Quelle place pour la puissance publique - Claude Rochet
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IHESI – 14 ème SNE – 2002/2003 – GDS n° 1 : "Entreprises et intelligence économique –<br />
<strong>Quelle</strong> <strong>p<strong>la</strong>ce</strong> <strong>pour</strong> <strong>la</strong> <strong>puissance</strong> <strong>publique</strong> ?"<br />
consensus sociaux face auxquels les États ont perdu le monopole du pouvoir, voire de <strong>la</strong><br />
force.<br />
La gestion commune de l’information stratégique joue donc un rôle déterminant, en<br />
permettant de constituer un véritable système d’intelligence économique au niveau<br />
national. Celui-ci consiste en l’exercice de trois fonctions majeures : <strong>la</strong> maîtrise des<br />
techniques et des savoir-faire, l’anticipation des menaces et des opportunités<br />
potentielles et <strong>la</strong> mise en <strong>p<strong>la</strong>ce</strong> de stratégies d’influence au service de l’intérêt national<br />
ou/et de <strong>la</strong> pérennité de l’entreprise, en utilisant tous les nouveaux moyens des<br />
nouvelles technologies de l’information et de <strong>la</strong> communication.<br />
La France, à <strong>la</strong> veille de cette transition, présente les mêmes symptômes que les autres<br />
pays occidentaux : l’absence de culture écrite dans les entreprises, une culture mal<br />
maîtrisée du secret, le cloisonnement des organisations et une faible concertation, une<br />
circu<strong>la</strong>tion élitiste de l’information, un pouvoir politique qui n’avait jamais eu<br />
d’approche globale en matière d’intelligence économique, représentaient autant de<br />
freins à <strong>la</strong> constitution de systèmes d’ingénierie de l’information ouverte, organisés<br />
autour d’une vision commune, sans enjeu de pouvoir entre les acteurs. Mais son<br />
handicap est <strong>la</strong> lenteur de <strong>la</strong> prise de conscience face à des partenaires qui ont compris<br />
l’importance du changement de paradigme dans lequel nous sommes et qui savent<br />
remettre en cause des pratiques obsolètes, tandis que notre administration et le pouvoir<br />
politique peinent à décider tant ils restent enfermés dans des logiques de territoires, ou<br />
considèrent même qu’il est malvenu de défendre l’économie nationale.<br />
1.1.1.2 De 1990 à 2003 : de l’impulsion à l'incitation puis à l'encouragement<br />
Dès 1987 les pouvoirs publics français ont <strong>la</strong>ncé des actions de promotion de veille<br />
technologique et l'État central s'est engagé jusqu'en 1995. Ce<strong>la</strong> s'est d'abord concrétisé,<br />
au moment de <strong>la</strong> chute du mur de Berlin (1989), par le rapport du 10 ème p<strong>la</strong>n (groupe de<br />
travail de René Mayer) sur « l'information et <strong>la</strong> compétitivité ». Ce dernier a débouché<br />
en 1992 d'une part sur <strong>la</strong> mission re<strong>la</strong>tive à l'intelligence économique confiée par le<br />
commissariat principal au p<strong>la</strong>n à Henri MARTRE et d'autre part sur <strong>la</strong> création de<br />
l'ADIT (Agence <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Diffusion de l'Information Technologique) sous <strong>la</strong> tutelle des<br />
ministères des affaires étrangères et de l'éducation nationale <strong>pour</strong> faire le lien entre le<br />
privé et le public.<br />
Le rapport MARTRE a préconisé trois orientations importantes :<br />
- « le recueil, le traitement et <strong>la</strong> diffusion de l'information utile déterminent<br />
désormais <strong>la</strong> compétitivité des entreprises comme <strong>la</strong> <strong>puissance</strong> économique des<br />
États.<br />
- en France <strong>la</strong> question reste traitée de façon trop exclusivement défensive, si bien<br />
que notre système est moins efficace que ceux développés par certains États<br />
concurrents.<br />
- changer l'approche appelle une volonté c<strong>la</strong>ire de <strong>la</strong> <strong>puissance</strong> <strong>publique</strong> : elle seule<br />
<strong>pour</strong>ra, en concertation étroite avec l'ensemble des acteurs concernés donner<br />
l'impulsion nécessaire à une gestion réellement collective de l'information ».