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LE DOCUMENT<br />

ses engagements sont, effectivement, contraignants :<br />

des prix rémunérateurs pour les paysans, le versement d’un<br />

montant supplémentaire pour financer des projets (éducatifs<br />

et sociaux), l’autonomie des producteurs, la transparence<br />

et la traçabilité de la filière, la valorisation des modes<br />

de production agricole respectueux de l’environnement<br />

et de la biodiversité, comme l’agroécologie. Certains<br />

« pseudo-labels », dénonce le fondateur de Malongo, se<br />

sont éloignés de ces règles strictes, pour se contenter de<br />

coller une jolie étiquette verte sur un paquet de café. L’un<br />

de ces labels a même curieusement établi son siège social<br />

dans l’État américain du Delaware, un paradis fiscal… ■<br />

Extraits<br />

Le caféier<br />

Les caféiers sont des arbustes de la vaste famille<br />

des rubiacées (gardénias, quinquinas, garance…) qui<br />

croissent dans les sous-bois des forêts tropicales humides<br />

entre les deux tropiques du Cancer et du Capricorne. Elles<br />

sont adaptées pour y capter un maximum de lumière<br />

à l’ombre d’arbres bien plus grands de 20 mètres à 30<br />

mètres. D’où l’importance à l’échelle de la planète de la<br />

sauvegarde des zones caféières, car ce couvert forestier<br />

permet de maintenir une importante biodiversité.<br />

Il existe environ 70 espèces de coffea. Mais seulement<br />

deux ont un intérêt commercial : coffea arabica et coffea<br />

canephora. L’espèce arabica regroupe de nombreuses variétés<br />

botaniques (bourbon, typica, catura…). L’espèce canephora<br />

est représentée par une variété principale, le robusta,<br />

35 % de la production mondiale, contre 65 % à l’arabica.<br />

Le premier pousse au niveau de la mer, entre zéro et 600<br />

mètres d’altitude, le second s’épanouit en montagne à une<br />

altitude de 800 mètres à 2 000 mètres. Le café est cultivé<br />

sur plus de 10,3 millions d’hectares dans plus de 60 pays.<br />

L’île chocolat<br />

La luxuriance des voûtes tropicales et l’épaisseur de la<br />

végétation rendent la progression délicate. Autour, ce sont<br />

plus de 50 000 hectares qui forment l’une des plus étonnantes<br />

réserves naturelles de toute l’Afrique. Orchidées, insectes,<br />

chauves-souris, singes, c’est la faune et la flore habituelle<br />

des zones tropicales qui s’agitent en un concert de bruits<br />

étranges auquel se mêlent les aboiements des chiens jaunes.<br />

Monte Café, malgré les conditions très dures dans lesquelles<br />

vivent les caféiculteurs, produit des merveilles. Bien arrosés,<br />

les sols volcaniques sont particulièrement fertiles pour ce<br />

breuvage. Alfred Conesa, spécialiste français, y a découvert<br />

des variétés très anciennes d’arabicas, comme le bourbon<br />

rouge, le bourbon jaune ou le typica. Seulement voilà, la petite<br />

dizaine de plantations toujours en activité compose désormais<br />

un patrimoine architectural baroque et moisi. Un véritable<br />

trésor en sommeil auquel s’intéresse l’Unesco. À l’aide<br />

d’institutions internationales, j’ai entrepris de m’engager<br />

dans le redémarrage de l’exploitation de ce patrimoine<br />

d’une grande valeur en 2010. Le tout avec un mode de culture<br />

biologique et équitable afin de contribuer au renouveau<br />

économique de la région et de redonner un souffle de vie<br />

à des générations d’agriculteurs. Des structures coopératives<br />

autonomes sont montées, une filière entière renaît autour<br />

de la production d’un café engagé dans la qualité et le respect<br />

des normes biologiques. Tout l’enjeu est de former ces ouvriers<br />

agricoles pour qu’ils maîtrisent de bout en bout la chaîne<br />

de transformation du café. Deux dépulpeurs de 40 kg chacun<br />

sont rapatriés du Mexique, les fermentations s’effectuent<br />

au départ dans des bassins. Puis des claies sont construites<br />

pour le séchage. Il faudra attendre un an pour récolter les<br />

premiers 85 kg de café d’exportation. Un cru de caractère,<br />

rond et complet, au corps exceptionnel. Une première victoire<br />

puisque Sao Tomé n’avait pas exporté de café depuis les<br />

années 70. Entre savane et forêt tropicale, tout un univers<br />

caféier est en pleine réhabilitation. Les usines de traitement<br />

du café, avec une tonne de café annuelle, sortent de l’ornière.<br />

Certes, la production n’est plus que l’ombre d’elle-même,<br />

puisqu’elle a culminé parmi les tout premiers rangs mondiaux,<br />

mais la qualité demeure. Le café de Sao Tomé a été longtemps<br />

l’un des plus réputés et c’est sa valeur ajoutée qui pourrait<br />

bien sauver l’île du marasme économique qui la menaçait.<br />

Les grands arabicas<br />

Si les hommes font tant d’efforts pour tirer de la terre<br />

ce café en particulier, c’est que la nature de cette région située<br />

à l’ouest du lac Tanganyika est particulièrement fertile et<br />

propice à sa culture. En raison du passé volcanique des lieux,<br />

les sols regorgent de fer et de minéraux utiles pour les plants.<br />

Le climat est fait pour le café : il pleut en moyenne 1 300 mm<br />

d’eau par an et l’altitude comprise entre 1 650 mètres et<br />

1 950 mètres sied parfaitement aux pieds de bourbon et de blue<br />

mountain. Le Congo a donc tous les attributs pour produire<br />

un café de la meilleure qualité. D’autant que toutes les étapes<br />

de sa fabrication sont réalisées à la main, de la cueillette<br />

grain par grain, au lavage, au séchage, jusqu’au tri. Arômes<br />

corsés, légère amertume, les grains locaux ont une bonne<br />

réputation à l’export. Ce n’est qu’au début des années 70<br />

que certains producteurs commencent à s’organiser pour<br />

exporter la production. Habitués jusque-là surtout à cultiver<br />

une petite production vivrière, ils découvrent dix ans plus<br />

tard Max Havelaar et le commerce équitable. Au moment<br />

où les cours s’effondrent, dans les années 1988-1990, les<br />

100 AFRIQUE MAGAZINE I <strong>435</strong>-<strong>436</strong> – DÉCEMBRE 2022-JANVIER 2023

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