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Téléchargement complet de l'ouvrage - Les Bibliothèques Virtuelles ...

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ORAISON FVNÈÈRË, ms<br />

& d'intelligence, & dont l'ame efl comme morte Se enfeuelie daiis ces fepuîcres mo¬<br />

biles que nous portons continuellement auec nous : combien chèrement achetons-<br />

nous non pas cefte vie, mais ces reliques <strong>de</strong> vie qui nous relient encores àacheueU<br />

après luy,lesreferuansaufpedaclc<strong>de</strong>tant<strong>de</strong>piteufcs&cruellestragedies?Ncferoitîl<br />

pas bienplus <strong>de</strong>firable,puis que nous dcuons tous paruenir à vn mefme but,d'y arnuer<br />

<strong>de</strong>s premiers, fans <strong>de</strong>meurer fi long- temps fpedateurs <strong>de</strong> nos miferes, & <strong>de</strong><br />

celles d'autruy, & accroiftre noftre infelicité, par le prolongement <strong>de</strong> noftre vie?<br />

Car qu'eft-ce que nous emportons autre chofe du peu <strong>de</strong> temps que nous auons à<br />

viure d'auantage, finon qu'en partie nous voyons plus <strong>de</strong> mal, en partie nous l'en¬<br />

durons , en partie nous l'exécutons ? E t puis finalement nous payons le' tribut com¬<br />

mun &neceffaire à la nature: nous fuiuons lesvns, nous précédons les autres: nous<br />

déplorons les vns, nous fommes regrettez <strong>de</strong>s autres '.Se ce mefme office <strong>de</strong> larmes<br />

que nous rendons aux vns, nous l'attendons Se le receuons <strong>de</strong>s autres. Telle efl là<br />

condition <strong>de</strong>s hommes , dont la vie eft comme l'eau qui eft efpanduë fur la terre , Se<br />

n'eft plus ramaffee : telle eft la loy <strong>de</strong> Nature, que quand nous ne fommes point ,<br />

nous naiffons, Se quand nous fommesnaiz, <strong>de</strong>rechefnous fommes diffous. L'hom¬<br />

me eft vne fueille d' A utomne prefte à choir au premier vent , vne fleur d'vne mati¬<br />

née, vne ampoulle qui s'enfle &s'efleuefur l'eau, vne petite cftinccllc <strong>de</strong> flamme<br />

dans le c Se vn peu <strong>de</strong> fumée dans les narines. L'homme eft vn phantofmc qu'on<br />

ne peut retenir, vne ombre d'vn fonge d'vnenuid,vn exemple <strong>de</strong> mifere Se d'imbecillité,vn<br />

jouet <strong>de</strong> fortune & <strong>de</strong> nature, Si tout le refte,phlegme Se colcre.L'homme,<br />

dit le Prophète, eft foin, Se fes iours fleuriffent comme la fieur <strong>de</strong> l'herbe qui<br />

croift parmy les champs. Pourtant vaudroit-il beaucoup mieux, Meilleurs, mefe<br />

nagcrnoslarmes&lesreferuer&efpargnerpournous-mefmes, que dc les efpuifcr<br />

Seconfommer à déplorer la mort <strong>de</strong> ce grand perfonnage que nous célébrons, veu<br />

qu'auffi bien luy font- elles inutiles Se fupcrfluës. Car ce que nous pouuons faire<br />

pour luy maintenant qu'il eft efchappé <strong>de</strong> cefte vallée <strong>de</strong> pleurs Se <strong>de</strong> miferes, ce n'eft<br />

plus dc le plaindre & <strong>de</strong> le lamenter. <strong>Les</strong> larmes qui arroufent fa fepulturè ne cou¬<br />

lent pas pour fon intereft, mais pour le noftre. Et encore que ce foient d'honneftes<br />

tcfmoignages <strong>de</strong> noftre affedion Se dc noftre rccognoiffancc , fi eft-ce qu'elles doiuent<br />

auoir leur rcigle Se leur mefure auffi bien que toutes autres chofes. Le feul office<br />

que nous luy pouuons rendre déformais félon les hommes , c'eft <strong>de</strong> chérir Si d'eftimer<br />

fa mémoire, c'eft <strong>de</strong> la cultiuer& célébrer entre nous, c'eft d'en parler le plus<br />

fouuent Se le plus honorablement qu'il nous fera poffible. Et pour le regard <strong>de</strong><br />

Dieu , d'autant qu'il ne nous apparoir! point que ce bel efprit foit encore parfai<strong>de</strong>-<br />

ment purgé <strong>de</strong>s reliques <strong>de</strong>s péchez qu'il a commis eftant en ce mon<strong>de</strong> f combien<br />

qu'il nous foit permis d'efpercr en lameilleure partj ce que nous pouuons adjoufter<br />

en fa faueur , c'eft <strong>de</strong> luy contribuer nos vux Se nos prières , pour ay <strong>de</strong>r à l'acquit¬<br />

ter <strong>de</strong> ce qu'il doit d'amen<strong>de</strong>s Se fatisfadions temporelles. Or cela c'eft chofe qui n'a<br />

pointbefoin <strong>de</strong>vous eftre recommandée, tant à caufe que la charité Chreftienne-<br />

vous y oblige affez , que pour ce que l'affedion particulière que vous portez à fa mé¬<br />

moire, ne vous permet pas d'eftre negligens en ce qui luy peut obtenir du fecours<br />

& <strong>de</strong> l'allégement. # ,<br />

Tu as donc icy maintenant, ô grand Ronfard, ces <strong>de</strong>rniers dcuoirs Se ces hon¬<br />

neurs funèbres ,'qui te font offerts <strong>de</strong> la part d'vne ame pleine <strong>de</strong> paffion Se dc pieté<br />

en ton endroit. Tu as icy maintenant les effais Se les prémices <strong>de</strong> mon éloquen¬<br />

ce, fi l'on peut appellcr éloquence , <strong>de</strong>s paroles Se <strong>de</strong>s plaintes proférées par la<br />

douleur, lefquclles en fomme quelles qu'elles foient, te font dédiées Se confacrées.<br />

Tuas icy fans doute l'ornement <strong>de</strong> tous les ornemens,qui te doit eftre le plus<br />

© Centre d'Étu<strong>de</strong>s Supérieures <strong>de</strong> la Renaissance - Tours

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