10.07.2015 Views

droit du travail.pdf - Patrick MONASSIER - Free

droit du travail.pdf - Patrick MONASSIER - Free

droit du travail.pdf - Patrick MONASSIER - Free

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Contrat nouvelles embauches 54(CNE). Le 30 août, l'employeur rompt le CNE pendant la période de consolidation. Selon la CGT, « le juge a mis enévidence le détournement d'utilisation <strong>du</strong> CNE et le caractère abusif de la rupture » : « c'est le principe même <strong>du</strong>CNE qui est porteur de telles dérives: en supprimant les garanties entourant le licenciement, il favorise tous lescomportements patronaux arbitraires [16] . »Confronté à ces multiples sanctions pour « abus de <strong>droit</strong> », « la CGPME, l'organisation des petits patrons, a donnépour consigne à ses adhérents de motiver désormais les ruptures », indique Le Canard enchaîné [17] .Le contrat nouvelles embauches et le <strong>droit</strong> international <strong>du</strong> <strong>travail</strong>Les jugements des juridictions judiciaires• En se fondant sur la Convention n°158 [9] de l'Organisation internationale <strong>du</strong> <strong>travail</strong> (OIT), le conseil desprud'hommes de Longjumeau (Essonne) a estimé le 28 avril 2006 qu'en raison <strong>du</strong> non respect de cette conventionpar l’ordonnance instituant le contrat de <strong>travail</strong> nouvelles embauches, cette dernière était « non valable » et «privée d'effet juridique ».Cette convention prévoit en effet qu'un salarié ne peut être licencié « sans qu'il existe un motif valable delicenciement » (art. 4) et, en cas de motifs liés à sa con<strong>du</strong>ite ou à son <strong>travail</strong>, « avant qu'on lui ait offert lapossibilité de se défendre » (art. 7). Si la convention admet quelques exceptions, le conseil des prud'hommesestime que la période de consolidation prévue pour le CNE ne peut être retenue pour justifier une telleexception, puisqu’« une <strong>du</strong>rée de deux ans pour des contrats exécutés en France, quel que soit le poste occupé,est … déraisonnable au regard <strong>du</strong> <strong>droit</strong> et des traditions tant internes que comparées » (autres pays européens)et « qu’une <strong>du</strong>rée unique, d'ordre public, ne dépendant pas des circonstances et des conditions propres à chaqueemploi est nécessairement déraisonnable ». En conséquence, le tribunal a ordonné la requalification <strong>du</strong> CNEen CDI [18] ,[19] .• Le 19 avril 2007, le conseil de prud'hommes de Romans condamne à nouveau le CNE sur le fondement de laconvention n o 158 de l'OIT [20] .• De même, la cour d'appel de Bordeaux a jugé, le 18 juin 2007, que « la <strong>du</strong>rée d'ancienneté requise ... fixée à deuxannées... n'apparaît pas raisonnable au sens de la convention tant il s'avère intolérable pour un salarié ayant[21] ,[22]<strong>travail</strong>lé deux années dans une entreprise de se voir licencier sans aucun motif. »• Le 6 juillet 2007 [23] , la cour d'appel de Paris, statuant sur l'appel <strong>du</strong> jugement <strong>du</strong> conseil des prud'hommes deLongjumeau, a jugé que le CNE était contraire à la convention 158 de l'OIT, estimant que « le contrôle deproportionnalité ne permet pas de considérer que le délai de deux années institué par l'ordonnance <strong>du</strong> 2 août 2005soit raisonnable » [24] ,[25] .Selon Le Monde, « la justice pourrait avoir sonné le glas vendredi <strong>du</strong> contrat nouvelles embauches (CNE) ». Lacour d'appel a jugé le CNE contraire au <strong>droit</strong> international <strong>du</strong> <strong>travail</strong> et aux principes élémentaires <strong>du</strong> <strong>droit</strong> <strong>du</strong><strong>travail</strong>. Elle a qualifié ce nouveau type de contrat comme formant une « régression » qui « prive le salarié del'essentiel de ses <strong>droit</strong>s en matière de licenciement, le plaçant dans une situation comparable à celle qui existaitantérieurement à la loi <strong>du</strong> 13 juillet 1973 dans laquelle la charge de la preuve de l'abus de la rupture incombaitau salarié ». Les juges ont estimé de plus que la pertinence <strong>du</strong> CNE en matière de lutte contre le chômage estdouteuse [26] .• La Cour de cassation, saisie de pourvois, a confirmé, le 1 er juillet 2008, l'arrêt ren<strong>du</strong> le 6 juillet 2007 par la Courd'appel de Paris [27] en jugeant que le contrat « nouvelles embauches » ne satisfaisait pas aux exigences de laConvention n o 158 de l’Organisation Internationale <strong>du</strong> Travail (OIT) dans la mesure où il écartait les dispositionsgénérales relatives à la procé<strong>du</strong>re préalable de licenciement, à l'exigence d'une cause réelle et sérieuse, à sonénonciation et à son contrôle. Elle en a dé<strong>du</strong>it que la rupture d’un contrat « nouvelles embauches » demeuraitsoumise aux règles d'ordre public <strong>du</strong> code <strong>du</strong> <strong>travail</strong> applicable à tout contrat de <strong>travail</strong> à <strong>du</strong>rée indéterminée.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!