TOUT - Noeux-Mémoire

Les éclats d’obus, en éventail, criblent toute l’église, le mur même du côté de
l’Evangile est fortement ébranlé.
La sacristie est également disloquée, le mur donnant sur le presbytère est cassé et
refoulé. Les chandeliers et candélabres sont broyés ou tordus, mais les ornements et les vases
sacrés n’ont pas souffert. Dans l’église encore, l’édicule du Rosaire est culbuté et brisé, mais
le groupe du Rosaire est indemne et la petite Vierge dorée est heureusement sauvée. Le beau
groupe du Calvaire est abîmé d’une façon irréparable : la traverse de la Croix est tombée, le
Christ a un bras en miettes et la poitrine traversée, la Vierge Douloureuse a les mains enlevées
et bien des éraflures, le pauvre St Jean fait peine à voir, le corps ouvert et la tête fendue.
Marie Madeleine a été moins touchée ; un peu plus loin, Saint Expédit a la tête
emportée. Le Chemin de Croix a peu souffert heureusement, à part la 13 ème station qui est
encore bien réparable. Mais, ce qui a été pour tous, une grande consolation, c’est que le
Tabernacle, bien que bousculé au
milieu des décombres, a été retrouvé intact : le Saint Ciboire ne s’était pas même ouvert et
aucune des parcelles consacrées, n’en était sortie. Deo Gratias !
Le bombardement continue toute la journée, envoyant des obus un peu partout. A
Ambulance de l’école des garçons, un homme, encore de cette pauvre famille LEROY, venu
voir sa mère blessée, a été tué. Des maisons sont touchées, Ruelle des Roses, rue de
Mazingarbe, au N°3, etc. Il est tombé 57 obus dans la journée, obus monstrueux, des obus de
marine conçus pour percer l’acier des bateaux et qui transperce facilement les murs des
maisons, des obus de rupture de 240, d’une hauteur de 99 centimètres.
Le bombardement se terminant à peine à 4 heures ½ qu’on vient m’annoncer l’arrivée
de la statue de Notre Dame des Victoires. N’ayant plus d’église pour la recevoir, je prends le
parti de la mener à Bruay jusqu’à ce que le danger soit disparu.
Il faut remercier Dieu qui, dans sa grande miséricorde, a évité de plus grands
malheurs. Il n’y avait personne dans l’église et l’on frémit en pensant à ce qu’il serait arrivé si
l’obus était tombé une demi-heure plus tard, en pleine Grand-messe. Deo Gratias.
Décès de LEROY Louis, Mme LELAIN, victime civiles (AM)
26 Mars 1917. On approprie le Patronage Jeanne d’Arc pour en faire une chapelle provisoire.
27 mars 1917. Débit de boissons. BEAUVAIS Louis, né le 30 mai 1883 à Vaulx-Vraucourt,
reprend l’estaminet tenu par POIRIER Alfred, rue de Bouvigny. (AM)
Mercredi 28 Mars 1917. On attend le constat officiel pour enlever le mobilier qui peut être
réparé. Les orgues qui paraissaient à peu près indemnes sont aussi en bien mauvais état.
Le temps est affreux, la neige tombe chaque jour.
Jeudi 29 Mars 1917. On prend quelques photographies du désastre. Quinze obus tombent
entre 7 et 8 heures du soir, dont l’un dans le jardin de Mr Joseph FOUQUENELLE, encore
bien près de chez nous.
30 Mars 1917. Depuis Lundi, la Messe du matin est dite dans une salle du Presbytère.
31 Mars 1917. La Messe est dite au Patronage Jeanne d’Arc. Dans la journée, quelques petits
obus tombent sur les Usines.
31 mars 1917. Débit de boissons. WALLE Louis, né le 10 novembre 1877 à Labourse,
reprend l’estaminet tenu par MACHUT Alcide, rue de la Gare. (AM)