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i653 LA VIE DE P. DE RONSARD.<br />

qui le premier <strong>de</strong> nos François ofa tracer vn fentier incognu pour aller à l'immor¬<br />

alité, ayant guidé les autres au chemin d'vn fihonnefte labeur, ll fut en tourcfa<br />

vie amant ambitieux <strong>de</strong> l'honneur vray que la vertu nous apporte, comme efpargnant<br />

<strong>de</strong> celuy d'autruy , n'ayant iamais offenfé perfonne, s'il n eftoit prouoqué<br />

auparauant : vray eft qu'il s'eft quelquefois courroucé conrre ceux qui brouilloient<br />

le papier, Se qui ne faifoient à fon gré, comme on peut voir au Poëme<br />

eferit à Chuftophlc <strong>de</strong>Choifeul. Sur fes <strong>de</strong>rniers iours me faifant ceft honneur<br />

<strong>de</strong> me communiquer familièrement tant les<strong>de</strong>ffeins <strong>de</strong> fes ouurages, que les iugemensqu'ildonnoit<strong>de</strong>sefcriuainsduiourd'huy,ilfe<br />

plaignoit fort <strong>de</strong> ie ne fçay<br />

quelles façons d'eferire Se inuentions fantaftiques Se melancholiques d'aucuns <strong>de</strong> ce<br />

temps qu'il voyoit s'authorifer parmy nous, qui ne fe rapportent non plus que<br />

les fonges entre-coupez d'vn frénétique, ou d'vn fiéureux, duquel l'imagina¬<br />

tion eft blcffée. O^difoit-il, que nous fommes bien-toft à noftre barbarie! que<br />

ie plains noftre langue <strong>de</strong> voir en naiffant fontrefpasi Puis me parlant <strong>de</strong> tels autheursqui<br />

s'ampoullent&font fans choix Mercure <strong>de</strong> tous bois: Ils ont, me difoit-il,<br />

l'cfprit plus turbulent que raffis, plus violent qu'aigu, lequel imite les<br />

torrens d'Hiuer, qui atteignent <strong>de</strong>s montagnes autant dc boue que <strong>de</strong> claire eau:<br />

voulant cuiter le langage commun ils Fembaraffent <strong>de</strong> mots & manières <strong>de</strong> parler,<br />

dures, fantaftiques, ôdnfolcntes,lefquel!es reprefentent pluflofl <strong>de</strong>s ChimeresÔC.<br />

venteufes impreffions <strong>de</strong>s nues qu vne vénérable majeflé Virgilienne : Car c'eft autre<br />

chofe d'eftre graue Se majcftueux,& autre chofe d'enfler fon ftyle , & le faire cre-<br />

uer.Puis faifant vne parodie fur vnvers d'Homere,quand Andromachc dit à fon<br />

Hedor le voyant fortir hors la portetout armé,Ta vaillance teperdra : ainfi, difoitil,<br />

le chaud bouillon <strong>de</strong> la ieuneffe <strong>de</strong> ces finges imitateurs Se l'impetuofité <strong>de</strong> leut<br />

efprit,conduid feulement <strong>de</strong> la facilité d'vne nature <strong>de</strong>prauée, fans artifice labo¬<br />

rieux, perdra leur naiffante réputation. Difant au refte que quelqucs-vns d'iceux<br />

pouuoient eftre capables <strong>de</strong> ce bel art , Se id'eftre mis au rang'<strong>de</strong>s bons Poêtes, s'ils<br />

euffent peu receuoir corredion. Mais parlant <strong>de</strong>quelques autres qui fuiuans cefte<br />

ban<strong>de</strong> proftituent les Mufes Se leshabillent Se <strong>de</strong>fguifent à leur mo<strong>de</strong>,il nepeut vn<br />

iour fe tenir qu'il ne me didaft fur le champ cesvers :<br />

Bien fiouuent, monBinet, la troupe fiacrilege<br />

Desfilles <strong>de</strong> Cocyte entre dans le collège<br />

Des Mufes, fyveftant leurs habits emprunte?<br />

Trompent les plus rufiez^ <strong>de</strong> caquets eshontez.,<br />

Qui rampant cautement fie coulent & fie gliffent<br />

%*Au cur <strong>de</strong>s Auditeurs, qui effrayez^ palliffent<br />

Eftonnez^ du murmure fy du jargon <strong>de</strong>s vers:<br />

Tant plus ils fiont bouffis, plus courent <strong>de</strong> trouers;<br />

Tant plus ils font creuez^ <strong>de</strong> fiens fy <strong>de</strong> paroles,<br />

Tlus ils font admire? <strong>de</strong>s troupes qui fiontfioles.<br />

Tels farouches eferits ont vn coup <strong>de</strong> marteau<br />

Engraué <strong>de</strong> naiffance au milieu du cerueau,<br />

Empefichant <strong>de</strong> preuoir <strong>de</strong> quel fiainCl artifice<br />

On appaifie les Surs pour leur faireferuice,<br />

Qui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s fleurs ,& non pas <strong>de</strong>s Chardons,<br />

Non <strong>de</strong>s coups <strong>de</strong> canons , oins <strong>de</strong>s petits fredons.<br />

Je les ay veu fiouuent courir parmy les rues, *<br />

Seruir <strong>de</strong> paffitemps à nos troupes menues,<br />

' Pe mp'j<strong>de</strong> jouet, ou bien furvn fumier<br />

© Centre d'Étu<strong>de</strong>s Supérieures <strong>de</strong> la Renaissance - Tours

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