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Les deux<br />
organisations<br />
djihadistes<br />
rivalisent<br />
d’atrocité :<br />
attentatssuicides,<br />
enlèvements,<br />
massacres…<br />
Des armes et des munitions appartenant<br />
à Boko Haram découvertes par l’armée<br />
dans le nord-est du pays, en juin 2020.<br />
d’information Energy Voice. Les vols d’or<br />
noir impliquent « toute une chaîne de<br />
valeur, depuis la NNPC [Compagnie pétrolière<br />
nationale du Nigeria, ndlr] jusqu’aux<br />
forces de sécurité, en passant par des<br />
salariés des compagnies pétrolières et<br />
des villageois », souligne Ese Osawmonyi,<br />
expert du cabinet de recherche SBM<br />
Intelligence à Lagos. La corruption et le<br />
vol dans la région sont « tellement lucratifs<br />
que des soldats payent un dessous-detable<br />
à des officiers pour être mutés dans<br />
le Delta », ajoute l’économiste.<br />
La situation dans la région est<br />
à l’unisson de la « crise sécuritaire<br />
multidimensionnelle qui touche quasiment<br />
tout le territoire », analyse le<br />
chercheur Michael Nwankpa dans l’article<br />
détaillé « The North-South Divide :<br />
Nigerian Discourses on Boko Haram,<br />
the Fulani and Islamization », publié en<br />
octobre 2021 par le think tank américain<br />
Hudson Institute. Rappelons que, depuis<br />
2009, l’insurrection de la secte islamiste<br />
Boko Haram et de l’État islamique en<br />
Afrique de l’Ouest a provoqué la mort de<br />
plus de 30 000 personnes dans le nord-est<br />
du pays et sur les territoires des États voisins.<br />
Les deux organisations djihadistes<br />
rivalisent d’atrocités : attentats-suicides<br />
commis par des enfants ou des personnes<br />
handicapées mentales ceinturées d’explosifs,<br />
enlèvements d’écolières réduites<br />
en esclavage sexuel, exécutions de « sorcières<br />
», massacres de famille entières<br />
de fidèles en pleine messe… À cela<br />
s’ajoutent désormais, dans les États de<br />
la Middle Belt, les violences récurrentes<br />
entre agriculteurs chrétiens yoroubas<br />
et éleveurs de bétail musulmans peuls.<br />
Selon Michael Nwankpa, beaucoup de<br />
personnes sont tentées de faire l’amalgame<br />
entre Boko Haram et les Peuls, « les<br />
percevant pareillement, comme voulant<br />
islamiser le Nigeria », dans une dangereuse<br />
spirale politico-ethnique…<br />
Depuis une dizaine d’années, il faut<br />
également prendre en compte, au sudest,<br />
les menées de l’Indigenous People<br />
of Biafra (IPOB), notamment à Port<br />
Harcourt et dans l’État d’Abia. Organisation<br />
considérée comme terroriste<br />
par les autorités, l’IPOB est nostalgique<br />
de la sécession biafraise (qui a fait au<br />
moins 1 million de morts). « L’unité du<br />
Nigeria est en jeu, beaucoup de Yorubas<br />
AFRIQUE MAGAZINE I <strong>435</strong>-<strong>436</strong> – DÉCEMBRE 2022-JANVIER 2023 53