déchets. stigmatisations, commerces, politiques ... - Viva Rio en Haiti
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seroles par mois, d’autres ne travaill<strong>en</strong>t que sur<br />
commande.<br />
Les casseroles sont de différ<strong>en</strong>tes tailles et<br />
épaisseurs, ce qui explique la variation de prix,<br />
de 150 à 300 gourdes. Certains ateliers fabriqu<strong>en</strong>t<br />
aussi des objets <strong>en</strong> aluminium bon marché comme<br />
des cuillères de fritay (la nourriture frite qui est<br />
v<strong>en</strong>due dans la rue) et des presse-fruits. Les chodyèmann<br />
sont consci<strong>en</strong>ts du danger que représ<strong>en</strong>te<br />
la fumée noire produite lors de la crémation<br />
du plastique et du caoutchouc. Ils affi rm<strong>en</strong>t cep<strong>en</strong>dant<br />
que l’utilisation de bois ou de charbon ne serait<br />
pas r<strong>en</strong>table, pas plus que celle du gaz, même<br />
s’ils sav<strong>en</strong>t parfaitem<strong>en</strong>t qu’elle faciliterait la production<br />
de chaleur élevée nécessaire à la fonte.<br />
De fait, la fonte du métal continue à être alim<strong>en</strong>tée<br />
par la combustion du plastique v<strong>en</strong>du par<br />
les ramasseurs qui arriv<strong>en</strong>t à toute heure aux ateliers<br />
pour écouler leur stock. Des relations de cli<strong>en</strong>tèle<br />
exist<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre les gérants ou propriétaires et<br />
les ramasseurs. Elles se fond<strong>en</strong>t sur une confi ance<br />
réciproque relative au paiem<strong>en</strong>t (qui peut parfois<br />
être différé) et peuv<strong>en</strong>t parfois se transformer<br />
<strong>en</strong> relations d’aide <strong>en</strong> cas de besoin. Le même<br />
g<strong>en</strong>re de relation existe aussi avec les rev<strong>en</strong>deurs<br />
d’aluminium qui construis<strong>en</strong>t des relations préfér<strong>en</strong>tielles<br />
avec certains ateliers. Bi<strong>en</strong> qu’ils se situ<strong>en</strong>t<br />
sur l’échelon le plus bas de la hiérarchie sociale,<br />
les kokorats-vandè pa pèz r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t possible<br />
l’exist<strong>en</strong>ce de ces ateliers et la continuité de ce type<br />
d’industrie (photos 32 et 33).<br />
23 Dans le texte classique qui a consacré la notion d’économie<br />
informelle (“Informal Income Opportunities and<br />
Urban Employm<strong>en</strong>t in Ghana”. The Journal of Modern<br />
African Studies 11, 1 1973: 61-89), Keith Hart n’aborde<br />
pas la question des petits bénéfi ces. Le mérite <strong>en</strong> revi<strong>en</strong>t<br />
à Jane Guyer qui a attiré l’att<strong>en</strong>tion sur ce phénomène<br />
dans son ouvrage « Marginal Gains. Monetary Transactions<br />
in Atlantic Africa.”, University of Chicago Press,<br />
2004. Il est intéressant de noter que, <strong>en</strong> général, les estimations<br />
produites sur le chômage (certaines parl<strong>en</strong>t<br />
de 80 % dans la région de la recherche) ont beaucoup de<br />
diffi culté à conceptualiser et à mesurer les activités qui<br />
génèr<strong>en</strong>t des petits bénéfi ces du type décrit ici.<br />
24 Certains objets <strong>en</strong> bois fabriqués à La Saline sont<br />
produits pour le marché international avec le label<br />
« Made in Martinica »...<br />
25 Les marchands de longue distance sont fondam<strong>en</strong>-<br />
8. LES LATRINES<br />
La distinction faite par les spécialistes <strong>en</strong>tre<br />
les <strong>déchets</strong> solides et les <strong>déchets</strong> liquides ainsi<br />
que le fait que leur travail se conc<strong>en</strong>tre sur la question<br />
des égouts et non celle des latrines explique<br />
que les matières fécales ne r<strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t pas dans le<br />
champ de préoccupation des <strong>politiques</strong> publiques.<br />
Les habitants de la région ne considèr<strong>en</strong>t pas non<br />
plus les matières fécales comme des « <strong>déchets</strong> ».<br />
Pourtant, à leurs yeux, elles sont une source de<br />
préoccupation qui est associée à l’hygiène, aux<br />
conditions sanitaires et à la logique stigmatisante<br />
qui fait peser sur eux le qualifi catif de « sales ».<br />
Les plaintes et les réclamations que nous avons<br />
pu recueillir sont habituellem<strong>en</strong>t liées à l’abs<strong>en</strong>ce<br />
d’égouts et aux diffi cultés économiques, <strong>en</strong> raison<br />
desquelles les latrines existantes ne peuv<strong>en</strong>t pas<br />
être vidées et devi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t, dès lors, inutilisables.<br />
En ce qui concerne les matières fécales, nous<br />
avons aussi pu constater l’exist<strong>en</strong>ce d’une grande<br />
diversité de situations, tant <strong>en</strong> termes d’infrastructure<br />
des égouts et des latrines disponibles dans<br />
chaque <strong>en</strong>droit, qu’<strong>en</strong> termes de la variété des pratiques<br />
et des valeurs qui leurs sont associées.<br />
Dans les <strong>en</strong>droits les plus dégradés de la micro-région<br />
1, l’abs<strong>en</strong>ce totale de latrines est comp<strong>en</strong>sée<br />
par la proximité des décharges et d’autres zones<br />
non urbanisées où les personnes (<strong>en</strong>fants, adultes,<br />
femmes et hommes) vont faire leurs besoins.<br />
Dans la micro-région 2, les quelques latrines<br />
existantes sont commercialisées. Elles sont parfois<br />
taux dans l’organisation des circuits commerciaux haïti<strong>en</strong>s.<br />
Ils permett<strong>en</strong>t la mise <strong>en</strong> contact des différ<strong>en</strong>tes<br />
régions du pays <strong>en</strong>tre elles mais aussi leur connexion<br />
avec des places commerciales haïti<strong>en</strong>nes <strong>en</strong> dehors des<br />
frontières nationales (Saint Domingue, Kingston, Martinique,<br />
Guadeloupe, Panama ou Miami). La prés<strong>en</strong>ce des<br />
femmes est très importante dans ce type d’activité. On<br />
les appelle les Madan Sara, elles achèt<strong>en</strong>t et rev<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t<br />
des alim<strong>en</strong>ts, des vêtem<strong>en</strong>ts et aussi, par exemple, des<br />
lampes et des petits objets de cuisine produits dans les<br />
ateliers décrits ici. Certains circuits commerciaux de<br />
longue distance sont exclusivem<strong>en</strong>t masculins comme<br />
nous le verrons dans le cas des casseroles. Sur les relations<br />
de g<strong>en</strong>re dans les marchés haïti<strong>en</strong>s, voir Sidney<br />
Mintz, “M<strong>en</strong>, Wom<strong>en</strong> and Trade”, 1971, et Braum A. da<br />
Silveira, Pedro, “Os Porcos e as Marg<strong>en</strong>s: notas sobre um<br />
mercado camponês do sul do <strong>Haiti</strong>”, 2009.<br />
DÉCHETS | 21