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les textures modifiées - Anap

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14 LES TEXTURES MODIFIÉES, MODE D’EMPLOI<br />

L’ALIMENTATION<br />

AU SORTIR DES SOINS INTENSIFS<br />

Le docteur A. Nougaret, praticien hospitalier anesthésiste,<br />

réanimateur et rééducateur, a créé la cellule<br />

déglutition au Centre Hospitalier Paul Coste Floret<br />

de Lamalou-<strong>les</strong>-Bains. Elle est pluridisciplinaire et se<br />

compose de médecins, manipulateurs en radiologie,<br />

kinésithérapeutes, ergothérapeutes, orthophonistes,<br />

psychologues, cadres de santé, infirmiers diplômés<br />

d’État, aides-soignants et diététiciens.<br />

SON TÉMOIGNAGE EST EXTRAIT D’UNE PRÉSENTATION<br />

« DES SOINS INTENSIFS AU CENTRE D’ÉVEIL,<br />

DES ENJEUX OPPOSÉS »<br />

« La voie de l’autonomie passe par celle de l’assistance », telle<br />

pourrait être la devise de la prise en charge des patients cérébrolésés,<br />

au cours des soins intensifs. Cet aphorisme prête à sourire<br />

par son côté enfonceur de porte ouverte. Pourtant <strong>les</strong> mêmes<br />

qui crient à l’évidence sont <strong>les</strong> premiers à récuser l’assistance, le<br />

moment venu. Le dysfonctionnement du carrefour aérodigestif<br />

est la situation type où l’indispensable assistance nutritionnelle<br />

est exceptionnellement retenue.<br />

Il est vrai que l’on peut être hésitant à proposer une mesure<br />

d’assistance lorsque le pronostic fonctionnel promet d’être<br />

favorable. L’enchaînement rapide « arrêt de la sédation, ouverture<br />

des yeux, reprise de la conscience, sevrage du respirateur,<br />

installation au fauteuil, premiers essais nutritionnels.... » incite<br />

à l’hésitation, d’autant plus que la rééducation à venir est censée<br />

conforter ces premières acquisitions. Ainsi sursoit-on à l’assistance<br />

nutritionnelle, qui est psychologiquement perçue comme<br />

une régression à l’heure de l’éveil et non comme un gage de<br />

sécurité en phase de progrès. Cette attitude abstentionniste<br />

propre à la phase aiguë s’oppose à la vision de l’unité d’éveil,<br />

plus tournée vers la chronicité et le long terme.<br />

Pour la réanimation, c’est le bout du tunnel. L’éveil, le sevrage<br />

des soins intensifs (arrêt de la sédation, curarisation et ventilation<br />

artificielle) fait dire que « tout a été fait et qu’il n’y a rien d’autre à<br />

faire qu’attendre la conva<strong>les</strong>cence, sans tuyaux de réanimation,<br />

ni assistance. »<br />

Pour l’Unité d’éveil, ce n’est que l’entrée d’un nouveau tunnel<br />

où tout reste à faire pour préserver le pronostic vital en évitant<br />

pneumopathie d’inhalation et/ou cachexie.<br />

Bien que le patient ne dépende plus de soins intensifs de réanimation,<br />

il nécessite à ce stade de soins intensifs propres<br />

à l’éveil et concernant en particulier le carrefour aérodigestif.<br />

Ainsi, contre toute apparence (éveil et progrès), contre toute<br />

consigne (alimentation orale « normale ») et contre l’adversité du<br />

moment (déni des fausses routes, tant par la famille que par <strong>les</strong><br />

équipes en amont), le centre d’éveil maintient ferme le principe<br />

d’une assistance nutritionnelle.<br />

Une attitude à la fois documentée et argumentée :<br />

Documentée par l’endoscopie fonctionnelle du carrefour<br />

et/ou le transit baryté oropharyngé ;<br />

Argumentée par une foule de bonnes raisons. Déjà suffisantes<br />

une à une pour justifier la stomie d’assistance, ces raisons sont<br />

toujours associées entre el<strong>les</strong>. On précise bien stomie et non<br />

sonde nasogastrique dont on connaît le pouvoir iatrogène :<br />

sinusite, renforcement de l’agitation / confusion, entretien des<br />

troub<strong>les</strong> de la déglutition, oesophagite peptique).<br />

On n’exposera ici que <strong>les</strong> justifications majeures de l’assistance<br />

nutritionnelle, en ne citant que <strong>les</strong> autres. Par ailleurs, <strong>les</strong> autres<br />

divergences d’opinions entre unités de réanimation et de postréanimation<br />

ne seront pas abordées ici (trachéotomie, morphinothérapie,<br />

sédation, oxygénothérapie…).<br />

LES CAUSES D’ASSISTANCE NUTRITIONNELLE SONT :<br />

Les séquel<strong>les</strong> de l’hypercatabolisme postagressif.<br />

Face à toute agression, l’organisme humain développe une réponse<br />

neuroendocrinienne génératrice d’un d’hypercatabolisme intensif<br />

effondrant <strong>les</strong> réserves calorico-protidiques. La partie visible est<br />

la fonte des masses musculaires après quelques jours à peine<br />

de réanimation aiguë. La dette pondérale peut atteindre 20<br />

à 30 % du poids du corps. La partie la moins spectaculaire mais<br />

la plus grave concerne la spoliation des protéines de la barrière<br />

digestive et/ou de cel<strong>les</strong> impliquées dans le système des défenses<br />

immunitaires. Cette déprotéinisation a comme marqueur biologique<br />

le plus courant une hypoalbuminémie en deçà de 35g.L-1.<br />

Trois mois en moyenne seront nécessaires au centre d’éveil pour<br />

réparer une dette pondérale de 10 Kg.<br />

Cette donnée empirique se démontre par un simple calcul de<br />

rattrapage du retard calorico-pondéral.

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