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déchets. stigmatisations, commerces, politiques ... - Viva Rio en Haiti

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du projet est le recyclage de <strong>déchets</strong> riches <strong>en</strong> matières<br />

organiques issus du marché Croix de Bossales<br />

et qui sont livrés par des camions du Ministère<br />

des Travaux Publics. Une dizaine d’employés<br />

s’occup<strong>en</strong>t de trier, laver (notamm<strong>en</strong>t les petits sachets<br />

d’eau <strong>en</strong> plastique) et emballer les <strong>déchets</strong><br />

non-organiques. Les <strong>déchets</strong> organiques sont utilisés<br />

pour la production de compost et la culture<br />

de légumes qui devrai<strong>en</strong>t être <strong>en</strong>suite commercialisés<br />

dans la région. Bi<strong>en</strong> que cette idée ne soit<br />

pas <strong>en</strong>core clairem<strong>en</strong>t dessinée, les responsables<br />

prévoi<strong>en</strong>t aussi de stimuler la collecte de <strong>déchets</strong><br />

dans les al<strong>en</strong>tour de la région <strong>en</strong> achetant les <strong>déchets</strong><br />

aux habitants. L’objectif fi nal est de toucher<br />

une population d’<strong>en</strong>viron 200 000 habitants.<br />

Au-delà des grandes ambitions et de l’évaluation<br />

des possibilités réelles de cette initiative, il est<br />

intéressant de souligner que le projet s’insère dans<br />

une confi guration singulière, alliant des <strong>en</strong>treprises<br />

privées et des institutions universitaires, notamm<strong>en</strong>t<br />

l’équipe de Lyon qui a une longue expéri<strong>en</strong>ce<br />

de travail dans l’implantation de projets similaires,<br />

spécialem<strong>en</strong>t sur le contin<strong>en</strong>t africain.<br />

Les critiques du projet attir<strong>en</strong>t l’att<strong>en</strong>tion sur<br />

le fait qu’il n’est pas durable (il dép<strong>en</strong>d de l’appui<br />

de mécènes privés) et qu’il sous-<strong>en</strong>t<strong>en</strong>d la substitution<br />

des pouvoirs publics. Deux autres argum<strong>en</strong>ts<br />

sont aussi avancés (argum<strong>en</strong>ts que l’on retrouve<br />

dans les critiques à l’<strong>en</strong>contre du projet<br />

du PNUD) : premièrem<strong>en</strong>t, selon un spécialiste de<br />

l’AFD, ces projets confond<strong>en</strong>t le nettoyage des rues<br />

avec le traitem<strong>en</strong>t des <strong>déchets</strong> ; les activités de recyclage,<br />

l’axe fort de ce type d’initiative, ne seront<br />

jamais <strong>en</strong> mesure de fi nancer le coût du nettoyage<br />

et de la gestion des <strong>déchets</strong> dans une ville de l’ampleur<br />

de Port-au-Prince. Deuxièmem<strong>en</strong>t, le fait que<br />

ri<strong>en</strong> ne garantisse le transfert des technologies et<br />

la gestion postérieure aux institutions de l’État<br />

(une critique émise notamm<strong>en</strong>t par des employés<br />

du Ministère des Travaux Publics).<br />

Ces discussions ont sans aucun doute une très<br />

forte connotation politique. Au sein de ce débat,<br />

certains déf<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t l’idée que l’État doit être chargé<br />

du problème, même s’ils reconnaiss<strong>en</strong>t que traiter<br />

les <strong>déchets</strong> est une activité « nécessairem<strong>en</strong>t<br />

défi citaire », ce qui, justem<strong>en</strong>t, r<strong>en</strong>force l’idée que<br />

ces activités doiv<strong>en</strong>t être des attributions d’État.<br />

D’autres opinions mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce l’importance<br />

de la participation communautaire et cherch<strong>en</strong>t<br />

à promouvoir des formes d’autogestion et d’autofi -<br />

nancem<strong>en</strong>t, même si, paradoxalem<strong>en</strong>t, elles comp-<br />

