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Contrat nouvelles embauches 53Recours devant le Conseil d'ÉtatPlusieurs syndicats avaient demandé l’annulation de l’ordonnance n o 2005-893 <strong>du</strong> 2 août 2005 établissant le CNE pardes recours devant le Conseil d'État : La CGT le 4 août 2005, rejointe notamment par la CFDT, la CFTC et laCFE-CGC le 26 août 2005, et FO le 31 août 2005. Les syndicats contestaient la légalité <strong>du</strong> contrat nouvelleembauche, notamment quant à la possibilité de licencier sans annoncer le motif, et quant à la <strong>du</strong>rée de la période deconsolidation.Selon la CGT, le CNE viole la Convention n°158 de l’Organisation internationale <strong>du</strong> <strong>travail</strong> [9] et l’article 24 de laCharte sociale européenne, textes ratifiés par la France qui posent « l’obligation de justifier d’un motif delicenciement ». Il « supprime l’exercice des <strong>droit</strong>s de la défense face à une menace de licenciement, interdit uncontrôle effectif par un juge et prive le salarié de toute indemnisation en cas de licenciement abusif, principesfondamentaux issus de la Déclaration universelle des <strong>droit</strong>s de l'homme et maintes fois réaffirmés par le Conseilconstitutionnel et le Conseil d'État. Ainsi, un employeur pourra licencier impunément pour un motif illicite : maladie,grève, opinion, acte de la vie privée.» [10]Le Conseil d'État, quant à lui, a ren<strong>du</strong> sa décision [11] le 19 octobre 2005, jugeant valide l’ordonnance « contratnouvelles embauches ». Le Conseil d'État a estimé que la période de « consolidation de l'emploi » prévue parl'ordonnance, qui n'est pas une période d'essai, pouvait en revanche être regardée comme une période de constitutionde « l'ancienneté » requise pour prétendre au bénéfice de la convention de l'OIT. Il a jugé en outre que la <strong>du</strong>rée dedeux ans de cette période de consolidation, eu égard à l'objet des « contrats nouvelles embauches », qui est de ré<strong>du</strong>irerapidement le chômage, était « raisonnable ». Toutefois, le commissaire <strong>du</strong> gouvernement [12] expliquait à l'audienceque la non motivation <strong>du</strong> licenciement « ne signifie pas que le licenciement n'a pas de motif, ni que le juge, saisid'une contestation de cette rupture, ne doit pas le déterminer et le contrôler ». En effet, les juges <strong>du</strong> <strong>travail</strong> devrontvérifier que la rupture n’est pas le fait d'un abus de <strong>droit</strong>, qu'elle n'a méconnu des dispositions relatives à la procé<strong>du</strong>redisciplinaire (articles L. 122-40 à L. 122-44 <strong>du</strong> code <strong>du</strong> <strong>travail</strong>), qu’elle n’est pas fondée sur un motif discriminatoire(article L. 122-45 <strong>du</strong> code <strong>du</strong> <strong>travail</strong>, par exemple : affiliation à un syndicat, discrimination ethnique, sexe, étatmatrimonial…) et qu'elle n'est pas contraire aux autres dispositions légales (notamment protection pour les femmesenceintes, les accidentés <strong>du</strong> <strong>travail</strong> et les salariés protégés). [13] ,[14] .La décision <strong>du</strong> Conseil d'État ouvrait ainsi la voie à la possibilité de contester une rupture abusive pendant la périodede consolidation devant les conseils des prud'hommes.Décisions contraires dans l'ordre judiciaireFin juin et début juillet 2007, les cours d'appel de Bordeaux et de Paris ont jugé, quant à elles, que le contratnouvelles embauches était non conforme à la convention 158 de l'Organisation internationale <strong>du</strong> <strong>travail</strong>. La Cour decassation a confirmé cela le 1 er juillet 2008 (voir plus bas).Des réclamations avaient également été adressées à l’Organisation internationale <strong>du</strong> <strong>travail</strong> qui, en novembre 2007, aégalement conclu que la période de deux ans n'était pas conforme à la convention 158 (voir plus bas).Les actions judiciaires pour rupture abusiveAprès six mois d'existence <strong>du</strong> CNE, les premières actions pour rupture abusive ont été déposées devant les conseilsde prud'hommes. Ce sont les salariés qui doivent présenter le motif abusif : « être tombé malade », « remercié pourdix minutes de retard », ou très souvent « demande de paiement des heures supplémentaires ».Le 20 février 2006, les prud'hommes de Longjumeau (dans l'Essonne) ont, pour la première fois, condamné undirigeant de PME à 17500 € de dommages et intérêts pour « rupture abusive de période d'essai » et « rupture abusivede période de consolidation » [15] . Un salarié de 51 ans, contrôleur technique automobile, avait été embauché le 21mai 2005 dans une PME en CDI. Le 6 août, deux jours après l'entrée en vigueur de la loi instaurant le CNE, il a étélicencié en periode d'essai, et réembauché par une autre PME, qui avait créé avec la première une structure communede gestion <strong>du</strong> personnel, pour <strong>travail</strong>ler sur un poste similaire, cette fois-ci avec un « contrat nouvelle embauche »

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