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34 Hiftoire de France»
que de la Catholique par toute l'eftendue de fon Roiaunie. Refolution ,
Vraiementfaincte, s'il l'eût peu mettre à exécution par vn effort de q^,
l'autorité abfolue fans en venir aux armes. Mais il deuoit confiderer 1575,
queles Religionnaires eftoient alorsfi puiffans ôc fl obftinés (veu mef¬
mes que les Catholiques Mal-contens eftoient ligués auec eux) qu'il
ne pouuoit exécuter le fécond chefde cete refolution fans deftruire lc
premier : eftant impoffible de maintenir fes fubjets en bonne paix s'il
vouloit priuer entièrement les Proteftâs de l'exercice de leur religion,
pour lequel ils auoient pris fi fouuent les armes. Aufïi n'aùoit-ce pas
^
eftél'aduisde l'Empereur, ny des Vénitiens lors qu'il paffa par leurs
terres : ny desplus fages telles de la Cour, qui preuoyoient bien le dan¬
ger qu'encourroit l'Eftatfi le Roy dez l'entrée de fon règne s'ahenrtoit
à cets entreprife. Ils confeilloient à fa Majefté quxn reftabliffant la re¬
ligion Catholique par tout le Roiaume, il permît l'exercice public de
la prétendue Reformée en deux ou trois lieux de chaque Bailliage ôc
Senefchaucée, ôc non ailleurs, fi ce n'eft priuément ôc fans fcandale*
aux Seigneurs de marque. Car ils s'affeuroient que les Religionnaires
demeureroienteontensde cete ordonnance : laquelle eftant grande¬
ment auantageufe aux Catholiques , le Roy pourroit prendre auec le
temps tant d'autres auantages fur les Religionnaires, que fans aucun
hazard il efteindroitla rébellion, ,& extirperoit l'herefie.
Ce Confeil C
(approuué mefmes par Monluc immortel ennemi des hérétiques ) *
n'aiantpas efté fiiyuùnous verrons corne derecheftout le Roiaume fut
embrafé des guerre ciuile. Ceux qui défendent le procédé du Roy allè¬
guent que les infolences ôc les attentats intolérables des Religionnai¬
res obligèrent fa Majefté à prendre cete refolution de les domter par la
force. Nous en ausns défia marqué vn exemple en l'enleuement fait
par Monbrun de partie de fon équipage. Les furprifes d'aucunes villes
depuis le retour du Roy, &d'auenturelesiniures que les Religionnai¬
res vomirent contre fa Majefté au fiege de Liuron , ne luy furent pas
moins fenfibles.
Cependant le Roy délirant régler fon Roiaume commença par fà
maifon : ôc entre autres chofes ordonna que les officiers de fa bouche
fuffent pris de la race de ceux qui l'auoient efté foubs Henry II fon père ^
& François II fon frère : afin qu'ils luy fuffent d'autant plus fidèles.
Certes on nefçauroitvferd'affez de précaution pour le falut de la per¬
fonne faGrée du Monarque. Et neantmoinsnous auons veu depuis ces
offices-là vénaux comme les autres. Il ordonna aufli que tous ceux qui
auoient àluy demander quelque chofemiffent eux, mefmes leurs placetsourequeftes
ésmainsde fa Majefté : afin qU'eny pou ruôyant fans
l'intercefïion des Princes ôc Grands de la Cour,les demandeurs en euf.
fent toute l'obligation à fa Majefté feule. Luy-mcfmc s'obligeoit de
donner audience à toutes perfonnes durant vne heure par chacun iour:
ce qu'il reduifit après à deux jours delà fepmaine: ôc enfin cete loua¬
ble couftume s'efuanouït par le renouuellement des troubles.
© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance - Tours