon le fieur dc Carnaualet , Gentil-homme Breton, &<strong>de</strong>s<br />

mieux nourris , fe <strong>de</strong>froboit <strong>de</strong> l'Efcurie du Roy, près dc laquelle il eftoit logé<br />

aux.Tournelles, pour paffer l'eau, & venir trouuerlcan Dorât, honneur du pays'<br />

Limofm, excellent perfonnage, Se celuy que l'on peut dire la fource qui a abbreuué<br />

tous nos Poëtes <strong>de</strong>s eaux Pieriennes; ou, comme Ronfard a dit dcluy,le pre¬<br />

mier qui a <strong>de</strong>ftoupé la fontaine <strong>de</strong>s Mufes par les outils <strong>de</strong>s Grecs Se le reueil<strong>de</strong>s<br />

feiences mortes , auquel ie dois auffi vne bonne partie <strong>de</strong> mes eftu<strong>de</strong>s. Dorât <strong>de</strong>meuroitlors<br />

au quartier <strong>de</strong> l'Vniuerfité chez le Seigneur Lazare <strong>de</strong>. Baïf Maiflre <strong>de</strong>s<br />

Requcftes ordinaires <strong>de</strong> l'Hoftel du Roy , Se enfeignoit les lettres. Grecques à<br />

Ican Antoine <strong>de</strong> Baïf fon fils, perfonnage auffi <strong>de</strong>s plus do<strong>de</strong>s, & <strong>de</strong>s premiers<br />

compagnons <strong>de</strong> Ronfard r Se maintenant vn <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rniers furuiuans à cefte pre¬<br />

mière Se do<strong>de</strong> volée <strong>de</strong> bons efprits , qui fe fit paroiftre en ce temps-là , Se au¬<br />

quel eft <strong>de</strong>u l'honneur <strong>de</strong>s premiers vers François , mefurez à la mo<strong>de</strong> <strong>de</strong>s Grecs<br />

Se Latins. Depuis Ronfard ayant feeu que Dorât alloit eftablir vne Académie<br />

au Collège <strong>de</strong> Coquelet , duquel on luy auoir baillé le gouuernement , ayant<br />

fous fa charge le ieune Baïf, il délibéra <strong>de</strong> ne perdre vne fi belle occafion , Se<br />

dc fe loger auec luy : car ayant efté comme charmé par Dorât du philtre <strong>de</strong>s<br />

bonnes lettres , il vid bien que pour fçauoir quelque chofe , Se principalement<br />

en la Poëfie, il ne falloir feulement puifer l'eau es riuieres <strong>de</strong>s Latins , mais re¬<br />

courir aux fontaines <strong>de</strong>s Grecs. îl fe fit compagnon <strong>de</strong> Iean Antoine <strong>de</strong> Baïf,<br />

Se commença à bon efeient par fon émulation à eftudier : vray eft qu'il y auoit<br />

gran<strong>de</strong> différence : car Baïf eftoit beaucoup plus auancé en l'vne Se l'au¬<br />

tre langue , encor que Ronfard furpaffaft beaucoup Baïf d'aage , l'vn ayant<br />

vingt ans paffez , Se l'autre n'en ayant que feize. Neantmoins la diligence du<br />

Maiflre , l'infatigable trauail <strong>de</strong> Ronfard , Se la conférence amiable dc Baïf,<br />

qui à toutes heures luy <strong>de</strong>fnoiïoit les plus fafcheux commencemens <strong>de</strong> la<br />

Langue Grecque, comme Ronfard , en contre- cfchange , luy apprenoit les<br />

moyens qu'il fçauoit pour s'acheminer à la Poëfie Françoife, furent caufe qu'en<br />

peu <strong>de</strong> temps il recompenfa le temps perdu. Et n'eft à oublier que Dorât par<br />

vn artifice nouueau luy apprenoit la langue Latine , fçauoir eft par la Grec¬<br />

que. Nous ne pouuons auffi oublier <strong>de</strong> quel <strong>de</strong>fir Se enuie ces <strong>de</strong>ux futurs orncmens<br />

<strong>de</strong> la France s'addonnoient à l'eftu<strong>de</strong> : car Ronfard qui auoit efté nour¬<br />

ri ieune à la Cour, accouflumé à veiller tard, continuoit à l'eftu<strong>de</strong> iufqucs à <strong>de</strong>ux<br />

outrois heures après minuid,&fe couchant reueilloit Baïf qui fe lcuoit& prenoit<br />

la chan<strong>de</strong>lle, Se ne laiffoit refroidir la place. Eiî cefte contention d'honneur, il <strong>de</strong>-<br />

© Centre d'Étu<strong>de</strong>s Supérieures <strong>de</strong> la Renaissance - Tours

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