t<strong>en</strong>t toujours sur des appuis externes à fonds perdus,<br />

que ceux-ci provi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t d’organes internationaux<br />

ou d’<strong>en</strong>treprises privées.<br />

Dans ce débat, la position du GRET mérite<br />

une att<strong>en</strong>tion spéciale. Au mom<strong>en</strong>t de la recherche,<br />

l’ONG att<strong>en</strong>dait une réponse au sujet du fi -<br />

nancem<strong>en</strong>t d’un projet pilote de collecte de <strong>déchets</strong><br />

dans la région de Martisans. Les techniques d’ « ingénierie<br />

sociale » développées par le GRET dans<br />

d’autres domaines (notamm<strong>en</strong>t dans la gestion des<br />

kiosques de distribution d’eau) s’articul<strong>en</strong>t autour<br />

de l’idée de transfert immédiat du projet aux communauté,<br />

via des comités, <strong>en</strong> part<strong>en</strong>ariat avec des<br />

instances de l’État et <strong>en</strong> visant toujours un retrait<br />

rapide de l’ONG. L’initiative prévoit l’articulation<br />

des réseaux de collecte des <strong>déchets</strong> avec un système<br />

de paiem<strong>en</strong>t de la part de la population. Il s’agit<br />

d’un sujet des plus polémiques : doit-on ou non exiger<br />

de la population le paiem<strong>en</strong>t de la collecte des<br />

<strong>déchets</strong> ? Les responsables du GRET estim<strong>en</strong>t que<br />

ce type de service doit être payant, comme dans<br />

le cas des kiosques de distribution d’eau, et argum<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong> disant qu’il s’agit moins d’une manière<br />

de r<strong>en</strong>tabiliser le projet que d’une voie d’action<br />

pour créer un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t de citoy<strong>en</strong>neté et <strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ir<br />

la notion de droit.<br />

Un dernier sujet polémique doit <strong>en</strong>core être<br />

m<strong>en</strong>tionné : la relation qui est établie <strong>en</strong>tre les<br />

<strong>politiques</strong> de ramassages et de traitem<strong>en</strong>t des <strong>déchets</strong><br />

et les initiatives de stabilisation et de lutte<br />

contre la viol<strong>en</strong>ce. Ce thème a été abordé de différ<strong>en</strong>tes<br />

manières, toujours critiques, par des fonc-<br />

36 En plus du fi nancem<strong>en</strong>t du PNUD, le projet est sout<strong>en</strong>u<br />

par le secteur privé. Des banques et des grandes <strong>en</strong>treprises<br />

ont fait des donations <strong>en</strong> arg<strong>en</strong>t pour l’achat<br />

du terrain qui a été offert à la préfecture. Sur place, les<br />

différ<strong>en</strong>ts types de <strong>déchets</strong> sont triés (métaux, plastiques,<br />

cartons, <strong>déchets</strong> organiques et verres), ils sont <strong>en</strong>suite<br />

conditionnés pour la réutilisation ultérieure. Les<br />

<strong>déchets</strong> non-organiques sont v<strong>en</strong>dus à l’<strong>en</strong>treprise GS,<br />

les <strong>déchets</strong> organiques sont pour l’instant <strong>en</strong>voyés à la<br />

décharge de Truitier. L’achat d’un nouveau terrain pour<br />

le compostage est prévu. La visibilité du projet est due<br />

à la fabrication de « briquettes » avec le matériel recyclé.<br />

Elles sont p<strong>en</strong>sées comme un substitut du charbon<br />

végétal. Néanmoins, au mom<strong>en</strong>t de la recherche (trois<br />

ans après que le projet ait débuté), les briquettes continuai<strong>en</strong>t<br />

à s’accumuler dans les <strong>en</strong>trepôts avec d’autres<br />

types de <strong>déchets</strong> sans qu’aucune prévision de commercialisation<br />

ne soit <strong>en</strong>visagée.<br />

DÉCHETS | 29

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